Souvent, les grands-mères cherchent à satisfaire leurs petits enfants, à les gâter, et parfois aussi, elles passent pour un tantinet gâteuses! C'est un peu ce que pense la petite fille de Danièle qui lui envoie à la figure quelque chose comme "T'es trop vieille et tu comprends rien!". Deux générations, deux passages pour mutations: celui de l'enfance à l'adolescence et celui qui annonce la vieillesse! Et forcément, il va y avoir des frictions.
Au début du film, Danièle fait comme d'habitude l'accompagnement en train de Marine et Thomas. Le rôle qu'on attend d'elle s'arrête quasiment là, du moins ordinairement. Mais c'est sans compter avec cette bataille qui effleure parfois chez Danièle, Danièle en proie avec une recherche désespérée pour combler ce vide, ce manque, cette souffrance, cette fragilité et ces inquiétudes de plus en plus visibles et auxquelles elle parvient de plus en plus difficilement à se soustraire. Ce qui se passe en elle, qui grandit, Danièle ne veut pas toujours le voir, l'admettre, et elle va se cacher plus d'une fois derrière des apparences, des faux-semblants. Elle a le sentiment d'exister au-travers de ses petits enfants, mais Marine, ne m'entend pas de cette façon!
Au fil des pages de cette histoire, le réalisateur ne nous laisse plus d'échappatoire pour éviter ce qui se tisse en Danièle. Jusqu'où est-elle capable d'aller, elle qui repousse l'échéance de ramener ces petits enfants à leur père, elle qui échafaude des plans, des fuites auxquelles Marine résiste tant qu'elle peut? On sent que le drame n'est pas loin, que la bascule de cette femme pourrait aussi les y entraîner. Bernadette Lafont joue juste et nous touche dans ce parcours qui cahote et se cabosse, avec des sursauts de vie, de lâcher-prises, comme de petites bulles de révolte et d'envie. Les ados n'ont pas l'exclusivité des états d'âme et de la folie! Un portrait sensible.