Il est clair que cette nouvelle adaptation de comics ne fera pas l’unanimité tant elle choisit la totale gaudriole plutôt que le sérieux. C’est d’ailleurs certainement le film de super-héros au sens large du terme le plus léger et coloré vu sur grand écran. On est face à un film DC Comics en complète opposition au sérieux et psychologique « Joker » qui, lui, narrait l’histoire du petit ami d’Harley Queen, ici au centre du film. On ne peut pas faire plus contradictoire, comme si « Bonnie and Clyde » vivaient dans deux univers différents. Mais ça colle finalement parfaitement à la folie du personnage telle qu’on la connait, des comics au dessin animé en passant par « Suicide Squad » où on l’a découverte, elle qui était le seul point positif de ce blockbuster de sinistre mémoire. D’ailleurs, la crainte d’une purge similaire était latente et, grand soupir de soulagement, on n’en est loin. Il n’empêche, les collègues d’Harley Queen de ce « Birds of Prey », aussi sympathique soient-elles, n’ont pas l’aura de Poison Ivy, Batgirl et Catwoman qui devaient, à la base, être le film de super-vilaines porté à l’écran sous le titre « Gotham City Sirens ». Margot Robbie, certainement soucieuse de ne pas se faire voler la vedette, en a décidé autrement. Cependant, si le succès est au rendez-vous, on se languit de voir cet autre spin-off se faire un jour. Ici, on reprochera peut-être la vacuité d’un scénario accessoire et banal et une voix off trop présente mais c’est l’univers et les personnages qui sont au centre et ce n’est absolument pas gênant dans l’absolu, tant ce « Birds of Prey » est jouissif et jubilatoire. Les incessants allers et retours dans le temps sont là pour masquer cette histoire plutôt linéaire à la base mais donnent un certain cachet à ce pendant dégénéré de « Charlie’s Angels ». Ils sont inutiles mais ne nuisent pas à sa réussite. Seule vraie faute de goût (mais elle dure trente secondes), le cri de Black Canary dans le combat final, quelque peu ridicule.
Sinon et si on se laisse prendre au jeu et à la douce folie du film, on passe près de deux heures de fun grâce à un film acidulé, bad ass comme il faut et sans aucune baisse de rythme. C’est assez drôle, les scènes d’action sont impressionnantes sans vouloir en faire trop et, surtout, impeccablement filmées. Les chorégraphies des combats sont originales et bien amenées et on assiste à un ballet de cascades que ne renierait pas, toutes proportions gardées, un « John Wick ». Quant à Margot Robbie, qui prend toute la place nécessaire sans trop occulter ses partenaires, elle se régale et nous avec dans son personnage phare. Elle a d’excellentes répliques, souvent très drôles, et elle fait honneur à la folie d’Harley Queen sans en faire trop. De plus, l’univers de Gotham City (encore une fois en totale opposition avec celui crée pour « Joker ») est tout à fait probant, comme dans un cartoon, coloré et légèrement absurde. Visuellement c’est très clip mais très probant, l’image étant soignée tout comme les décors et accessoires donnant un style certain à « Birds of Prey ». Un film à déguster comme un bonbon acidulé, esprit girly et mal élevé en plus, et qui pique juste comme il faut, en ne négligeant pas la violence mais sans l’aseptiser non plus. C’est délicieux et totalement assumé. De plus, la bande originale est excellente et sied à merveille à des scènes mémorables en pagaille. Ewan McGregor se régale en méchant et le décorum de la bataille finale est tout à fait de rigueur. En bref, une excellente surprise si l’on veut laisser son cerveau au placard et profiter d’un spectacle maîtrisé en tous points du ton à l’esthétique en passant par la balance humour/action. Un peu comme pouvait l’être « Shazam » dans le genre super-héroïque : léger, fun et décomplexé mais ici en mode plus vilain et féminin.
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