Une mère : les secrets du tournage

Scénariste chevronnée, Sylvie Audcoeur réalise, avec Une mère, son premier long métrage après deux courts (Séparation et Paris - Pantin). Le point de départ du film est né d'une question qui habite depuis longtemps la cinéaste : comment fait-on pour pardonner ? Elle explique :

"A partir de là, je me suis dit : quelle est la pire chose qui puisse nous arriver ? Et donc la plus difficile à pardonner ? Que quelqu’un tue notre enfant. Ce thème du pardon rejoignait aussi un autre thème très important pour moi : celui du rôle de mère, qui était déjà le sujet de mon court métrage."

"C’est quoi être mère ? Comment accompagne-t-on son enfant en tant que mère et jusqu’où ? Une mère est donc une histoire très personnelle. Pas dans le sens factuel d’une histoire autobiographique, mais dans le sens des émotions qui traversent le film."

Sylvie Audcoeur était tombée sur une petite vidéo sur YouTube qui l'a marquée, dans laquelle une femme américaine d’une cinquantaine d’années, assise à côté d’un jeune homme, raconte que son fils a été tué. Puis, on comprend que le jeune homme à côté d’elle est l’assassin de son fils... Elle se rappelle :

"Je suis restée saisie. Même si cette femme était très croyante, qu’elle était allée voir ce jeune homme en prison, que leur relation s’était construite peu à peu au parloir, j’avais le cœur qui battait : comment était-il possible d’être assise là à côté du meurtrier de son fils et de lui parler aussi sereinement ? Comment faisait cette femme, alors que moi j’ai tellement de mal à pardonner ? Ce sont ces questions qui m’ont fait réfléchir et j’ai tenté de trouver une réponse, ma réponse."

Sylvie Audcoeur a écrit Une mère en pensant à Karin Viard dans le rôle-titre : "Pour jouer cette femme qui a viscéralement envie de tuer, il fallait une actrice à l’instinct extrêmement animal. Et à laquelle on puisse s’identifier. Karin a amené énormément d’émotions avec ce qu’elle est, avec son corps, avec son regard..."

Bien qu'Une mère traite d'un sujet sombre, Sylvie Audcoeur et le directeur de la photographie Guillaume Deffontaines recherchaient une certaine douceur dans la lumière. La cinéaste confie : "Je cherchais de la beauté. D’autant plus que Karin est très belle et que j’avais envie de filmer cette beauté. Filmer l’intensité de son regard, son visage, la beauté vraie qu’elle dégage, sans artifice et sans maquillage."

"J’avais vu le travail de Guillaume. Je savais qu’au-delà la dureté de ce que les personnages vivent, il saurait les accompagner en douceur et en beauté. Je lui ai montré Le Bannissement de Andreï Zviaguintsev. Le sujet n’a rien à voir mais je lui disais : « Tu vois la beauté de cette image ? » Je suis absolument fan de ce cinéaste dans la manière dont il met en scène, les émotions qu’il nous fait traverser."