La culture du vide, et la vacuité de toutes choses, sont les thèmes qu'aborde joyeusement Je veux juste en finir, avec une radicalité rare, mais une pertinence certaine. L'intelligence du film réside dans la façon dont tout, que ce soit la forme, l'écriture ou la narration, tout sert le propos. L'impression de flou que dégage le film, d'oeuvre à la fois dense (l'expérience est longue et douloureuse) et creuse, la place est laissée aux dialogues, et aux pensées de l'héroïne, qui ne servent strictement à rien, l'accumulation de citations diverses, les poèmes récités, les critiques répétées, sont éparpillées, ne possèdent aucun liant, et c'est ça qui est beau : nous, qui nous croyons cultivés, et bien nous ne sommes que des éponges, vouées à vomir ses lectures, ses apprentissages, et qui n'existont que dans cette zone de clair. Le passage résumant le mieux cela est celui où Jesse Plemons invoque Tolstoï, puis que Jesse Buckley se révèle en connaître plus que lui, et que ce dernier coupe immédiatement. Il s'accroche à un savoir qu'il pense bon, complet, et le rejet instinctif qu'il émet à l'instant où apparaissent les trous, est infiniment intéressant, et pertinent à une époque où tout le monde à accès à un savoir immense, et pense connaître sus le bout des doigts un sujet dont ils ont lu la page Wikipédia. La dernière partie du film me paraît plus complexe à interpréter, à partir du moment où l'action se déroule dans le lycée, le flou s'intensifie, et que comprendre de cette chanson, de ce cochon, je ne sais.