"Hitman" : un nom très évocateur quant au contenu du long métrage, mais aussi et surtout un film formaté pour s’attirer le plus vif intérêt et donc construire son succès avant même sa sortie dans les salles. Et pour cause ! "Hitman" est une adaptation d’un jeu vidéo. Mais pas un jeu lambda : ce long métrage n’est ni plus ni moins que l’adaptation d’une des franchises les plus rentables du jeu vidéo ! Alors on aurait voulu faire déplacer les foules massivement dans les salles qu’on ne s’y serait pas pris autrement. Il y a toutefois un bémol : il ne s’adresse qu’à une seule partie du public, celle qui connait et pratique le jeu. Pour les autres qui seront venus gonfler les rangs des spectateurs, c’est surtout par curiosité, auquel cas ça rejoint les joueurs venus voir ce que ça pouvait donner sur grand écran, mais aussi dans l’espoir de voir un film d’action digne de ce nom, auquel cas là aussi sans doute ça rejoint les adeptes du jeu, lesquels sont pour rappel plus attentifs encore que n'importe qui d'autre. Bon soyons clair, ceux qui me suivent depuis longtemps savent que je ne pratique pas les jeux vidéo. Aussi cet avis ne s’adresse qu’à ceux qui ne connaissent pas le divertissement de base, car je vais donner à cet avis une direction très différente de ce qui a pu être publié ici malgré le fait que j’arrive à une conclusion qui confirme la tendance générale des internautes cinéphiles, à savoir un sentiment assez partagé. Alors voilà : j’ai fait le rapprochement avec plusieurs œuvres cinématographiques. Je vous préviens, il se pourrait que vous trouviez ce point de vue quelque peu tiré par les cheveux. Mais quand je vois que Luc Besson et sa société de production Europa Corp se sont associés aux producteurs déjà en place, eh bien je ne suis pas vraiment étonné. Pourquoi ? Encore une fois, ça va vous paraître peut-être un peu dingue mais j’ai vu dans ce "Hitman" un peu de "Nikita", de "Léon" et de "Le transporteur". Pour être plus précis, ce film débute par la fabrication d’un tueur à gages, résumée le temps du générique du début sous un "Ave Maria" placé sous le signe du lyrisme. Alors certes ce processus n’est pas aussi développé que dans "Nikita", les moyens utilisés ne sont pas non plus les mêmes, mais quand même. Ensuite j’y ai vu un peu de "Léon", tout simplement parce que l’agent 47 est un tueur confirmé et absolument insaisissable car il est le meilleur de sa catégorie et ne laisse aucune trace. Qui plus est, il vit seul et agit en solo quelles que soient les circonstances. Sauf qu’il n’a pas de plante verte à s’occuper. Et ensuite "Le transporteur", pour la bonne et simple raison que l’agent 47 s’attache à quelqu’un, une femme prise dans l’œil du cyclone, une femme qui réveille en lui de vieux souvenirs de sentiments humains. Pour ce qui est des autres références cinématographiques trouvées, attention accrochez-vous… ça y est ? Eh bien j’ai pensé à "Assassins" (1995). Ben tiens : le meilleur tueur de la corporation pour laquelle il travaille pris pour cible par d’autres tueurs bossant pour la même organisation, ça ne vous rappelle rien ? Ok ok la raison du contrat est légèrement différente mais bon ! Avec tout ça, il y avait de quoi impulser un bon rythme, des rebondissements et une certaine clarté dans son scénario. En fait il manque un peu des trois. J’ai bien dit « un peu », et j’insiste dessus parce qu’on a quand même de l’action dont le point d’orgue sera atteint lors de l’affrontement de quatre tueurs réunis sous une chorégraphie des plus réussies. Le public n’attendait pas forcément quelque chose de tarabiscoté, et là-dessus il a été écouté. Mais je ne sais pas… j’ai l’impression que le scénario est un peu brouillon, un peu comme si on n’avait pas trop su entremêler les idées prises à droite et à gauche tout en restant dans les clous du jeu. Le problème est qu’on ne ressent pas grand-chose à l’égard de n’importe quel personnage quel qu’il soit. Aucune forme d’empathie ne pointe le bout de son nez, aussi minime soit-elle. On se demande même ce que la romance vient faire là car elle est contraire à la psychologie du rôle-titre, quoiqu’elle reste similaire à celle que nous avons vu dans "Le transporteur". A la différence près que Frank Martin n’est pas à la base un tueur à gages. En fait, la véritable attraction de ce film est Thimothy Olyphant, capable d’interpréter un implacable tueur froid et mystérieux sans aucune expression, puis accessoirement de le faire toucher par des sentiments plus humains avec beaucoup de subtilité. Dans son jeu monolithique, il se donne des airs de James Bond avec son costume toujours impeccable sur lui. C’est clair qu’il a la classe avec son costume-noir-chemise-blanche-cravate-rouge-crâne-rasé-code-barres-derrière-la-tête ! Et quand il n’a plus sa tenue fétiche, il est capable de s’en trouver une dans la première boutique qui lui tombe sous la main et sans avoir (a priori) le moindre sou sur lui… ( ???). Des incohérences, il y en a oui. Quelques-unes du moins. Donc non, "Hitman" n’a pas le résultat escompté, hormis le nombre d’entrées en salles qui n’a cessé de décroître méchamment au cours de ses (seulement) trois semaines d’exploitation, comme si la déception s’était répandue comme une traînée de poudre. Mais il y a eu tout de même assez d’entrées pour enclencher un deuxième opus huit ans plus tard. Il faut tout de même avouer que le potentiel est grand. En attendant, assimilable au divertissement de série B, curieusement, "Hitman" se laisse regarder sans jeter un œil sur la montre.