Madame Henderson présente : les secrets du tournage

Madame Henderson présente retrace l'histoire du Windmill Theatre de Londres, après son rachat par Laura Henderson en 1931. Equivalent londonien du Moulin Rouge, le Windmill connut son heure de gloire dans les années 30 et 40. Il fut en effet le seul théâtre de Londres à rester ouvert durant la Deuxième Guerre mondiale, d'où son slogan "We Never closed". Après le décès de Laura Henderson en 1944, le théâtre continua ses activités, on pu ainsi y découvrir des comédiens comme Peter Sellers, Harry Secombe, Tony Hancock ou encore Kenneth More.

Norma Heyman revient sur la genèse du film : "Bob m'a apporté cette idée avec la montagne de documents que les Rose avaient amassée en treize ans dans le vain espoir d'en tirer une série télévisée. Le destin de cette vieille dame qui avait défié toutes les conventions de son temps me fascina. Imaginez un peu l'Angleterre hyper conservatrice des années 30, et cette lady fortunée qui rachète un théâtre sur un coup de coeur, puis entre en guerre contre son milieu d'origine et contre la censure en montrant, pour la première fois, des filles nues sur une scène Londonienne."

Tout comme le Moulin Rouge, le Windmill Theatre a inspiré plusieurs films dont Cette nuit et toujours de Victor Saville avec Rita Hayworth.

Pour illustrer la relation entre Madame Henderson (Judi Dench) et le directeur du théâtre Van Damm (Bob Hoskins), le scénariste Martin Sherman évoque une célèbre couple hollywoodien : " J'ai pensé au couple Spencer Tracy / Katharine Hepburn, admet-il, la femme à poigne face à l'homme à poigne ".

La productrice Norma Heyman explique le choix de Stephen Frears à la réalisation : "Nous avons choisi Stephen pour ses méthodes de travail et son approche du matériau : pour le contrôle ferme et discret qu'il exerce ; pour son amour des acteurs : pour la façon dont il met chacun à l'aise en obtient ce qu'il veut. Le premier jour de tournage, il a installé Judi Dench dans une barque et lui a demandé de descendre et remonter la Tamise à la rame... trente prises d'affilée. Elle ne s'est jamais plainte et m'a dit qu'elle était prête à le refaire."

"Je n'avais aucune idée préconçue quant à la manière de jouer Van Damm, explique Bob Hoskins. Arrivé sur le plateau, je n'y voyais pas plus clair. C'est alors que Stephen m'a dit : " C'est simple comme bonjour. Contente-toi de me jouer ! " Tout s'illumina d'un coup : je ferai de Van Damm un vieux schnock râleur et emmerdant ! Aucun réalisateur ne m'avait jamais donné une indication aussi précieuse."

Il était impossible de réaliser le film en décors naturels dans le Soho d'aujourd'hui. La production put cependant tourner quelques plans dans Archer Street, mais l'essentiel de Madame Henderson présente a été tourné aux studios de Shepperton, dans une réplique grandeur nature du fameux théâtre.

Pendant son enfance, Bob Hoskins a eu l'occasion de visiter le quartier de Soho ainsi que de se rendre au Windmill Theatre :" Mes parents m'y amenèrent à l'âge de cinq ans, explique l'acteur. Des familles entières s'y retrouvaient, enfants compris, comme à un pique-nique. Les tableaux vivants sont parmi les plus beaux spectacles que j'ai jamais vu de ma vie. Tout cela était d'une grande innoncence. Soho était à l'époque une sortie de village gravitant autour de Windmill." Quant à Judi Dench, elle habitait York dans sa jeunesse et connaissait la réputation du quartier de Soho. Pour préparer son rôle, elle s'est entretenue avec des anciennes danseuses du Windmill.

Afin de coller au maximum aux standards de beauté des années 30, les danseuses furent priées d'arrêter la bronzette, la gym ainsi que tout régime : "Les filles du Windmill n'avaient absolument pas le look actuel, explique Norma Heyman. Elles n'étaient pas musclées et avaient des jambes courtes et potelées. Les hommes étaient minces, longilignes et guère plus musclés. Nous avons eu un mal fou à trouver des danseurs qui n'étaient pas bodybuildés."

Productrice de Madame Henderson présente, Norma Heyman avait déjà produit certains des précédents films de Stephen Frears dont certains figurent parmi ses plus grands succès comme Les Liaisons dangereuses ou Mary Reilly.