Derniers Avis sur La Mort de Dante Lazarescu

"La mort de Dante Lazarescu" est le film qui a fait connaître Cristi Puiu au public cinéphile. Son sujet, poisseux et morbide, et sa durée, laissent craindre une caricature auteuriste insoutenable ; fort heureusement, il n'en est rien, car l'angle à travers lequel cette histoire est abordée prend la forme d'un équilibre à la fois audacieux et imparable entre premier degré et humour noir. Il n'y a en effet aucune complaisance à filmer la perte de conscience progressive d'un homme, jusqu'à ne devenir plus qu'un corps dans un cadre, car ce détraquage mental est montré avec une précision absolue. Puiu est en effet obsédé par le réel et, pour le représenter avec la plus grande exactitude, il représente le trajet de Lazarescu (de sa maison aux divers hôpitaux saturés) quasiment en temps réel, ce qui permet à la fois de rendre compte d'un flux (des personnages pris dans un itinéraire) et de proposer quelques brèves pauses au comique désespéré – lesquelles sont le témoignage d'une humanité tenace dans l'obscurité. Celle-ci n'est pas seulement liée à ce bouleversant portrait d'un homme qui s'échappe à lui-même mais aussi à la description effrayante d'un milieu hospitalier décati dans lequel ses membres se livrent à une bataille d'ego – le rappel hiérarchique comme humiliation suprême pour l'infirmière s'occupant de Lazarescu – qui rend très nette la supériorité du cynisme sur l'empathie. Le film ne cherche pas à être aimable mais, par ses habiles ruptures de tons et sa démarche quasi documentaire, il passionne de bout en bout et érige de fait son auteur comme un grand expérimentateur de la durée – à l'instar de cinéastes comme Kechiche, Tarantino, et par le passé Rivette ou Rozier.

Sorti en 2005, cet incroyable film roumain nous embarque dans une soirée tristement délirante aux côtés de Dante Lazarescu, un veuf de 63 ans vivant en banlieue de Bucarest. Miné par la boisson et la solitude, son corps le lâche de toute part. Un soir, après une journée d’intenses douleurs, il se résout à appeler une ambulance. Va alors commencer un périple grotesque et ubuesque, où le pauvre homme sera trimbalé d’hôpital en hôpital, et où traité comme un boulet par des médecins (eux-mêmes débordés) qui ne vont chercher qu’à s’en débarrasser, le vieil homme finira par perdre toute dignité. Un portrait au vitriol d’une société qui ne parvient plus à prendre soin de ses mourants, de ses vieux, de ses pauvres, de ses marginaux à travers la défaillance humaine d’un système hospitalier, qui fait froid dans le dos. Faisant tragiquement écho à l’actualité, ce film coup de poing au parti pris fort est l’un des fers de lance de la « nouvelle vague roumaine ». À voir absolument.

Grosse claque que ce film roumain !! On ne peut plus dissuasif de prime abord, je me suis finalement régalé en le visionnant ! Le début est poussif et très long à se mettre en place mais à partir du moment où le vieil homme débarque à l'hôpital, on ne peut plus décrocher les yeux de l'écran...On s'agace, on rit, on s'émeut...Excellent film vraiment !! A voir mais il faut aimer le cinéma minimaliste !!

Tourné comme un documentaire, ce film est à vous faire fuir les hôpitaux...

Réaliser un film avec un tel scénario était un défi difficile à relever et Cristi Puiu s'en est plutôt bien sorti. L'histoire raconte celle d'un pauvre gars en manque d'affection errant dans un misérable appartement aux conditions insalubres avec ses trois chats pour seuls compagnons. Le film risque de faire décrocher certains par son extrême lenteur mais d'autre suivront ce film pour se renseigner sur l'horrible description de l'univers hospitalier roumain qui choquera autant qu'elle passionnera. Le point le plus remarquable du film est sans nul doute Ion Fiscuteanu qui en plus de nous offrir une impressionnante performance eût le courage d'interpréter ce personnage pathétique. Un film bouleversant qui mérite d'être vu pou sa cruauté et ses côtes inhumains mais tellement vrais.

Donner une image globale de l’état d’un pays en dépeignant, avec réalisme et cynisme, son système hospitalier s’avère être une idée des plus fructeuses. A partir du postulat particulièrement peu reluisant que de nous suivre les dernières heures de vie d’un vieil homme, Cristi Piui réussit l’exploit de rendre son film palpitant, de par l’intensité émotionnel qu’il génère, mais surtout un drame social qui dénonce avec une cruauté satirique cinglante le mépris de son prochain qui gangrène la société roumaine post-Ceausescu. Son omniprésente froideur morbide fait brillamment osciller ce triste morceau de vie entre le néoréalisme pathétique et l’humour noir le plus corrosif.

Imaginez une sorte de croisement contre-nature d'Urgences (oui, la série US), de 4 mois, 3 semaines, 2 jours (la palme d'or méritée de Mungiu) et de Rohmer. Cela vous donnera une idée de l'OVNI que représente le film de Puiu.

Au début, disons les 30 premières minutes, la situation est approximativement la même que pour Irréversible (bien que pour des raisons inverses) : vous avez envie d'arrêter. La description de la décrépitude du sus-nommé Lazarescu est un peu ennuyeuse et un peu trop caractéristique du cinéma de l'Europe de l'Est.

A partir du moment ou Dante (appelons le comme ça) quitte son appartement pour une odyssée nocturne dans les rues de Bucarest le film prend une tournure onirique absolument, résolument originale et captivante. Au fur et à mesure que les diagnostics plus ou moins sérieux s'enchaînent, et sous l'égide d'une infirmière (tellement) si humaine, le film commence à ressembler à une pièce de Beckett passée au mixeur slave.

On suit avec intérêt, puis avec perplexité, et enfin avec passion l'odyssée de notre Dante à travers les cercles de l'enfer roumain, chaque hôpital représentant une étape vers, vers .... une dernière scène magnifique qui tirera les larmes de votre coeur de cinéphile endurci.

Hormis la première demi-heure un peu convenue, un chef d'oeuvre doux-amer. Très remarqué à Cannes 2005, avec raison.

D'autres critiques sur Christoblog : http://chris666.blogs.allocine.fr/

http://www.cinemas-utopia.org/U-blog/toulouse/index.php?post/2009/02/25/Ils-sont-fous-ces-roumains

Le film de Christian Piui est vraiment très réussi malgré un départ un peu lent, dû peut être au lieu clos. Cependant, dès l’arrivée de la médecine accourue au chevet de Lazarescu, le film devient prenant malgré l’aspect très glauque du cadre. Ce film est bien sûr une charge à l’endroit d’une société roumaine en difficulté de la part d’un jeune cinéaste s’intégrant dans l’actuelle nouvelle vague de ce pays (la palme d’or de Cannes 2007 sera encore plus réussie). La mort de Dante Lazarescu est bien plus qu’un film social. Il nous montre ici le long voyage au bout de la nuit d’un vieil homme qui s’enfonce progressivement vers une probable mort via à un long et inexorable déclin physique et psychologique. Ce film rappelle Céline mais aussi Kafka par le côté absurde d’une situation inextricable avec une série de cauchemars en répétition (Lazarescu ne pouvant pas être accueilli par un bon nombre d’hôpitaux, agressé par les médecins, voir moqué). Le réalisateur filme parfaitement sans caricature les lieux sombres tels sinistres hôpitaux et ambulances. La nuit, dans laquelle tout le film se joue, est filmée admirablement. Piui évite de donner toute psychologie aux personnages. Ce qui marque ici, c’est la façon de montrer le corps du malade, grosse et vieille limace qui pue de la gueule mais dont l’alcoolisme perturbe le diagnostic des médecins. C’est à la fois drôle et pathétique de voir Lazarescu ballotté dans la nuit roumaine comme un objet insignifiant et maltraité par le corps médical. Du jour à la nuit, le vieil homme retourne à l’état végétal ou minéral en s’avançant vers la mort après avoir vu s’étioler toutes ses fonctions physiques puis psychiques. L’actrice qui joue l’infirmière, Luminta Gheorhiu, seul personnage empreint d’humanité, est très bien. Le film peut être aussi touchant tel l’appel téléphonique prémonitoire de l’ingénieur retraité destiné à sa sœur à qui il dit envoyer deux mois de pension. L’acteur principal mourut l’an passé d’un … cancer de l’intestin !

Beaucoup de sensibilité, un humour un peu noir, des personnages attachants même dans leurs défauts, une vision sans concession de la Roumanie et au-delà de l'homme. Un bon film.

Un film qui peut sembler être long mais qui est en fait un vrai bon film original mais aussi très triste car on s'attache vite à Lazarescu.
Dommage, cependant, que le film soit plombé par un rythme assez lent ce qui fait que quelque fois on s'endort spirituellement.
Cependant l'interprétation est bonne et la fin est sublime.
Un vrai bon film, un essai risqué mais pas loupé un urgence plus dur, plus triste moins speed mais plus travaillé.

Sans hésiter le meilleur film de 2006. Quel dommage qu'il ne soit pas édité en DVD. L'image l'aurait bien supporté et cela aurait permis de pallier une distribution en salles scandaleusement indigente.

LA grande fresque sur la mort, le passage vers la mort. Métaphysique, hilarant, glauque, touchant. Le personnage de l'infirmière est vraiment très beau. Les scènes sont toutes très bien construites amlgré un premier quart d'heure un peu banal. On a vraiment affaire là à un metteur en scène qui sait convoquer dans ces plans un milliard de significations. Qui sait donner à des décors réalistes une envergure mythique. Fascinant.

N'en jetez plus. Loué par les bobos, les intellos du cinéma et autres dandy intellectualisés à l'extrême, ce film n'est rien d'autre qu'un sacrée perte de temps. Long, sans intérêt, sans beauté. Répétitif à souhait. Ca ne dénonce rien, c'est grotesque. Ce n'est pas une satire, c'est une honte. Comme le film, qui aurait dû se limiter à un reportage d'Envoyé Spécial.

Voici un film réaliste...Sombre comme la mort, anxiogène et satyrique...
Le monde hospitalier est brutal...Les médecins se roulent dans le cynisme, le mépris et l'auto satisfaction face aux patients, aux infirmières...
Le pauvre homme, Dante est trimbalé d'hosto en hosto...Ce film dénonce un système médical inhumain...Et en même temps, les médecins doivent en voir de belles...Comment garder son self contrôle face aux horreurs de la vie...
Ce film est efficace...Il est réalisé avec sobriété et précision, sans effet de manche...Ce qui est fortement appréciable par les temps qui courent..