Film très bien. Pour ceux que le malheur des autres n’indiffère pas, évidemment. Sinon, il sera juste moyen, voire nul —si l’on n’éprouve pas d’empathie envers les malchanceux (ceux qui n’ont pas eu de chance avec leur famille), ni envers ceux qui s’obstinent à les aider. Le film ne recherche pas l’esthétique, ni le scandale, ni même une histoire qui tienne en haleine. On suit des adultes qui se cherchent, et d’autres qui se sont trouvés, immergés dans une structure difficile de la société, d’ados qui eux ne se sont pas trouvés, ni même parfois cherchés. C’est justement un film difficile à réaliser. Il faut même avoir un sacré culot, ou une sacrée assurance, pour vouloir le faire (et sans digression). Quels acteurs et quels dialogues ! Il faut forcément que le scénariste se soit frotté au milieu. Et pas qu’un peu. Milieu d’où un message émerge finalement : la difficulté n’est presque jamais un problème de ressources chez l’ado, c’est presque toujours un problème de ressources qui font défaut chez l’adulte, éducateurs inclus —"les ados sont pleins de ressources" dit une éducatrice (on ne peut pas en dire autant des adultes, dont le cerveau est déjà formé et déjà bien rempli). L’ado pète un câble, l’adulte ne devrait pas. Un éducateur disait au début du film : "elle n’est pas méchante, elle a juste un problème avec les limites". C’est un film sur les limites, chaque adulte en ayant, sans qu’il ne se souvienne vraiment d’où elles viennent, entre l’instruction, l’éducation, la culture, la religion, la rue… A.G.