"On s'en tire tous parce que le public n'est pas très exigeant, et qu'un truc n'a pas à être bien pour avoir du succès" a dit un jour Woddy Allen, en complétant : "évidemment, c'est agréable d'être populaire le temps d'un film, même si c'est fugitif, car le temps qu'ils se rendent compte que le film est mauvais, vous avez pris leur argent". Ou comment résumer le cinéma (essentiellement actuel) en deux phrases et quelque part un peu cette "Cité De Dieu" subitement devenue référence pour tous nos branchés moutonniers. Effectivement, le style adopté par Meirelles ne fait pas dans la dentelle ; je ne m'amuserai pas à référencer une-à-une toutes les techniques grotesques et inutiles retenues dans sa pseudo-mise en scène, toujours est-il que l'on peut très concrètement et de façon tout à fait justifiée qualifier cette débauche d'effets visuels d'affreux brouillon clippesque, jamais construit ni vraiment réfléchi, constamment gratuit, tape-à-l'oeil et (très) fatiguant... Tous les défis à relever pour le réalisateur sont lâchement esquivés, si bien que cette tentative de néoréalisme des années 2000 ressemble plus un vulgaire hachis pour gamins adeptes de la zappette qu'à une oeuvre un tant soi peu personnelle. Au milieu de cette bouillie subsistent néanmoins quelques bonnes idées, suffisamment importantes pour que l'on daigne leur accorder un certain intérêt. Tout d'abord, je retiendrai de brèves scènes isolées assez touchantes et pas mielleuses bien qu'un peu naïves, c'est vrai. Ensuite, le seul personnage creusé du film en la personne de Fusée, notre fidèle narrateur. Enfin, la (petite) réflexion sur la notion de journalisme, pointant le doigt sur des investigations devenues reportages à sensation, pas complètement anodine. Depuis la sortie de "La Cité de Dieu" en 2002, Lula est arrivé au pouvoir : malgré d'intelligentes réformes économiques, son combat contre la corruption et la violence dans les favelas n'a jamais vraiment démarré : piqûre de rappel six ans plus tard.