Avis sur Shooting ou la mort tragique de Leland Drum

Traiter ce western de prétentieux et inconsistant est facile en 2014 mais c’est aussi excessif que de l’avoir porté aux nues lors de sa sortie en 1966. Monte Hellman mérite un grand respect pour s’être aventuré dans un cinéma diffèrent certes, mais murement réfléchi et réalisé. Il y a dans ‘’The shooting’’ quelques séquences de toute beauté et surtout plus le film avance plus il est prenant, son ambiance exécrable basée sur l’incommunicabilité, la bêtise, la rancœur, le goût de la violence de chaque personnage finit par une sorte de fascination morbide. Son originalité n’a pas pris une ride, sa très belle photographie nous transporte loin de chez nous. Son scénario obscur s’éclaire petit à petit pour devenir compréhensible sur le visage du frère jumeau de Willet Gashade. La suite n’intéressant visiblement plus Monte Hellman, nous pouvons imaginer ce que nous souhaitons. Appréciant avant tout le cinéma classique, je ne goûte guère les libertés de mise en scène sauf utilisées brillamment et parcimonieusement ce qui est ici loin d’être le cas. Ce réalisateur a pourtant des adeptes qui pour être crédibles devraient s’en expliquer tout en s'extasiant.. Pour ma part, je trouve que Monte Hellman en fait trop sans que les actions ou les dialogues le justifient, ce cinéma-là me lasserait vite. Je suis, par contre, ravi d'avoir revu ce film et ne suis pas fâché qu’il se serve de mon genre préféré pour se distinguer des autres cinéastes.

En général lorsqu'un film assez particulier n'arrive pas à me capter dès le début, c'est pas bon signe, je fini par décrocher très vite. Et là je m'attendais à un western somme toute très classique, avec Jack Nicholson, ça pouvait être sympa. Sauf que là dès le début c'est très bizarre (et je n'aime pas dire ça d'un film, c'est un terme galvaudé), c'est poussiéreux, sale, il ne semble pas y avoir vraiment d'intrigue, et puis c'est très lent, je dois avouer m'être un peu fait chier au début. Et puis ça continue, une femme arrive, le film se lance, et les personnages aussi, mais vers quoi ? c'est très flou, j'avoue que je regardais ma montre, qu'est ce que c'est que ce film ? C'est juste du sable et du vent ? Une tension devrait naître ? Et puis subitement, chose qui n'arrive presque jamais d'habitude, j'ai été pris par le film, l'arrivée de Nicholson a été pour moi un déclic, son personnage charismatique au possible et tout aussi énigmatique que les autres dégage quelque chose, une froideur, une méchanceté, et là j'ai senti une sorte de tension naître, je ne savais plus quoi penser. Qu'est ce qui se passe ? ils vont où ? ils font quoi ? l'ambiance planante se fait de plus en plus sentir, ce désert commence à rendre fou. J'ai lu que certaines personnes y voyaient de la métaphysique, ce n'est peut-être pas mon cas, mais le film m'a réellement pris aux tripes dans sa seconde partie, tout est étrange, parfois même complètement absurde, je ne saurai dire si c'est une arnaque gigantesque ou un coup de génie, la fin est elle aussi énigmatique au possible, en même temps je n'aurai pas pu imaginer d'autre fin que celle là, c'est vraiment un film qui me travaille, je veux dire, j'ai envie de le revoir, et je ne revoie que très rarement un film, mais j'ai l'impression que j'ai laissé passé quelque chose, peut-être une clef qui me permettrait d'apprécier le film dans son intégralité. Je ne sais pas s'il y a quelque chose à comprendre, je ne sais pas comment décrire se sentiment, j'ai l'impression qu'en voyant ce film il s'est passé quelque chose, quelque chose de puissant, comme si j'avais goûté quelque chose qui s'était subitement envolé ensuite. En tous cas, c'est vrai qu'on se rapproche du western expérimental, et que ça vaut le détour, après on peut ne pas accrocher forcément, mais il y a une force dans ce film que je ne peux expliquer. Si durant la première moitié du film je ne comprenais pas le statu culte du film, la seconde m'a totalement convaincu. Du coup je suis partagé entre le début qui m'a fait chier (pour parler crument), et la seconde complètement fascinante.

Une dèception! Sous le titre français ringard "La mort tragique de Leland Drum", "The Shooting" a ètè tournè avec un budget dèrisoire et n'a connu qu'une distribution limitèe! Filmè dans le dèsert de l'Utah (tournè en fait dans la règion de Glen Canyon qui ressemble plus au paysages arides de l’Espagne), ce western inconsistant est l'un des plus atypiques qui soit avec des personnages aussi vide que la mise en scène de Monte Hellman! Warren Oates ne convainc pas, Jack Nicholson est absent dans la peau du tueur professionnel et certaines situations sont vraiment inexploitèes! Surfait et ènigmatique (pour ne pas dire prètentieux), on se consolera avec la beautè de Millie Perkins qui incarne la femme mystèrieuse! Les audaces de « The Shooting » ne sont finalement que des pètards mouillès! Heureusement Monte Hellman fera mieux par la suite...

Le western réduit à une épure de récit de traque énigmatique, au milieu littéralement d’un nul part vide. L’action, et les personnages avec, montent vers une sorte d’ascèse. Hellman insuffle de l’avant-gardisme dramatique dans un genre originellement très populaire, avec des structures narratives traditionnelles. Le résultat est on ne peu plus original et insolite.

Comment serait un western simple réalisé avec très peu de moyens, au bord de l'amateurisme ? Hellman caractérise ce cinéma fauché : il veut créer un espace minimaliste : très peu ou pas du tout de bâtiments, et s'il y en a, ce sont souvent des tentes ou des petites maisons en bois, et privilégier les paysages, ce qu'il réussit superbement. Seul hic, Hellman n'est pas un grand conteur et ses histoires se déterminent par leur mollesse et les enjeux si peu attractifs, certains éléments n'apportent aucun intérêt ( à quoi sert l'homme perdu en plein désert à la fin par exemple ). Le jeu d'acteur est au minimum, les réactions des personnages presque inexistantes. Tout est misérable, mais fait artistiquement si l'on peut dire, dans un but d'échapper aux règles du western violent et hollywoodien. Il montre les débuts du cinéma indépendant, et les westerns de Hellman en sont les prototypes.

Un western atypique et étrange avec un scénario très dépouillé et une ambiance quasi mystique .. bref un film à voir

Restriction des décors, une unité de lieu quasi en huis clos même si c'est un désert (!), seulement quatre protagonistes réunis à l'insu de leur plein gré, une intrigue à timbre-poste mais au fil conducteur ténu et une sorte de climax métaphysique qui finit par envahir l'image. Pas d'artifice de mise en scène donc pour accentuer la tension, pas d'envolée épique ou d'une intrigue avec un but clair et précis. Néanmoins cette fois le réalisateur convainc un peu moins, cette fois on reste sur notre faim d'abord parce que le flou autour de l'incident qui précède le début du film est un faux suspense tant on devine que l'homme qui les suit est forcément en lien direct ou indirect, comme on devine que la femme connait forcément cet homme. Mais cela n'empêche pas qu'on se demande qui va survivre ou non ?! Quel est le but réel de ce tueur et de cette femme ?! Dans un climax sec et poussiéreux, on suit donc une sorte de quête sans but, une errance vers l'inconnu, vers un destin qu'on envisage funeste pour tous... peut-être ?!
Site : Selenie

Bon western à petit budget mais qui se démarque par cette atmosphère tendue entre les protagonistes et ce léger voile de mystère. L'importance du scénario, pouvant tenir sur un timbre poste, passe ici au second plan et c'est bien l'ambiance qui prime. Complètement atypique, ce western est une bonne alternative aux westerns de Leone et autres Ford.

Deux cow-boys servent d'escorte à une mystérieuse jeune femme en échange d'une prime. Un western étrange qui nous laisse dans un mystère angoissant tout au long de cette traversée du désert. Film sublime.

Western hypnotique et véritable ode à la nature d'où les héros du film sont nés et sont irrémédiablement invités à y finir leurs jours. Malgré toute cette grandeur, on assiste à un huit clos tragique d'où seul Jack Nicholson émergera dans les décennies suivantes pour devenir le mythe que l'on connait.

Un polar singulier que ce The Shooting qui se démarque des autres productions américaines du genre (mais qui n'emprunte rien aux western spaghetti) ; quasiment toute l'action se déroule dans le désert et la trame du film est assez proche d'un thriller avec un style assez énigmatique. Ce western se laisse voir (on apprécie notamment la présence de Warren Oates dans un 1er rôle) mais la fin confuse et bâclée déçoit un tantinet.

Dès la première image on sait qu'on est présence d'une oeuvre majeure faite par un cinéaste iconoclaste, innovant à la fois dans sa façon de filmer ses personnages humains et non-humains (chevaux, désert, soleil etc...) , d'inclure ses ellipses dans le déroulement de son histoire, mais aussi dans son mélange des genres. Car ce western répond aussi parfaitement aux règles du polar. La seule imperfection de cette œuvre de Monte Hellman, est qu’il conclut son formidable travail par une "chute" laborieusement amenée.

Western original, bien différent de ce que l'on voit habituellement, Monte Hellman avait clairement pour but de rendre très cérébral ce périple à travers le désert. Tout est étrange, on se pose beaucoup de questions sans réponse, un western presque lynchien. L'ambiance est très tendue entre les trois personnages notamment avec l'arrivée de la cowgirl (Millie Perkins) qui n'a pas de nom, on l'appelle Woman. Cette dernière a des attitudes bien mystérieuses comme tuer un cheval qui n'est pas blessées tirer au pistolet à tout va sans raison. L'arrivée de Billy Spear (Jack Nicholson), tueur professionnel, renforce le malaise d'un cran et l'atmosphère devient étouffante comme la chaleur du désert. Un western vraiment auteuriste et atypique où il faut laisser le rationnel de côté et se laisser transporter par l'aventure. Esthétiquement, le film est magnifique, la nature désertique est superbement rendue à l'écran. Un western à connaître.

5 étoiles en frustration mais il faut reconnaître au réalisateur un certain talent pour faire mijoter le spectateur.

Chrischamber...à raison quand il décrit des facilités scénaristiques...Quand bien même ce film de 1966 peut réunir au moins deux acteurs ayant tracé leur route, ici ce chemin mène vers une forme de folie, d'une ineptie peut être trop complexe et d'une mise en scène évitant la fluidité d'un script mieux dessiné. Il n'en demeure pas moins que l'ensemble reste regardable, alors qu'on aime ou pas, on se doit de regarder la fin qui n'apprends presque rien...Une forme de huis-clos en extérieur, 4 personnages centraux et un paysage aride , dépourvu de couleurs, de vie comme un peu l'attrait du film lui-même. Un film peut être assumé mais son intérêt premier réside dans les méandres du réalisateur lui-même...