Au cœur de l'action
En mémoire de Dima, des gens ont accepté d'aider Alexander Abaturov à faire ce film, tout en le protégeant lui et son équipe des FSB (Service fédéral de sécurité de la fédération de Russie) qui n’appréciaient pas sa démarche. Le cinéaste se souvient :
"Après, il a fallu obtenir des autorisations de hauts gradés. Mon oncle et ma tante, qui sont des personnes droites et respectées, ont intercédé auprès d’eux. C’est surtout grâce à ma complicité avec les jeunes soldats que les portes se sont ouvertes. Nous avons partagé un quotidien éprouvant, dormi sous les mêmes tentes, dans la forêt, sous la pluie, marché des kilomètres avec des sacs sur le dos. Le mien était rempli de matériel. J’ai souhaité filmer ces moments-là seul, pour garder cette proximité avec eux. Pour d’autres séquences, j’ai fait appel à un chef opérateur, un ami proche avec qui j’avais fait mon premier film Les Âmes dormantes."
4 ans
La fabrication du film a pris quatre ans, en comptant une année de montage et un tournage qui s’est réparti entre 2014 et 2016. Alexander Abaturov précise : "C’est un film fait avec des amis, pour la famille. Il m’a fallu être accepté dans cette communauté de militaires qui est très fermée."
En musique
Le montage de Le Fils est rythmique. Il traduit la violence des émotions et des sentiments là où ils ne peuvent s’exprimer, grâce à de subtils raccords. Alexander Abaturov explique être très influencé par la musique, même s’il y en a peu dans son documentaire : "J’en écoute lorsque je fais du montage. Pour Le Fils, j’ai pensé à la musique de Miles Davis. J’ai alterné une longue note qui nous happe, suivie de notes syncopées, destinées à casser le rythme.Le montage est un processus étrange. Chaque enchaînement, chaque raccord forment une phrase, un chapitre et des mots. En même temps, il n’y a pas de texte imposé. Les émotions et les sentiments m’intéressent plus que les idées ou les slogans."
Alexander Abaturov
Alexander Abaturov est né en 1984 en Russie. Diplômé de l’Université de Gorki, il devient journaliste à l’issue de ses études. En 2010, il arrive en France et rejoint le Master en réalisation documentaire de création à l’école documentaire de Lussas. En 2013, il réalise son premier film documentaire,
Les Âmes dormantes, qui est sélectionné dans de nombreux festivals et primé au Festival Cinéma du Réel (Prix de l’Institut français).
Le Fils est son premier long-métrage documentaire