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    La Prisonnière
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    Luuuuuuuuc
    Luuuuuuuuc

    6 abonnés 593 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 16 juillet 2023
    «Je te fais pas de mal mais du bien, il y a longtemps que tu as envie de ça. »

    Dernière oeuvre et œuvre méconnue du grandissime Henri-Georges Clouzot, La Prisonnière démarre sur une scène glauque suivie d’une autre survoltée où Gilbert, le personnage interprété par Bernard Fresson, artiste contemporain, se prend à un jeu visuel en mouvement, fait de formes, de lignes, de couleurs. On en arrive enfin à une salle d’exposition d’art cinétique où se bousculent une foule inouïe de figurants de luxe (Pierre Richard, Hélène Duc, Charles Vanel, Michel Piccoli). Le directeur, richissime amateur d’art, Stanislas Hassler, est incarné par un excellent Laurent Terzieff troublant et froid.

    Art cinétique, donc, une étude sur le mouvement et la modernité, le premier thème est posé. Le second l’est depuis la première minute, il s’agit du corps soumis avec, en filigrane d’abord, le viol. José, la femme de Gilbert et monteuse audiovisuelle à l’ORTF, interprétée par Elisabeth Wiener, se prend alors au jeu de la curiosité et du voyeurisme, manipulée par Hassler. Elle travaille en parallèle sur les rush d’interviews de femmes violées.

    La réalisation de Clouzot est à l’image du premier thème : lignes en mouvements, couleurs parfois criardes malgré le gris parisien, mélange de métal et de baroque. La scène du shooting photo avec Dany Carrel, scène inquiétante, à la fois sensuelle et sulfureuse, garde, 55 ans plus tard, la même puissance évocatrice. Clouzot n’est pas le maître absolu du suspense à la française pour rien, qu’on se souvienne du Corbeau (1943), du Salaire de la Peur (1953) ou des Diaboliques (1955). A 61 ans, il démontrait qu’il était capable de réussir une œuvre avant-gardiste.

    Jusqu’au dénouement final, les scènes s’enchaînent dans un climat de plus en plus lourd de violence psychologique, d’attraction/répulsion, mouvement qui fait penser aux œuvres d’art cinétique présentées au début du film, effets de miroirs mobiles, lignes et lumières qui s’entrechoquent. La scène en Bretagne dénote cependant et on se demande pourquoi et comment on a basculé dans une espèce de bluette assez gnangnan, s’il n’y avait le rappel visuel constant des cordes et des chaînes.

    Film parfait sur un plan visuel, assez bien interprété, scénaristiquement très bien amené même si un peu défaillant sur la fin, La Prisonnière garde durant une bonne heure tout ce qui a fait le génie de Henri-Georges Clouzot.
    anonyme
    Un visiteur
    1,5
    Publiée le 19 février 2019
    Le dernier film de Clouzot, très décevant. Le réalisateur tente d'intégrer la jeunesse libertine de l'époque dans son univers glauque. Mais malgré le charme d'Elisabeth Wiener et le côté inquiétant de Laurent Terzieff, le propos du film n'est pas du tout sulfureux. Le sadomasochisme n'intéresse pas beaucoup le réalisateur. spoiler: Terzieff est un pervers lié à son impuissance sexuelle qui bien entendu cédera à l'amour
    et même si cela n'est que suggéré spoiler: retrouvera sa vitalité
    lors d'un week-end breton tout en clichés de cartes postales (la mer et les vagues bien entendu). La véritable perverse est l'héroïne, spoiler: mais elle sera punie
    , prétexte pour Clouzot de réaliser un kaléidoscope d'images cinétiques très datées et sans intérêt. La critique de l'art contemporain est aussi inoffensive. Le seul film en couleur de Clouzot est un échec et on a du mal à croire que c'est là un film du père du Corbeau ou de l'Assassin habite au 21.
    anonyme
    Un visiteur
    1,0
    Publiée le 2 janvier 2017
    Dernier film de Clouzot et on ne peut pas dire qu'il sort par le haut, le bougre. On pourra sans doute lui reconnaître son caractère scabreux et provocateur (pour l'époque !) à mi-chemin entre une Histoire d'O larvée, le Marquis de Sade et un certain Sacher-Masoch entre autres "références"...

    Résolument bizarre, le film baigne dans l'art très con-temporain des croûtes et autres saloperies de l'art (?) existentiel-existentialiste néo-moderne, "sculptures" interactives de brocante à crevards, musique dodécaphonique-cacophonique et ce grand dadais intello qui aime la photographie, donner des ordres aux jeunes filles et leur faire prendre la pose.

    Car elles aiment ça l'obéissance, que dis-je, la "soumission" les bougresses ! car selon ce film, en chaque gonzesse sommeille une petite "traînée" bien soumise qui aime par dessus tout l'humiliation -non le plaisir !- de devenir un objet. Et de l'autre côté, l'homme "sadique" y trouve son compte. Tant pis pour le compagnon de la donzelle -l'excellent Bernard Fresson- le type "normal" qui va finir gros Jean comme devant et légitimement dépité.

    Le film est de 1968, qu'en pense le MLF de l'époque et les Femen d'aujourd'hui qui secouent leurs nichons devant le journal télévisé à chaque occasion écolo-dramatique ?

    Elisabeth Wiener est en tout cas une ravissante rouquine, très filmogénique. Hélas, ce film éboulifiant-étonnifiant reste éminemment désagréable et le poids des ans n'arrange rien. C'est sans doute la contribution un peu tardive de Clouzot aux étrons de la "nouvelle vague", une contribution dont il aurait pu se passer, à la teneur débectante et prétentieuse qui le ferait presque sombrer dans le ridicule s'il n'était pas aussi premier degré.
    inspecteur morvandieu
    inspecteur morvandieu

    14 abonnés 1 440 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 14 janvier 2024
    Le style et le contenu ne rappellent guère -c'est le moins qu'on puisse dire- l'oeuvre majeure et antérieure de Clouzot. Cette histoire de soumission sexuelle, très ancrée dans l'esthétisme sixties, pourrait sembler bien éloignée de l'univers du cinéaste si celui-ci ne fondait son récit sur son expérience personnelle en la matière.
    Aujourd'hui, plutôt que de soumission on parlerait de sado-masochisme (une expression qui n'est pas utilisée ici) pour qualifier la nature de la relation entre Stan-Laurent Terzieff et José-Elizabeth Wiener. Mais nous sommes en 1968 et le sujet qu'aborde Clouzot, dans ce qui sera son dernier film, est encore bien audacieux pour l'époque pour que l'auteur ne soit pas contraint d'édulcorer les pratiques sexuelles dont il parle. Avec se terminologie adaptée, son érotisme prudemment imagé, "La Prisonnière" (on lui préfèrera celle de Proust!) ménage la morale mais, consécutivement, manque de réalisme ou de brutalité pour témoigner de la liaison complexe entre José et Stan, entre la femme initiée à la soumission et cet homme exclusivement voyeur et incapable d'aimer "normalement". En réalité, l'audace principale du film est la reconnaissance d'une sexualité, féminine notamment, anticonformiste.
    Il est des indices psychologiques dans le film utiles à étoffer les personnages mais pas au point de leur permettre d'atteindre une réelle intensité dramatique. Il faut bien convenir que souvent le film a des allures de roman-photos à la Vadim. L'impression est renforcée par l'omniprésence d'un très kitsch art contemporain aux couleurs criantes (et on a même droit, pour illustrer un mauvais rêve de l'héroine, à un petit délire psychédélique), décor sans doute utile à donner un relief singulier à une relation singulière, à créer un univers épousant l'étrangeté de ces moeurs et déstabilisant le profane.
    Quoiqu'il en soit, sur la forme comme sur le fond, le film est assez peu convaincant.
    Julien Triquet
    Julien Triquet

    1 critique Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 9 octobre 2023
    Le dernier Clouzot est mal aimé, ou en tout cas semble cliver, bien que tous s'accordent à dire que ce n'est pas son meilleur film. En effet, on sent que Clouzot est épuisé depuis les graves soucis de santé dont il fut atteint pendant le tournage de l'Enfer. Soucis de santé qui se prolongèrent sur le tournage de la Prisonnière qui fut interrompu quand Clouzot fut hospitalisé pour une dépression nerveuse.
    C'est pourtant un film fascinant pour qui connaît bien les réalisateur et ses films. Tant il semble qu'il a voulu y concentrer ses obsessions et en faire une espèce de résumé de sa carrière.
    Comment ne pas rapprocher le personnage de Stan du personnage de Brignon de Quai des Orfèvres, les deux font photographier des jeunes filles des classes populaires pour leur propre plaisir. La scène de confrontation entre Josée et Stan est une véritable réminiscence de la scène de confrontation entre le docteur Germain et Denise dans le Corbeau. Le comportement de Josée lors de l'escapade en Bretagne rappelle énormément le jeu de Brigitte Bardot dans la vérité. L'utilisation de l'art cinétique tel qu'il l'avait expérimenté pendant le tourage de l'Enfer. Ainsi que les apparitions de Charles Vanel ou de Jackie Sardou (qui était déjà la concierge dans la Vérité), donnent à ce film une saveur de testament cinématographique.
    Comment ne pas rapprocher Stan de Clouzot lui-même, il semble en faire un autoportrait sans complaisance, il était de notoriété public que Clouzot aimer dominer ses interprètes et les conduire dans des situations extrêmes, et jouir de cette puissance. Exactement de la même façon que Stan impose sa domination à Josée, et luis impose des séance de photographies érotiques. Mais, le vrai mystère pour Clouzot, et cette forme de servitude volontaire qui finit par atteindre Josée, qui, en tant que monteuse, est exposée aux témoignages de femmes sous emprise (je me demande d'ailleurs si ce n'est pas Clouzot lui-même qui les interroge). Et malheureusement, le traitement de cette servitude, vécue par Josée comme une bluette, est ce qu'il y a de plus décevant dans ce film, et surtout la réaction de Stan assez infantile qui finit par remettre son obsession en cause. Etrange de se dire que Clouzot, le créateur des œuvres parmi les plus sombres du cinéma, pêche ici par naïveté, presque par candeur (le Clouzot tendre de Quai des Orfèvres).
    Formellement, c'est une réussite, chaque plan est magnifiquement construit. Et c'est intéressant de voir ce formaliste de génie, passer du noir et blanc à la couleur.
    Un objet filmique très curieux, autoportrait crépusculaire d'un des plus grand nom du cinéma mondial.
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