Des Feux dans la nuit : les secrets du tournage

Des feux dans la nuit est librement inspiré d’une nouvelle japonaise d’Akira Yoshimura, Naufrages, que Dominique Lienhard a transposée dans une petite île d’Europe au 16ème siècle. Le metteur en scène se rappelle :

"Quand j’ai lu la nouvelle de Yoshimura, j’ai été ému par l’histoire de ce garçon courageux, par sa lutte pour regagner l’amour de sa mère et l’admiration de son père. J’ai été bouleversé à la fin du roman, quand il lève les yeux et voit son père revenir."

"En refermant le livre, j’étais persuadé qu’il y avait là matière à faire un film émouvant. Au fil de l’écriture du scénario, je me suis aperçu que le manque de maturité et la docilité du jeune garçon dans la nouvelle de Yoshimura ne me convenaient pas."

"J’avais envie qu’il s’oppose à sa mère, qu’il se révolte contre les lois du village. Or ce genre de révolte me semblait davantage correspondre à la mentalité occidentale, d’où cette transposition dans le monde européen."

Dominique Lienhard voulait réaliser un conte se déroulant dans le passé et non pas un drame historique référencé. Le 16ème siècle lui semblait contenir en germe l'imaginaire qu'il souhaitait mettre en avant.

Le tournage s’est déroulé en Corse. Dominique Lienhard voulait un petit village coincé entre deux infinis, l’infini horizontal de la mer et celui vertical de la montagne, un peu comme l’image de la condition humaine de ces villageois. Il note :

"J’ai fait seul un repérage bien avant que le financement du film ne soit achevé, et j’ai trouvé sur la côte ouest de la Corse le décor dont je rêvais. Sur certains plans, on peut voir le héros pêcher sur sa barque en mer, et à l’arrière-plan, se détache la neige du Monte Cinto."

"J’ai été saisi par la nature corse, qui regroupait tous les éléments dont j’avais besoin : la mer et la plage bien sûr, mais aussi les cascades et la forêt, merveilleuse et presque surnaturelle."

Dominique Lienhard et le chef décorateur Hervé Redoules ont tout de suite été conquis par la plage de Ficaghjola, près de Piana, avec ses petites maisons de pêcheurs. Le réalisateur confie :

"Nous avons décidé d’utiliser les maisons de pierre existantes pour les transformer en cabanes de bois. C’était une entreprise titanesque vu nos moyens et la difficulté d’accès à la plage."

"Le bois domine aussi l’intérieur ; et je voulais qu’il y ait un feu qui puisse donner une couleur chaude, en contraste avec les couleurs froides de l’extérieur."

"Hervé m’a proposé d’utiliser un âtre ouvert traditionnel, le fucone, qui permet de faire ressortir à la fois la pauvreté des villageois et la chaleur du foyer."

Pour le rôle principal d’Alan, Dominique Lienhard a fait un casting et Igor Van Dessel s’est immédiatement imposé : "Pendant les essais, il a joué une scène, où il parle du retour de son père, avec les deux acteurs qui sont ses frère et sœur dans le film (Manon Chammah et Virgil Amadei). Virgil a été ému aux larmes, et j’ai alors su que j’avais trouvé mon Alan."

En rencontrant Alexia Crisp-Jones, la cheffe costumière, Dominique Lienhard lui a fait part de son envie de créer un univers proche du conte. Le cinéaste précise :

"Elle m’a proposé de jouer sur des couleurs symboliques, avec ces habits amples et bleus, en contraste avec les éléments rouges, dramatiquement importants, comme le chiffon qui sert à attraper les poulpes ou les robes portées par les passagers des bateaux. Alexia a entièrement conçu ces habits bleus, jusque dans la teinte naturelle d’indigo, qu’elle a créée elle-même."