Europe de l'ouest, époque médiévale : Une troupe de mercenaires emmenée, entre autres, par Martin se fait trahir par un noble après l'avoir aidé à reconquérir sa ville. Guidés par Saint Martin, ils prévoient donc de se venger.
Paul Verhoeven entame sa carrière américaine avec son septième film "La Chair et le Sang", qui faisait suite à "Le quatrième homme", jugé comme scandaleux dans sa Hollande natale. Il braque surtout sa caméra sur le personnage de Martin, rendu très vite fascinant par ses enjeux, ainsi que le charisme et la présence de son interprète Rutger Hauer. Se basant sur les aventures de ce dernier, il n'en oublie pas la galerie de personnages tournants autour et bénéficiant d'une très belle qualité d'écriture pour ne pas tomber dans les clichés propres à ce genre, notamment autour de la figure du "héros", du prince et surtout du triangle amoureux qui ici est traité avec ambiguïté.
Verhoeven rentre très vite dans le vif du sujet et comme l'indique le titre, les divers enjeux se dérouleront dans le sang et la chair, ainsi que le sexe, la violence, la peste, la brutalité ou encore le fanatisme religieux, ce que le hollandais violent exploite de manières aussi crues que violentes et subversives. On retrouve dans ce film des thèmes propres au cinéaste hollandais, qu'il continuera d'exploiter lorsqu'il sera au sommet d'Hollywood, et notamment la nature humaine. Usant de nombreux symboles, sa vision du monde est reflétée dans celle qu'il donne au Moyen-âge, un monde violent et fou où l'homme laisse libre cours à ses instincts primaires. Jamais lourd, il donne du rythme à son film, et surtout de l'intérêt et de la tension lors des moments adéquats et laisse régulièrement une part d'ambiguïté sur les personnages et de mystères sur l'avancement de l'intrigue.
Verhoeven nous transporte dans cette époque médiévale dont il sublime la belle reconstitution. Jouant avec les codes du genre, il met en place une atmosphère quasi mystique et retranscrit toute la fascination et l'attrait que l'on peut y trouver, le tout sublimé par une belle bande originale signée Basil Poledouris. Brillant derrière la caméra, Verhoeven offre quelques scènes mémorables, notamment les attaques de châteaux ou les moments de vies dans la troupe des mercenaires. En plus du génial Rutger Hauer, les autres interprétations sont très bonnes et notamment la belle Jennifer Jason Leigh qui prête son magnifique corps à la princesse.
Un petit pas pour Verhoeven, un grand pas pour les États-Unis qui découvre avec "La Chair et le sang", un cinéaste aussi talentueux que subversif, détournant les codes pour mieux mettre en valeur sa vision du monde et de la nature humaine, brillant.