Un choc. Troublant, fascinant, dérangeant, décourageant, brillant, noir. Chronique de vies ordinaires. Portrait d'une Amérique politiquement incorrect. A mi-chemin entre Madame Bovary et Desperate Housewives, en plus cruel, plus vénéneux et surtout plus pessimiste. Le scénario est brillant, sans faiblesse. Magnifiquement écrit, il fait la part belle aux personnages. L'histoire évolue subrepticement de la comédie au drame, nous prenant aux tripes inconsciemment pour mieux nous coller au siège et nous installer dans le malaise. Les acteurs sont tous parfaits : justesse et authenticité. Ils arrivent à nous faire passer les sentiments les plus intimes et une profonde émotion par un simple regard ou un simple geste. Kate Winslet : son jeu tout en finesse et retenue, monte en puissance jusqu'au dur retour à la réalité et à sa vie monotone. Elle n'a jamais été aussi grandiose, elle a rarement crevé l'écran ainsi. Patrick Wilson est une vraie révélation, il explose totalement dans ce film. Naif, désabusé, Brad n'attend plus rien de la vie, carrière ratée, femme qui paie les factures, et comme tout le reste il va rater Sarah. Son seul rêve était finalement beaucoup plus terre à terre. Toutes les scènes où ils sont réunis suintent d'une sensualité torride, troublante. Une belle rencontre d'acteurs. Le personnage de Jennifer Connelly aurait mériter d'être un peu plus approfondi, mais elle est parfaite dans le rôle de la femme trompée, tout passe dans ses yeux et dans les non-dits. Jackie Earle Haley, est prodigieux et inquiètant en voisin pédophile. Mais harcelé et sur la voie de la rédemption par des chemins pas très conventionnels, il en deviendra presque attachant. Seul bémol, une fin sans doute trop académique, où Todd field redevient subitement politiquement correct. Happy end ou pire fin possible ? Difficile à dire mais cela ne réussit pas à ruiner l'ensemble. On en sort sonné et plein de questions. Rêves, fantasmes, faut-il tout sacrifier pour les approcher ? A voir.