Au niveau de l’histoire, elle est simple mais efficace. La famille Presley, qui contient quatre membres (Franck le père, Mélanie la mère, et les deux fils Kévin et Fulton), a emménagé dans une nouvelle maison, et une nouvelle ville. Ils vont découvrir un fantôme, muet, qui hante leur demeure. Tandis que Franck et Fulton veulent exploiter la présence de cet esprit pour faire le buzz sur les réseaux sociaux, et tenter de se faire un maximum d’argent, Kévin, lui, va avec Ernest, et une voisine prénommée Joy, enquêter sur le passé du fantôme. La CIA va se mêler de cette histoire.
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Au niveau des personnages principaux, l’écriture est d’une faiblesse affolante.
- Kévin Presley est le plus jeune de sa famille, adolescent rebelle, en décalage avec ses parents et son grand-frère, et va saisir l’opportunité de la découverte du fantôme pour aller à l’encontre de sa famille, notamment en refusant de participer à l’exploitation du fantôme pour en tirer de l’argent, et se faire un ami.
- Ernest, le fantôme, est un place de choix offerte à David Harbour pour donner de la visibilité au film, au milieu du grand catalogue que propose Netflix. Le choix d’un autre acteur n’aurait rien changé : dans un rôle muet, il n’est pas particulièrement extraordinaire.
- Franck Presley est un père de famille classique, figure du patriarcat, qui va lancer sa famille dans le business de mettre en ligne des vidéos du fantôme, développer des produits dérivés, et gérer la communication et la publicité.
- Fulton Presley, le grand-frère de Kévin, va suivre son père dans son idée de business, et en profiter pour tirer son épingle du jeu (notamment avec un partenariat pour des protéines).
- Mélanie Presley a un impact faible sur le scénario, elle donne juste son aval pour laisser Franck et Fulton se lancer dans leur projet.
- Joy Yoshino, voisine et nouvelle amie de Kévin, va l’aider à enquêter sur le passé du fantôme.
Un personnage qu’on découvre sous un aspect intéressant (efface son numéro dans les toilettes des garçons, dénonce le harcèlement qu’elle subit et se pose en victime qui n’a pas à changer sa vie au gré de ses harceleurs), mais qui va être frustrant à la suite (en entraînant Kévin dans les toilettes, un moment, ils tombent sur un garçon en train d’uriner, et elle fait valoir une norme binaire ridicule)
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Ce film, sorti le 24 février 2023 sur la plateforme Netflix, est médiocre. Raté pour l’humour voulu, pour la cohérence, pour le scénario, et notamment un message, diffusé par le personnage de Joy,
sur la norme binaire qui est ridicule de nos jours
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L’humour est présent, mais cliché et ridicule, dans beaucoup trop de cas.
L’accueil, dans la maison, de la présentatrice de télévision, avec notamment le visage d’Ernest qui doit se décomposer pour tenter de faire peur, est inutile (le bras qui sort de la bouche est amplement suffisant). La scène « romantique » entre Kévin et Joy, avec Ernest qui tente de motiver l’adolescent, est clairement inutile dans ce film. Ou encore les trois jeunes filles alcoolisées, qui ont commandé un taxi, ne fait rire que les gens qui l’ont écrit
. On n’a pas une comédie, mais un film avec un scénario faible, avec quelques pointes d’humour par moments.
Pour le scénario et sa cohérence, c’est une prise de risque zéro, et une réflexion minimale : on sent, à un moment donné, que l’histoire a été bouclée pour être finie dans les temps, sans tenir compte d’une totale logique dans l’histoire. L’adolescent en décalage avec sa famille, une enquête sur un nouvel ami qui est très particulier, une adolescente solitaire qui vient se joindre à l’enquête, et la police qui va tenter de mettre la main sur cet être particulier : c’est bizarre, mais la ligne directrice ressemble étrangement à du réchauffé. L’enquête sur le passé d’Ernest ne commence pas trop mal,
avec l’indice trouvé au restaurant et la quête vers la personne qui le connaissait, mais la mise à jour du méchant est trop brute, tellement illogique : il donne lui-même des informations sur le fantôme (alors qu’il n’est pas obligé, il pourrait cacher des éléments pour garder un certain anonymat), et derrière il panique tout seul en allant attaquer Kévin chez lui (alors qu’il aurait pu s’en prendre à lui, tranquillement, dans son propre domicile). On découvre le passé du fantôme par ses souvenir, par un flashback, mais rien vis-à-vis de preuves tangibles, et c’est un manque cruel pour la logique du scénario, et notamment de l’implication des personnages. L’implication du Dr Leslie Monroe, qui va capturer le fantôme puis le libérer, parce qu’il est destiné à diverses expériences, le méchant qui se reprend et devient gentil, est vraiment d’une nullité catastrophique. Même la fin est ratée : on présente au fantôme sa fille, dans des retrouvailles émouvantes, mais il ne disparait pas au moment de la retrouver, mais en compagnie de Kévin après
. La logique émotionnelle n’est pas respectée, c’est dommage.
Concernant les éléments embêtants du film, on note notamment deux choses :
d’une part, un moment donné, la réplique de Joy « … à cause de tes normes genrées débiles ? Casse-toi cloporte ! » est un dialogue agressif du film, qui n’a clairement pas sa place dans une œuvre adressée notamment à des enfants, et d’autre part lors de la course poursuite avec la police, Ernest arrive à se dématérialiser sans ses vêtements, à se cacher dans son costume : un élément pour appuyer le côté comique de la scène, mais tellement illogique dans la structure du film et principalement dans le fonctionnement du fantôme
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Le seul point positif qui ressort de ce film est la lampe de chevet de Kévin : j’aimerais avoir la même, j’en suis jaloux !
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Je mets une note de 1.5/5 à ce film : la cohérence, qui devrait être le premier objectif d’un film, est clairement incomplète, et pas assez travaillée. L’humour qui y est distillé est grossier, sans recherche particulière : on nous propose un type de scénario banal, avec des codes usés. Ce film s’oubliera facilement, malheureusement.