A partir d'un sujet historique qui se prêtait à toute sortes de banalités sur la guerre, l'héroisme, l'histoire d'hommes, etc, John Wayne réussit un très grand film lyrique sur une tragédie qu'il décrit avec minutie, en s'attardant sur les causes, sur le déroulement, et surtout sur les hommes qui la compose. A ce titre, la caractérisation des trois principaux protagonistes, magnifiquement interprétés par Widmark, Wayne et surtout Laurence Harvey, est sans conteste ce qui permet au film de garder à tout moment un intérêt constant, d'éviter tout temps mort intempestif. Pas une scène n'est de trop dans ce film, et l'humour, la tendresse viennent parfois pimenter l'action pure, Wayne ayant bien retenu les leçons de son mentor John Ford. On a beaucoup parlé des scènes guerrières, de la musique de Dimitri Tiomkin, et justement de l'apport de John Ford. Pour ma part, je trouve que la scène qui précède la tragédie, dans le soubassement, est la plus touchante, la plus marquante du film. Rarement aura t'on ressenti avec autant d'intensité la psychologie d'hommes qui s'apprêtent à mourir. Et la dispute qui éclate au sujet de l'existence ou non de Dieu est comme une préfiguration des terribles instants qui attendent tous ces hommes. Quant à la scène finale, celle de la femme et l'enfant qui traversent le champ de bataille, accompagnés d'une chanson qui résume le destin du groupe, clôt avec une certaine grandeur ce western très abouti.