Époustouflant! Téchiné signe ici un film implacable, résolument iconoclaste, inspiré de l'histoire de Jacques Nolot, d'ailleurs scénariste. Il faut dire que le film repose sur le jeu efficace des acteurs, principaux comme secondaires, à commencer par Manuel Blanc, qui suscite l'empathie de par sa fougue, sa fraîcheur, mais aussi par son caractère impétueux et idéaliste. C'est un véritable parcours initiatique, où comment un jeune provincial, pêchant par une naïveté et une détermination hasardeuse, monte sur Paris pour devenir acteur, où les dégradations physiques et morales s'amoncellent (travail, cours de théâtre, prostitution...). Néanmoins, le parcours du personnage de Pierre est fascinant, tout comme les autres personnages qu'il est amené à rencontrer, hauts en couleurs et particulièrement chaleureux, notamment Emmanuelle Béart - transfigurée, qui le fascine et l'attire, et Philippe Noiret, très sobre, qui arbore un visage très paternel, que Pierre finit par négliger totalement. C'est de surcroît une histoire erratique, aux atours invraisemblables, mais dont le fil conducteur du scénario, particulièrement consistant, nous force à rester accroché de bout en bout, où l'on retient son souffle. Bien que ne jouissant pas dune grande notoriété, « Jembrasse pas » est sans doute un des films les plus aboutis dAndré Téchiné.