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    Laura
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    4,1
    1188 notes En savoir plus sur les notes spectateurs d'AlloCiné
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    126 critiques spectateurs

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    Benjamin A
    Benjamin A

    648 abonnés 1 922 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 3 mars 2014
    "Les hommes sont fous d'elle. Les femmes l'admirent", "Laura" est un fascinant chef d'œuvre, à la fois film noir, mélodrame et thriller, il dresse magistralement le portrait de plusieurs personnages, celui du détective Mark McPherson (excellent Dana Andrews) qui enquête sur le meurtre de la belle et jeune Laura Hunt (Gene Tierney), des deux anciens prétendants de Laura, le fascinant Waldo Lydecker (Clifton Webb) vieil écrivant et homme de radio vicieux qui va prendre Laura sous son aile, la protégé et la rendre célèbre ou le fourbe Shelby (Vincent Price). Le scénario est génial, fascinant et très bien construit, nous offrant plusieurs rebondissements inattendus, la narration faite notamment de flash-back est fluide et originale. L'atmosphère intrigante, fascinante et sombre est superbe, rarement un film noir aura atteint cette apogée. C'est un véritable chef d'œuvre que nous livre Otto Preminger, envoutant et fascinant.
    AMCHI
    AMCHI

    5 042 abonnés 5 934 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 23 juillet 2010
    Une bonne intrigue et de bons acteurs (dont la très belle Gene Tierney) qui incarnent tous des personnages intéressants mais la mise en scène m'a apparu plutôt sage. Pour un polar noir tout cela manque de nervosité et de suspense de plus les scènes de flash-back bien que nécessaire à la compréhension du récit sont malheureusement peu passionnantes. Laura reste néanmoins un classique à découvrir.
    tomPSGcinema
    tomPSGcinema

    667 abonnés 3 323 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 4 mars 2017
    Produit durant les années 40, Laura est pour moi un des meilleurs films noir de l'histoire du 7ème art.
    Le scénario est intriguant et particulièrement intelligent, et laisse le spectateur dans un total état d'incertitude jusqu'à la mythique fin du film.
    De plus, nous avons le droit à un casting prestigieux, où l'on retrouve notamment la magnifique et sensuelle Gene Tierney ( absolument parfaite dans le rôle de Laura et qui deviendra célèbre grâce à son personnage ), le toujours très classe Dana Andrews ( impeccable dans le rôle du détective Mc Pherson ), le charismatique Clifton Webb ( qui possède ici un de ses plus grands rôle à travers le vicieux personnage qu'est Waldo Lydecker ) ou encore le grand Vincent Price ( étonnant dans celui du fourbe fiancé de Laura, Shelby ).
    A noter que cette oeuvre possède en plus une partition très efficace de David Raksin et une photographie magnifique en noir et blanc de Joseph LaShelle qui lui vaudra un oscar, ce qui n'est que justice car cette fameuse photo apporte énormément d'élégance à la mise en scène pour le moins parfaite d'Otto Preminger.
    Il s'agit d'un long métrage captivant, qui embellit à chaque vision et qui mérite amplement de figurer parmi les classiques qui ont été réaliser durant cette période.
    Redzing
    Redzing

    922 abonnés 4 296 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 11 décembre 2021
    Très étonnant film que "Laura", qui mélange deux influences. D'une part, les films noirs, qui décollaient depuis quelques années, dont il reprend quelques caractéristiques : les jeux d'ombre, les persiennes, un inspecteur tristounet, une femme fatale objet de toutes les convoitises... D'autre part, les classiques du whodunit à la Agatha Christie, avec son meurtre et sa galerie de suspects. On a même le droit à la séquence très "Hercule Poirot", où le policier réunit les protagonistes dans une pièce pour leur révéler qui est d'après lui le tueur ! Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'en mélangeant ces ingrédients, "Laura" surprend régulièrement. Le scénario est adroit et intelligent, parvenant à ménager un grand suspense tout en creusant un nombre limité de personnages. Ici, pas de fouillis ou de relations complexes entre un paquet d'intervenants, façon "The Big Sleep". Des personnages charismatiques et aux émotions chargées permettent de tenir sans mal cette histoire. Avec en tête Clifton Webb, assez génial en journaliste à succès hautain, acerbe, et aux mots excellents. Mais aussi Vincent Price, à l'aise en charmeur dont on doute de la douceur, comme il sait si bien les faire. Et bien sûr Gene Tierney en femme à la fois forte et naïve. Sans compter quelques très bonnes idées. Un meurtre survenant avant le début du film, dont la victime sera dévoilée par flashbacks, ce qui n'empêchera pas le policier de s'enticher d'elle ! Et des rebondissements ingénieux (et inattendus pour l'époque). Le tout filmé avec virtuosité par Otto Preminger, qui joue sans mal avec les ombres et la lumière, ou des mouvements de caméra qui ajoutent de l'intensité aux scènes. A noter que celui-ci devait initialement être simplement producteur, mais des problème de tournage le firent passer également derrière la caméra. Bien lui en a pris...
    bobmorane63
    bobmorane63

    154 abonnés 1 898 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 20 juillet 2017
    Un polar par excellence réalisé par le cinéaste Européen Otto Preminger !! J'avais hate de découvrir ce long métrage qui est considéré comme le meilleur du réalisateur et je n'ai pas été déçu, bien au contraire. Tout commence par une enquète mené par un inspecteur de police dans un appartement sur un corps du nom de "Laura", énigmatique titre du film . Chaque personnage est interrogé, le patron et partenaire amoureux, un grand gaillard qui pourrait ètre son amant, une amie proche, chaque objet est détaillé, chaque filatures suspectes , le magnifique tableau de l'héroine jusqu'à, coup de théatre, le retour d'une longue absence de Laura dans l'appartement et tout est bouleversé dans l'enquète, j'en dis pas plus. Ce long métrage est un chef d'oeuvre qui possède un brillant scénario riche dans les rebondissements et les dialogues bien ficelés, une mise en scène de couleur noir et blanc avec une belle photographie propre au genre. Le casting est exceptionnel avec Dana Andrews remarquable dans la peau de l'inspecteur, Vincent Price grandiose et puis l'actrice qui joue le role titre Gene Tierney éblouissante et énigmatique. Si vous ratez ce film, vous n'aurez aucune excuses.
    Philippe C
    Philippe C

    78 abonnés 1 005 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 19 mars 2024
    Ce film en N&B est vu comme un chef d'œuvre, le premier d'Otto Preminger. Il est vrai que le mode narratif, souvent indirect et basé sur des flash-backs était original pour l'époque, il est vrai que le Twist inattendu en milieu de film relance l'intérêt et que le personnage central bien typé du flic ne manque pas d'intérêt, mais tout cela fait date et le rythme est souvent lent
    Charlotte28
    Charlotte28

    90 abonnés 1 734 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 4 décembre 2019
    Une réalisation certes très classique mais qui propose un scénario solide grâce à un intérêt réel pour les motivations des personnages et un twist central très agréable tout en oscillant entre film noir pur et drame ou thriller psychologique. Manque un petit supplément d'âme pour se sentir en empathie avec les personnages malgré l'interprétation sans faille des comédiens. Un film emblématique assurément.
    Fabios Om
    Fabios Om

    36 abonnés 1 264 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 27 février 2024
    Réalisé avec talent par Preminger, Laura dispose avant tout d’un récit complexe et novateur pour l’époque. L’enquête mené par l’inspecteur est ainsi entrecoupée par des flashbacks successifs,  ce qui offre des points de vue variés sur l’action ainsi que sur le personnage de Laura qui s’enrichit et se complexifie au fur et à mesure.  Le travail d’écriture mettant en avant la complexité des relations entre les personnages lui fait atteindre la quintessence du genre. Le simple fait d’y voir l’une des principales inspirations d’Alfred Hitchcock laisse entrevoir l’impact qu’ils ont pu avoir à l’époque. Dans la peau de Laura Hunt, Gene Tierney fait preuve d’un charme magnétique qui saura envouter autant le public.
    La beauté envoutante de ce film est fascinante , c'est une référence du film noir .
    Un excellent classique à revoir servi par de bons acteurs et surtout un magnifique cadrage noir et blanc
    mistermyster
    mistermyster

    35 abonnés 1 167 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 7 mars 2024
    Un film dont la réputation n'est plus à faire, et c'est quand même grâce à la très jeune Gene Tierney que le film obtient un tel aura.
    Naturellement le film est construit de manière magistral, le narrateur qui nous présente Laura, s'efface au fur et à mesure que l'intrigue avance, jusqu'à complétement disparaitre pour céder la place à d'autres possibilités.
    Le noir et blanc est sublime, cette scène d'interrogatoire est splendide, même si elle ne dure pas très longtemps, les lampes crachant leur lumière agressive, sur le visage angélique de Gene Tierney, met en valeur une beauté intemporelle.
    On peut regretter le côté un peu théâtral dans le jeu de certains personnages, et un Dana Andrews plus lisse dans ce rôle, que d'autres acteurs aurait pu épaissir dans leur jeu; mais, ce qui reste c'est tout ce qui se passe autour du personnage féminin, à l'inverse des héroïnes de film noir, elle n'est pas espiègle, ni retord, ni traitresse, mais plutôt une ingénue douée de subtilité.
    Un film noir, mélo dramatique que l'on a plaisir à redécouvrir, le portrait de Laura est envoutant comme cette histoire.
    Ykarpathakis157
    Ykarpathakis157

    3 405 abonnés 18 103 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 12 mai 2021
    Je n'ai jamais réussi à comprendre l'attrait de ce film. Il me semble médiocre et sans intérêt à presque tous les égards sauf peut-être pour la photographie. Je n'ai jamais aimé non plus la musique de David Raksin. Gene Tierney n'a jamais été une personnalité convaincante à l'écran et elle est meilleure en tant que peintre qu'en tant qu'actrice. Dana Andrews était un bon acteur mais il n'est pas remarquable au point de suggérer pourquoi il s'agissait pour lui d'un film de star. Le personnage de Clifton Webb un chroniqueur acariâtre était considéré comme très avancé et dangereux à l'époque et je n'arrive pas à comprendre pourquoi. Le dialogue n'est pas particulièrement spirituel et on ne perçoit pas le génie de l'homme. Comme presque tout le monde dans le film il passe pour un snob méchant, vaniteux et parasite. Vincent Price a également reçu de bonnes critiques pour ce film et bien qu'il soit légèrement amusant dans le rôle d'un gigolo il est loin d'être convaincant. La mise en scène d'Otto Preminger est pour autant que je puisse en juger invisible. Ce réalisateur parfois fascinant a fait un bien meilleur travail par la suite. Comme il n'y a personne à aimer l'histoire devient rapidement ennuyeuse. Laura a cependant eu une grande influence et a rendu un genre méchants très à la mode pendant un certain temps. Certains des films au thème similaire réalisés dans son sillage tiennent en fait beaucoup mieux la route...
    Eselce
    Eselce

    1 203 abonnés 4 238 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 7 février 2018
    Un bon scénario, admirablement construit et parfaitement joué ! Jusqu'au bout, la question sur Laura se pose. Beaucoup d'indices sont laissées et finalement, on accuse un personnage avec l'autre tout en suivant l'enquêteur dans ses conclusions qui tantôt nous orientent, tantôt nous désorientent. Très bon !
    this is my movies
    this is my movies

    619 abonnés 3 087 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 28 avril 2015
    Véritable fleuron du film noir, ce classique de O. Preminger n'a que très peu vieilli grâce à une maestria visuelle impressionnante (sens du cadre, longs séquences virtuoses, lumière sublime) et il bénéficie surtout de la magnifique présence de G. Tierney, sans doute l'une des plus belles actrices de tous les temps, face à un D. Andrews impeccable en flic dur à cuire. Ce duo est complété par C. Webb qui propose de nombreuses répliques savoureuses qui feront école avec un esprit caustique et grinçant délicieusement cruel mais drôle. L'intrigue se suit avec facilité tandis que le scénario propose quelques rebondissements inattendus et de multiples visions peuvent s'avérer nécessaire pour décoder tous les trésors cachés de la mise en scène. C'est carré, solide et bien exécuté, les acteurs sont excellents et on passe un très agréable moment devant ce qui pourrait être un roman d'A. Christie live. Du grand cinéma noir et du grand cinéma tout court. D'autres critiques sur
    ManoCornuta
    ManoCornuta

    217 abonnés 2 785 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 3 mars 2024
    Tout ce qui fait le film noir se retrouve ici, dans une présentation quelque peu standardisée: le détective désinvolte, la beauté sublimée, les amants insupportables... Enrobé dans une photographie et une mise en scène de toute beauté, ce récit à tiroirs prend un peu de temps pour prendre son envol, faisant jouer pleinement ses atouts dans la deuxième moitié du film jusqu'au final splendidement maîtrisé. Pas étonnant qu'il ait conservé une aura jusqu'à nos jours, même si l'on peut le trouver un tantinet désuet à travers le traitement de certains de ses personnages.
    tuco-ramirez
    tuco-ramirez

    111 abonnés 1 577 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 22 novembre 2019
    Sur le blog « La plume et l’image » : « Le film s'ouvre sur la phrase : « I shall never forget the week-end Laura died » « Je n'oublierai jamais le week-end où Laura est morte »). Laura, qui travaillait dans la publicité, a été découverte abattue d'une décharge de chevrotine en plein visage dans le hall de son appartement. Le lieutenant McPherson enquête auprès de ses proches, principalement Waldo Lydecker, un journaliste et critique à la plume acide, qui a fait de Laura une femme du monde, et Shelby, un Adonis sans le sou qu'elle devait épouser. Au fil de ses recherches, où il apprend à la connaître, au travers des témoignages, de la lecture de ses lettres et de son journal intime, et subjugué par un tableau qui la représente, l'inspecteur tombe sous le charme de la défunte Laura.

    Laura se nourrit donc de deux traditions de littérature policière, très en vogue dans les années quarante. Cette confrontation se trouve d’emblée incarnée dans le duel qui oppose Waldo Lydecker à Mark McPherson. Dans sa rhétorique et ses manières distinguées, Waldo évoque un certain type de roman policier anglais, dans lequel le mystère est résolu en huis clos grâce à la perspicacité du détective. L’enquête de Laura se déroule presque exclusivement en intérieurs, dans de luxueux appartements décorés avec faste. Cette omniprésence des intérieurs, conjuguée à une concentration du temps et à un nombre limité de personnages, montre l’influence directe du théâtre dans lequel Otto Preminger a fait ses débuts à Vienne et aux Etats-Unis. Par ailleurs, Clifton Webb est un acteur qui a connu la gloire sur les planches de Broadway avant de commencer une carrière à Hollywood. C’est l’écrivain et poète Samuel Hoffenstein qui a façonné le personnage de Waldo Lydecker, dont les répliques savoureuses se heurtent à la rudesse de celles de Mark McPherson.

    Ce policier dur à cuir, le chapeau vissé sur le crâne, la mâchoire serrée, la cigarette au bec et vêtu d’un long imper beige à la Humphrey Bogart se caractérise par ses manières grossières et ses propos machistes. Cependant, le lieutenant se révèle bien plus complexe qu’il n’y parait : il passe d’une posture d’enquêteur à celui d’amant passionné. A l’inverse, Waldo cache ses pulsions meurtrières envers les femmes derrière une galanterie de façade. Le journaliste est d’ailleurs un personnage ambivalent à plus d’un titre. Sa jalousie dissimule une identité sexuelle ambigüe. S’il veut mettre hors-jeu les amants de Laura, c’est parce qu’ils sont « beaux » et « musclés ». Son manque de virilité, qui l’empêche de posséder totalement Laura, le conduit en définitive à la tuer. A la fin, il lui avoue qu’elle est la meilleure partie de lui-même. En appuyant sur la gâchette du fusil, il chercherait donc à prendre définitivement possession de celle qu’il considère comme sa création, en plus de s’affirmer en tant qu’homme. Troisième protagoniste masculin, Shelby Carpenter se distingue par sa faiblesse de caractère et ses mensonges à répétition. Ce personnage à la forte carrure sert avant tout à brouiller les cartes dans le triangle amoureux qui se forme autour de Laura et à rendre plus complexe l’intrigue policière.

    A l’image de la personnalité ambivalente de Mark McPherson, tous les codes sont déréglés : les scènes attendues du genre - la course poursuite sous une pluie battante, l’interrogatoire musclé avec une lampe aveuglante - sont seulement esquissées, voire détournées. En fait, l’intrigue tient bien plus du huis clos policier cher à Agatha Christie. Otto Preminger se montre très habile dans l’utilisation d’espaces souvent surchargés d’objets. Comme dans les enquêtes d’Hercule Poirot, ceux-ci possèdent une signification particulière et aident à la résolution du crime. Dès le premier et impressionnant plan séquence, qui plante le décor avec brio, la voix off met l’accent sur la pendule. Celle-ci est mentionnée à deux autres reprises par Waldo qui, comme dans un jeu, aiguillonne le détective et le spectateur vers la solution de l’énigme. La pendule a d’ailleurs une symbolique intéressante. Elle met en valeur deux thématiques essentielles du film noir : le timing, donnée déterminante dans la réussite d’un meurtre, et la fatalité, centrale dans les tragédies mettant en scène des relations amoureuses à sens unique. Avec sa dernière tirade très théâtrale, Waldo Lydecker se transforme en effet en héros tragique qui a échoué dans sa quête d’amour éternel avec Laura. Quant à Mark McPherson, son attrait quasi-fétichiste pour les objets appartenant à la défunte est révélateur de son désir obsessionnel pour la jeune femme. Ceux-ci ne sont donc pas dotés d’une unique fonction explicative, mais permettent également de tisser des liens fort entre les diverses séquences narratives.

    Les relations entre les êtres sont dominées par le mensonge et la manipulation. Journaliste de profession, Waldo Lydecker est un expert dans la déformation des faits. L’histoire est introduite à travers son point de vue au moyen d’une voix-off subjective. En tant que puissance omnisciente qui cherche à tout contrôler, Waldo apparaît comme un double fictif du cinéaste. Il bouge ses pions, modèle Laura comme une star, anticipe le déroulement des événements, met en scène les coups de théâtre, notamment celui à l’origine de la première rupture entre Laura et Carpenter. Le premier tiers du film nous est conté à travers son regard. Au cours du flashback relatant l’ascension de Laura dans la société, les rapports de force entre les personnages, signifiés à travers leur disposition précise dans chaque plan, permettent d’interpréter ce qui aurait pu pousser les deux principaux suspect à tuer Laura : la jalousie dévorante pour Waldo et la honte du rejet pour Shelby. Après le récit de Waldo à Mark, le point de vue glisse de l’un à l’autre grâce à un léger zoom sur le visage du lieutenant. Le spectateur suit alors Mark McPherson dans son enquête, qui se transforme en quête de la femme désirée. Se placer du point de vue des personnages permet au scénariste de ne pas révéler plus d’informations que ce que savent déjà Waldo Lydecker et le détective. Otto Preminger peut alors manipuler à sa guise le spectateur, en ménageant un coup de théâtre de taille : la résurrection de Laura, celle-là même dont on annonçait la mort dès la première phrase du film.

    Avant ce mystérieux retour, elle n’existait qu’à travers le regard des trois hommes qui la convoitaient. La beauté photographique du portrait qui orne le salon de son appartement et le charme romantique du thème musical qui lui est associé font d’elle une véritable icône cinématographique, toujours désirée après sa mort. Dans la manière de représenter le corps et le visage de la femme, le film noir a participé à forger la dimension iconique des actrices d’Hollywood. Ici, Laura Hunt n’est même pas encore apparue en chair et en os qu’elle est déjà une source de fantasmes pour les hommes. L’éternel leitmotiv d’Eros et Thanatos transperce alors irrémédiablement l’écran. Son appartement est comme un mausolée où viennent se recueillir ses anciens et futurs amants, qui ne trouvent pas meilleur endroit pour converser que sa chambre à coucher. Dès le début du film, Mark s’étend mine de rien sur le lit de Laura : il ne l’a encore jamais vue mais succombe déjà au vent de passion qui souffle autour de la jeune femme. Peu à peu, il pénètre son intimité en s’appropriant par le toucher et le regard les objets qui témoignent de sa beauté et de sa sensualité. La séquence où il entre de nuit dans l’appartement de la victime est matinée d’onirisme : la frontière entre le rêve éveillé et la réalité est mince lorsque Laura Hunt, fantomatique dans son imperméable gris pâle, le surprend en train de dormir. Cette fragile frontière est symbolisée par le portrait de Laura qui trône entre les deux personnages. De femme rêvée, elle devient une femme réelle et humaine.

    Laura est un pôle magnétique qui relègue les autres femmes au second plan. Dans sa carrière de publiciste, elle a connu l’ascension fulgurante, si bien que Laura est un film qui questionne sur la place de la femme dans une société traditionnellement dominée par les hommes. Dénigrée par Waldo au cours de leur première rencontre, elle parvient à inverser la situation et prend le dessus sur ce personnage hautain, qui en retour la façonne selon son bon goût, tel Pygmalion et sa Galatée. Admirée pour sa beauté mais aussi pour son intelligence, elle s’impose vite comme une figure indépendante et transgressive, qui n’hésite pas à désobéir. « Je n’aime pas qu’on me donne des ordres », rétorque-t-elle à Mark McPherson qui s’étonne qu’elle ne se soit pas pliée à sa volonté. Bien que séductrice et manipulatrice, Laura ne correspond pas totalement au prototype de la femme fatale. Si elle ment au lieutenant, c’est à des fins vertueuses, puisqu’elle croit Carpenter innocent. Mais pour la conquérir, le détective est obligé de l’amener sur son propre terrain, l’interrogeant dans une salle dont le dépouillement contraste avec le luxe de son appartement où les nombreux miroirs ne renvoient qu’une image édulcorée de la réalité. Lorsque le lieutenant consent à éteindre les projecteurs braqués sur son visage, aveuglé comme celui d’une femme qui n’assume plus son statut d’icône, la vérité peut enfin surgir et les masques tombent. Dans la manière de confronter ses personnages, Otto Preminger active certains leviers du huis clos. Très mobile, la caméra élimine progressivement dans chaque scène les distances entre les personnages, au fur et à mesure que la tension monte, à l’image des petites billes du jeu de Mark qui finissent par s’entrechoquer au moindre déséquilibre.

    Laura est une pièce maîtresse dans l’œuvre d’Otto Preminger, non seulement parce que le film lance pour de bon sa carrière à Hollywood, mais aussi parce que le cinéaste réutilisera à plusieurs reprises le leitmotiv du crime passionnel. Par son dispositif narratif innovant et la représentation de la femme qu’elle véhicule, Laura est une pierre angulaire du film noir. La manipulation des points de vue, l’onirisme et les nombreux coups de théâtre s’accompagnent d’une mise en scène dont toute l’intelligence se manifeste dès le plan-séquence introductif. Mais l’influence de Laura dépasse le simple cadre du film noir. On en retrouve de nombreux motifs dans la filmographie de Joseph L. Mankiewicz par exemple : l’utilisation du portrait dans L'Aventure de Mme Muir, la manière de dépeindre la femme dans Eve et La comtesse aux pieds nus. A plus d’un titre, Laura est une œuvre incontournable dans le cinéma américain, car Otto Preminger a su dépasser les modèles dont il s’est inspiré pour réaliser un film d’une puissante modernité. »
    tout-un-cinema.blogspot.com
    Bertie Quincampoix
    Bertie Quincampoix

    73 abonnés 1 737 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 8 janvier 2024
    Premier long-métrage dans lequel Otto Preminger bénéficia d’une liberté artistique totale, Laura (1944) est un classique du film noir américain. Il nous plonge au cœur de l’enquête policière menée par le lieutenant McPherson (Dana Andrews) sur l’assassinat d’une certaine Laura (Gene Tierney), qu’il va apprendre à découvrir grâce aux témoignages de ses proches, finissant même par tomber sous le charme post-mortem de la jeune femme. Au fur et à mesure de l’enquête, l’inspecteur va comprendre que Laura évoluait au milieu d’hommes (et de femmes) tous plus médiocres les uns que les autres, qui se révéleront par conséquent être des suspects en puissance. Superbement mis en scène, souvent très drôle dans ses dialogues, un must du cinéma étasunien des années 40.
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