« Ils ne m’attraperont jamais, mec, parce que je suis un putain d’innocent. »
Premier long métrage de Wes Anderson, premières apparitions au cinéma également pour les frères Wilson (Owen, qui coscénarise, Luke et Andrew dans un moindre rôle, ce qui fait de ce film le premier référencé du Frat Pack) et Robert Murgrave qu’on retrouvera aux côtés de Luke Wilson dans Idiocracy (Mike Judje, 2007), Tête Brûlée/Bottle Rocket nous présente un trio d’aspirants gangsters décalés et, pour tout dire, débiles, que l’on suit dans leur pas folle cavale après un ridicule cambriolage.
C’est lent mais pas inintéressant tant les personnages, de grands enfants qui jouent aux voleurs, sont attachants et les scènes inattendues du fait de la naïveté des protagonistes. Les autres personnages croisés dans ce road movie errant ne sont pas en reste, qu’il s’agisse d’Inez/Lumi Cavazos ou de Mr Henry/James Caan.
Tant au niveau du rythme que de l’interprétation ou de la recherche stylistique, on peut sentir l’influence du cinéma indépendant de la fin des années ’70 ainsi que de la Nouvelle Vague française et on n’est pas très loin d’univers personnels aisément reconnaissables comme, par exemple, l’oeuvre de Yórgos Lánthimos (Alps, 2011 ou Mise à Mort du Cerf Sacré, 2017). Ici, on dénote déjà les plans symétriques, les travellings avant et gros plans immobiles, la présence de touches roses (une porte de Motel) et rouges très marquées sur du blanc (les lèvres d’Inez, le sang).
Sans un être un chef d’oeuvre (on comprendra le faible accueil critique dû à la lenteur de la narration qui semble répondre à la lenteur de l’élocution des trois frères Wilson), Bottle Rocket est à voir pour l’histoire du cinéma et la naissance d’un univers, celui de Wes Anderson.