La Pianiste, 2001, de Michael Haneke, avec Isabelle Huppert, Benoît Magimel et Annie Girardot, au jeu (les seconds rôles également) absolument remarquable, sans lequel le film friserait l’insupportable. La BO offre de beaux extraits de Chopin, Haydn, Beethoven, Rachmaninov, Bach et Schubert nous permettant de respirer ! Haneke livre, respectant ainsi l’œuvre adaptée de sa compatriote Elfriede Jelinek, une vision extrême et décadente des servitudes de ce milieu confit en dévotion envers la « grande musique ». Une chaîne d’esclaves se crée dans ce conservatoire de Vienne, dont les grands compositeurs sont les maîtres, les élèves, des esclaves, Erika, professeur, le relais, par le biais de sa sexualité pervertie, des relations sado-masochistes de cet univers qui exclut l’épanouissement personnel et le plaisir de la musique. C’est donc cette prof hallucinante qui est explorée par la caméra du cinéaste, passée au scanner. Rien ne nous est épargné, de ses fantasmes maso, de ses virées dans un peep-show, des mutilations sexuelles qu’elle s’impose à la lame de rasoir, de ce qu’elle fait subir sadiquement à une jeune élève, de ses élans incestueux, ni de ce qu’elle exige de son jeune amant. Lequel, c’est d’ailleurs peu crédible au plan psychologique, tout frais et tendre, sincèrement amoureux, talentueux…ne s’attendait pas à tout cela…et nous non plus ! Le côté spectaculaire des perversions de la dame, la mise en scène remarquable, le scénario rigoureux, confère finalement à l’ensemble une certaine froideur, protectrice pour le spectateur, comme si la maîtrise cinématographique bridait l’émotion. Car cette fouille au fin fond du fond des êtres n’est pas une partie de rigolade, même si le film dit beaucoup plus de choses qu’il n’en montre réellement. Huppert avait été récompensée au Festival de Cannes, et, cette année le Festival a aussi récompensé l’interprétation de Charlotte Gainsbourg qui s’automutile le sexe… Mais n’en tirons aucune conclusion !