Maria retrace la vie assez triste de la jeune actrice Maria Schneider (aucun lien avec Romy),
qui a perdu le contrôle de sa vie sociale et mentale après le tournage du film Dernier tango à Paris, dans lequel elle se fait abuser (sans avoir donné son accord ou avoir été prévenue) par un Marlon Brando sauvage. Pas sûr qu'après avoir assisté à la scène dans ce film, vous ayez encore envie de découvrir le Dernier tango à Paris, car ici on souligne bien les conséquences tragiques de cet acte ignoble, sur une jeune fille de 19 ans, aux yeux de millions de spectateurs à travers le monde, condamnée sur le tribunal de l'opinion public mais aussi par une vraie peine de prison avec sursis en Italie (alors qu'elle est la victime, dans l'histoire...), ce qui l'a poussée dans une vie misérable de drogues et de petits films bon marché.
On se rend bien compte que ce n'est pas juste "une scène de nu qui a dérapé", mais qui a
condamné dès le départ la carrière et la vie sociale d'une jeune actrice
. Dans ce rôle, Anamaria Vartolomei est impeccable, Matt Dillon est un sosie pas trop mal trouvé de Brando (même si l'on ne comprend pas trop que le film adoucisse à ce point le caractère du Monsieur : on hésite à croire à cette version Bisounours), et les seconds rôles sont déjà nettement moins pétillants. On pense surtout à l'oncle de Maria, dont le phrasé sent le récital à plein nez (personne ne parle comme ça dans la vraie vie, on se croit au théâtre), et à
l'intervention des parents de Maria qui se fait au compte-gouttes à différents moments de sa vie (mais pas quand cela va très mal... Où sont-ils passés ?)
. Et l'on attaque au coeur de ce qui nous a déstabilisé dans ce biopic : on ne nous explique pas grand chose, le film trie son public de façon très rustre dès le début. On ne mentionne jamais le film problématique jusqu'à une seule réplique (entre la poire et le fromage) au milieu du film (donc longtemps après tout ce qu'on en a vu, en essayant de lire le nom sur les "claps" de tournage... Sans succès), qui parle juste d'un "dernier tango". Idem, on a dû faire des recherches après la séance pour savoir si Maria avait un quelconque lien de parenté avec Romy Schneider (ce qui aurait pu motiver ses rêves de cinéma), ou encore savoir ce qui lui est arrivé après les dernières scènes du film (pas de postface écrite...). Pour résumer, si vous êtes un simple curieux, qui pousse les portes du cinéma pour découvrir totalement la vie de cette dame : vous n'êtes pas la cible. Idem, la mise en scène nonchalante (lente, terne, monotone) est un style qui plaira à certains, mais nous a passablement ennuyé. On retient quand même le coup d'estoc salutaire que porte Maria aux films qui s'en sont pris à la nudité féminine scopophile, et nous laisse avec cette dernière phrase en réponse
au #MeToo : "Je vous écoute."