En tournant dans un manoir sinistre du Derbyshire majoritairement éclairé à la bougie, mais (hélas) sans jamais trop s’éloigner d’un classicisme attendu, Aïnouz nous plonge dans un XVIe siècle infesté par la peste et les complots – déjoués avec dextérité par Catherine Parr, première femme à publier un recueil de poèmes en langue anglaise… La wonder woman du film, c’est elle.
Si l’on peut être dérouté par la chorégraphie des scènes de violences conjugales (qui cherche, là aussi, à esquiver les clichés voyeuristes), on est séduit par le jeu fougueux de Cortellesi, figure populaire du petit écran transalpin.
Mais, au-delà de ces vagues de questionnements qui s’entrechoquent, la véritable force du film réside dans sa capacité à entretenir un suspense inattendu au fur et à mesure que la spirale semble engloutir cette enseignante de maths et d’éducation physique passant de victime à coupable.
Plus que jamais, ce Dune-là, ces Dune-là, tant, une fois de plus, les deux marchent d’un seul pas, sont une offrande pour peu que l’on veuille en accepter l’augure. Une ode ou une déclaration au cinéma, aussi, aux grands écrans, à l’émerveillement collectif comme jadis les westerns en cinémascope-technicolor-et-tutti quanti.
Courses-poursuites, ralentis exacerbés, explosions en tous sens, bourre-pifs généreux, Argylle frise souvent le n’importe quoi, mais c’est précisément ce qui en fait la sève, à déguster tel un plaisir coupable… Dont on se refuserait à avoir honte la moindre seconde !
Avec La Zone d’intérêt, excluant la moindre manifestation pathétique, Glazer affirme une dextérité formelle clinique, aussi déroutante que fascinante, d’un réalisme parfois hanté de la poésie d’un déporté, entrecoupé de séquences en négatif où l’on suit les sorties nocturnes d’une jeune résistante.
Pour son premier long-métrage, Sébastien Vaniček vise haut en signant un film d’horreur dont les ambitions dépassent largement celles des séries B, où le casting, le décor et les effets spéciaux sont à l’avenant.
L’Innocence, bien nommé Monster en japonais, interroge la complexité de l’enfance comme le système social nippon avec une distante ironie, offrant également des respirations végétales d’une grande beauté visuelle.
Morna, coladeira, saudade, peu importe le nom que l’on a bien voulu accoler aux styles et aux sons qui ont accompagné ou fait sa trajectoire : c’est sa vie que chantait Cesária Évora, de la même façon que chanter était sa vie. C’est au demeurant cette authenticité qui transpire du documentaire. Marcher sur des œufs, même pieds nus, n’était que rarement au programme…