Musical #Metoo
Blitz Bazawule est ghanéen. C’est seulement son 2ème film et pour ce faire, il s’est retrouvé à la tête d’un budget de 15 millions de dollars pour réaliser ce remake de l’inoubliable Spielberg de 1985 et surtout, ici, plus précisément, l’adaptation de la comédie musicale créée en 2005 à Broadway. Ces 141 minutes prouvent, s’il en est encore besoin, que, s’il y a une chose que les américains font mieux que tout le monde, c’est le film musical, tout récemment, Wonka ou le West Side Story de Spielberg en témoignent. Séparée de sa sœur Nettie et de ses enfants, Celie mène une vie difficile, subissant même les coups d’un mari violent, simplement désigné « Monsieur ». C’est grâce au soutien de la chanteuse Shug Avery, à la sensualité débordante, et à sa belle-fille Sofia, d’une volonté inébranlable, que Celie puise une force extraordinaire. Une solidarité féminine hors du commun dont les liens qu’elle tisse avec ses « sœurs » sont désormais indestructibles. Un drame lumineux dont on sort plein d’espoir et le cœur léger. Un moment qui donne des ailes.
Un point sur la genèse de cette Couleur pourpre. Acte 1 : le best-seller éponyme signé Alice Walker, Prix Pulitzer en 1982. Acte 2 : trois ans plus tard, Steven Spielberg l'adapte au cinéma et récolte onze nominations aux Oscars. Acte 3 : en 2005, l'ouvrage donne lieu à un spectacle musical à Broadway, récompensé par des Tony et des Grammy Awards. Acte 4 : ce film musical de Blitz Bazawule, transposition du spectacle pour le grand écran, produite par Spielberg, Oprah Winfrey et Quincy Jones – tous impliqués dans la version de 1985 – auxquels s’est joint Scott Sanders, auteur du spectacle. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le sujet n’a pas pris une ride, surtout à l’époque où les femmes peuvent enfin prendre la parole, s’exprimer ouvertement et… être écoutées. Le tournage a eu lieu en Géorgie, dans un village de quelque 3000 habitants, avec sa prison, sa supérette, sa voie ferrée, son bar, etc. Elle possède encore sa rue principale d’origine, avec tous les vieux bâtiments, ce qui donne un écrin d’authenticité à l’ensemble du film. En plus, la grosse majorité des scènes musicales sont enregistrées en direct. Bluffant ! Ce film a quelque chose de galvanisant, d’euphorisant malgré le pathos et le mélo de l’histoire d’origine. La mise en scène est somptueuse, les numéros musicaux de très haute volée comme le casting. Franchement un très bon moment qui fait du bien.
La plus grande partie débute au cinéma mais étaient sur les planches de Broadway pour la comédie musicale. Alors, quand je vous cite Fantasia Barrino, Taraji P. Henson, Danielle Brooks, Colman Domingo, Corey Hawkins, ça ne vous dit sans doute pas grand-chose, mais ça n’enlève rien à leurs performances. De plus, une histoire qui mêle culture noire-américaine, féminisme et féminité reste plus que jamais pertinente en 2024. Citons aussi la musique qui entrecroise le blues, le gospel ou la pop, c’est un pur régal que l’on doit à une équipe de 9 musiciens associés. Merci à eux aussi. Laissez-vous faire, vous me remercierez après.