"The Courier" ("Le Courrier" - dans le sens ancien d'intermédiaire assurant le transport de plis et paquets - le mot est un mot français entré, à un "r" près, directement dans la langue anglaise) met en perspective, plus romanesque que vraiment historique, la fameuse "Crise des Missiles" (soviétiques, à Cuba) qui eut lieu sous la présidence de JFK.
Greville Wynne, sujet britannique lambda et sorte de VRP (même monté en graine, et donc plutôt "homme d'affaires"), va se retrouver au coeur de l'affaire, en tant que contact et messager entre le MI6 (et la CIA, dans la coulisse) et un apparatchik russe, ancien héros de guerre appartenant au Renseignement militaire, le colonel Oleg ("Alex") Penkovsky (le Géorgien, né citoyen soviétique, Merab Ninidze), patriote, mais effrayé par la personnalité d'un Khrouchtchev va-t-en-guerre, et qui devient agent des services secrets anglo-américains - "Un Espion ordinaire". Ou plutôt un homme ordinaire, que les circonstances vont faire assurer des choses extraordinaires, au péril de sa propre vie.
L'homme de théâtre Dominic Cooke réalise ici son 2e film seulement, sur un scénario tiré de faits réels (on voit le vrai GW lors du générique de fin - document d'archives). La mise en scène est efficace, mais très (trop ?) classique, voire académique (ce qui, cependant, s'accorde bien avec la minutieuse reconstitution d'époque), et le rythme général, qui suit les voyages des deux hommes entre Londres et Moscou, plutôt languissant. Impression corrigée par les dernières minutes
(quand l'Anglais, après l'exfiltration ratée du Russe, est embastillé dans la redoutable Loubianka, 2 ans durant - avant un échange de prisonniers avec les Britanniques)
. De même, c'est alors que Benedict Cumberbatch, qui assure le rôle-titre, donne toute la mesure de son talent ! Cette histoire, qui est aussi celle d'une belle amitié, pourtant improbable, entre l'espion improvisé et l'espion de métier, est au global de bon niveau.