Après avoir vu ce que l'on appelle "la tétralogie allemande" de Visconti c'est à dire "Les damnés", "Mort à Venise" et "Ludwig, le crépuscule des Dieux" + d'autres films de Visconti, nous retrouvons bien dans ce "Mort à Venise" les thèmes récurrents du génie italien: la chute (d'une famille, d'un roi, d'un grand musicien), la médiocrité ou l'extase artistique, la solitude, l'homosexualité (voire ici la pédophilie, que je ne met pas dans le même registre que l'homosexualité si il faut le préciser; car Tadzio est un jeune garçon encore mineur), le temps qui passe ... Les plans et expressions sont superbes comme la musique, mais Visconti utilise souvent la musique de grands compositeurs (Beethoven, Mahler,Moussorgski), peu de dialogues mais c'est suffisant car il nous suffit surtout d'observer pour comprendre ce qui se passe. Je pense que si Helmut Berger avait été plus jeune c'est lui qui aurait joué le rôle de Tadzio, ce garçon androgyne. Il existe d'ailleurs ou non (il faut que je me renseigne mais cela apparaît dans filmographie de Visconti sur allocine) un film ou documentaire de Visconti qui parle de la recherche de l'acteur pour incarner le rôle muet de Tadzio d'où sa difficulté à trouver l'acteur idéal. Ce film ne parle pas que de la déchéance, de la timidité et de la torture mentale il parle aussi d'une épidémie de choléra cachée par les autorités pour ne pas freiner le tourisme et d'une prochaine mise en quarantaine des habitants de la ville de Venise. Si Gustav von Aschenbach manque son train et à un problème de malle, se retrouver en quarantaine dans le même hôtel que Tadzio est une optique qui le réjoui plutôt.
La fin (AVC, crise cardiaque ou choléra?) c'est à dire la mort à Venise (1971) de Gustav en contemplant son amour, son désir, sa tentation pour la dernière fois, car la famille quitte l'hôtel, me rappelle celle de Yuri Zivago (1965), la crise cardiaque dans le tramway, en apercevant Lara dans la rue pour la dernière fois. .
. Il n'est pas évident de se mettre dans la peau de cet homme dont on ne connait que quelques bribes de son passé, néanmoins c'est un film très poétique, sociale et historique aussi car le choléra est véritablement passé par Venise dans les années 1910. Je n'ai malheureusement pas lu le roman de Thomas Mann mais d'après les articles que j'ai lu, le film est assez fidèle. .