Très franchement, je n’aurais jamais cru dire ça un jour…mais les films à grand spectacle consacrés aux sports moteur constituent vraiment un dérivatif plaisant, en forme de plaisir “à l’ancienne”, aux blockbusters gavés de superpouvoirs. Pourtant, ‘Le Mans’66’ est aussi et avant tout une production historique, qui raconte l’obsession qui s’empara du constructeur Ford de se lancer dans la compétition automobile en partant de zéro, l’objectif étant de conférer à la marque le sex-appeal qui lui faisait défaut et de relancer des ventes en berne. A ce titre, ‘Le Mans’66’, c’est de l’affrontement permanent: celui de l’Amérique contre l’Italie, des gens de terrain contre les cadres déconnectés de la réalité, des pilotes, surtout, contre le chronomètre et la mort elle-même. Pour ce qui est de la reconstitution (comme toujours) précise et soignée des années 60, c’est beau, ça brille, c’est classique à en crever mais ça fonctionne mieux que jamais dans un cinéma à grand spectacle désormais obsédé par les franchises incestueuses et les gages de bien-pensance. Les acteurs ne sont pas en reste : Matt Damon incarne sans se fouler le placide Carroll Shelby, ancien pilote devenu constructeur qui parvient à livrer à Ford la mythique GT40 mk II en moins d’un an. Quant à Ken Miles, pilote britannique survolté et ingérable, on ne pouvait décemment offrir la partition qu’à Christian Bale. Le clou du spectacle, ce sont bien évidemment les séquences de course, principalement la reproduction haletante de l’édition 1966 des 24 heures du Mans : par réflexe, dès qu’il est question de voitures, j’ai systématiquement tendance à lever les yeux au ciel l’air de dire “Allez, faut bien se taper un peu de vroum-vroum pour s’instruire”.. mais si je veux être tout à fait honnête, je dois bien admettre que j’adore ça et que ça m’excite finalement bien plus que les séquences à cinquante mille dollars la seconde d’un quelconque Marvel.