Avis sur L'Homme au masque de fer

Whale fait du récit de Dumas et de son interprétation historique un film palpitant et riche en rebondissements.
Le rythme est excellent et alterne des scènes d’action et d’autres bouleversantes ou riches en émotion. La simple rencontre avec la mère de Philippe est émouvante et que dire de l’interprétation d’un roi cynique et cruel pour son peuple.
Excellent film.

Que le scénario ne respecte ni le roman de Dumas ni la vérité historique est le moindre de mes soucis, le cinéma peut tout se permettre. On a quand même le droit de trouver l'histoire assez primaire, c'est le premier défaut, le second est la prestation de Louis Hayward qui hérite d'un double rôle difficile et s'il passe en Louis XIV, son autre rôle est beaucoup moins convaincant. Sinon ça se laisse regarder sans déplaisir, c'est très bien rythmé, bien photographié, bien mis en scène et le film bénéficie de la présence magique de la très belle Joan Bennett

Carrière météorique que celle de James Whale. Arrivé de son Worcestershire natal en Angleterre pour diriger une pièce de théâtre à Broadway le réalisateur âgé de quarante ans est aspiré par Hollywood où il perce très rapidement à la Universal avec "Frankenstein" (1931) film séminal avec le "Dracula" (1931) de Tod Browning du genre horrifique qui fit la prospérité du studio au cours de la décennie qui s'ouvrait. Après avoir livré trois films de la même veine dont le somptueux "La fiancée de Frankenstein" (1935), Whale tombe progressivement dans l'oubli après l'échec de "The road back" (1937) inspiré d'un roman d'Erich Maria Remarque ("A l'Ouest rien de nouveau"). Avec "L'homme au masque de fer" produit par Edward Small, la tentative est claire de s'arrimer au succès des films de la Warner où un Errol Flynn virevoltant fait alors fureur sous la baguette du grand Michael Curtiz. Le scénario est très librement inspiré du "Vicomte de Bragelonne" d'Alexandre Dumas qui s'était lui-même nourri de la théorie de Voltaire selon laquelle le roi Louis XIV aurait eu un jumeau écarté dès sa naissance par Mazarin pour éviter les embarras de succession. Jean Tulard qui laisse sans doute parler son tempérament d'historien est assez sévère avec le film dans son "Guide des films", reprochant à Whale d'avoir trahi tout à la fois l'histoire et Dumas. Nous ne serons pas si sévères, le film étant parfaitement construit autour de ce complot supposé dont le roi Louis XIV se serait servi opportunément pour manipuler son jumeau afin de masquer ses turpitudes. Louis Hayward encore assez méconnu qui remplace Douglas Fairbanks Jr. se sort honorablement de ce double rôle semblant tout de même plus à l'aise dans la peau de Louis XIV que dans celle de Philippe. On l'aura compris Errol Flynn et Tyrone Power pouvaient dormir sur leurs deux oreilles et l'apport d'Alan Hale en Portos et de Warren William en d'Artagnan sera précieux pour donner un peu de panache à ce capes et d'épées de bonne tenue qui privilégie les joutes oratoires aux cascades distribuées de manière parcimonieuse mais parfaitement crédibles notamment les courses poursuites qui s'apparentent parfois à celles des westerns. A noter enfin la présence toujours radieuse de Joan Bennett future égérie de Fritz Lang et la parfaite restauration de l'image proposée pour la sortie de ce DVD qui contribue à la conservation du patrimoine hollywoodien.

Un vieux masque de fer de 1939, portés par les princes jumeaux dauphins prétendants héritiers au trône français, fils de Louis XIII surpris, Anne d'Autriche, une bataille dans les coulisses royaux pour la succession, le royaume en ébullition à la venue de la progéniture renouvellement l’absolutisme, le despote Louis XIV.
Ce roi est la France, c’est moi moi moi.....! Rien à dire sur l’histoire semi-romancée, le scénario d’après la réalisation chef-d’œuvre de Frankenstein, ce film reste une libre adaptation de la romance sur l’homme masqué par Alexandre Dumas, ses mousquetaires et d’Artagnan ayant déjà servis, bons et loyaux services.

Au côté du cardinal de Richelieu, sa bibliothèque et rue Colbert, le Fouquet fait payé une note très bien salée les taxes consistantes, Philippe le bon règle l’addition, Louis le mauvais consomme et trinque à la santé du peuple qui trime, c’est une réalisation en noir et blanc familière, de la télé souvenir.
La fin morale se conclue en plusieurs course-poursuite usurpation précipitée dans le ravin, une alliance scellée Franco-Espagnole Maria Theresa trop heureuse, à l’eau de rose s’éloigne de l’histoire purement fortuite, selon toute vraisemblance de l’acteur double, comme au théâtre Shakespearien, god save the king of France.....