Célèbre adaptation du chef d'oeuvre de la littérature du XVIIIème siècle, le film de Stephen Frears n'a pourtant rien de transcendant. Fresque de scandales pour l'époque, où l'ombre des Lumières cachait le vice d'une Noblesse libertine en pleine destruction, à quelques années de la Révolution française, Les Liaisons dangereuses est un long métrage très loin de cette idée de provocation. Or, le réalisateur reste dans le contexte historique original, avec une mise en scène assez fidèle, pour ne pas dire assez désuète, de ce que l'on peut attendre d'une telle adaptation. Entre autre, le film a toutes les qualités d'un grand film hollywoodien, avec un casting en or et un budget conséquent. Glenn Close est un choix judicieux pour incarner la Marquise de Merteuil, même si le problème de l'âge, et autres subtilités de l'ouvrage, se heurtent au parti de prendre le cadre historique d'origine. John Malkovich, bien plus discutable, est toutefois acceptable, malgré des cabotinages pitoyables. La distribution est donc de qualité. En outre, l'utilisation très intelligente du thème théâtral, avec ce lustre, ou encore ces maquillages et autres symboles types, rendent par ces quelques aspects le film intéressant. Malgré toutes ces compétences qui attribuent aux Liaisons dangereuses le statut de chef d'oeuvre cinématographique, il est pourtant nécessaire de regarder le film sous un autre angle. Initialement, cette adaptation a tout pour plaire un public. C'est une bonne chose. Toutefois, l'enjeu atteint rapidement ses limites. Tout est propre, remarquablement monté, pour ne pas heurter le public populaire, et assez symbolique et démonstratif pour faire la cour à la critique. Plus grave, cette mentalité va même entraîner le réalisateur à s'autocensure lui-même, notamment lorsque Valmont rentre dans la chambre de Cécile. Est-ce cela, le but d'une adaptation littéraire au cinéma, lorsque l'oeuvre d'origine est un choc public, et l'adaptation une convenance sociale ? Non, c'est certain.