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AMCHI
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2,0
Publiée le 27 mars 2019
Alors que ce film avait tout pour être malsain, dérangeant et inquiétant il n'en est rien. Eaux profondes souffre d'une mise en scène qui occulte tout suspense, je ne sais pas si c'est voulu ou non par Michel Deville mais l'ensemble est trop mou pour moi. Absence de nervosité et de tension mais de l’ambiguïté il y en a grâce aux acteurs avec Isabelle Huppert qui a un côté femme-ado dans ce film et Trintignant dans la peau du mari ayant l'apparence d'un homme froid et semblant indifférent aux infidélités de sa femme alors qu'il n'en est rien en fait. Pas mauvais mais pas non plus un film qui m'a passionné.
Un film au climat presque malsain qui présente un mari jaloux qui se débarrasse des amants de sa femme comme un crocodile qui tourne autour de ses proies à l'ombre, subrepticement, sans y avoir l'air. Un drôle de couple et un style de film assez spécial. Parfois j'ai l'impression d'y voir du Haneke.
L'histoire est alléchante sur le papier, n'est-ce pas ? Mais, il faut que vous soyez prévenus d'une chose très importante : Michel Deville ne va pratiquement pas s'en soucier. Il ne faut pas plus de 5 minutes pour comprendre que tout (ou presque) va reposer sur l'insolite duo formé par Jean-Louis Trintignant et Isabelle Huppert. D'ailleurs, il est très difficile de cerner les deux personnages. Tout du long, on s'interroge sur les réelles motivations. S'agit-il vraiment d'un couple en bout de course ou ne s'agit-il que d'une horrible perversion. La fin semble répondre à la question mais on est jamais sûr de rien. En tout cas, ces eaux ne sont pas que profondes. Elles sont aussi froides, dangereuses, troubles, cyniques et immorales. Tout ça à la fois !
Michel Deville se rapproche dans ce film de l'univers de certains films de Chabrol. Sacrément vénéneux, le scénario est manipulateur à souhait et on ne connaîtra la vérité de ce couple pervers qu'à la toute fin du film. Est on en présence d'une femme volage, dont le mari supporte les infidélités, mais est capable a l"occasion d'éliminer ses rivaux ? Est on en présence d"un couple de connivence allant jusqu'au meurtre pour assouvir ses perversions ? Même le spectateur est manipulé jusqu'au bout, tout comme les témoins qui gravitent autour de ce couple. Incarné par Jean louis Trintignant et Isabelle Huppert le film tient parfaitement la route. Le seul bémol que je mettrai, c'est le choix de Huppert pour le rôle. Je ne comprends toujours pas comment une actrice, certes excellente, peut bien avoir été tant de fois choisie pour incarner des femmes fatales, ce qu'elle n'est pas du tout. A la grande époque du cinéma hollywoodien, elle aurait fait partie de ces actrices "girl next door", dont le physique représentait madame "tout le monde ". Mais peut-être, son union avec le grand producteur du cinéma français de cette époque ( Toscan du Plantier) explique peut-être ce choix incongru. Un peu dommage pour ces "eaux profondes ".
Michel Deville n'est pas long à introduire l'esprit et la nature du drame. La première scène installe d'emblée l'équivoque malsaine relative à la relation conjugale entre Mélanie (I.Huppert) et Vic (JL.Trintignant): l'épouse entame un slow lascif avec un jeune homme sous le regard apparemment bienveillant de son mari. Provocatrice et insatisfaite, Mélanie, bien plus jeune que Vic, conservera son mystère. En revanche, ce dernier, sous ses dehors aimables et imperturbables... Le sujet de Patricia Highsmith mèle habilement le suspens psychologique spoiler: à un suspens criminel. Dan cette intrigue sans bruit ni fureur, Isabelle Huppert, sur le mode de la sensualité, fait face à un Trintignant tout en émotions contenues et en commentaires sibyllins, et les deux acteurs sont excellents. La mise en scène de Michel Deville est subtile. D'une certaine façon, avec "Eaux profondes", Deville marche sur les plates-bandes de Claude Chabrol; la nature de l'intrigue et du couple, le milieu bourgeois de Jersey sont en effet éminemment chabrolien.