La singularité de L’Échappée est d'être le portrait sensible d’une jeune femme qui a traversé l’innommable, alors même que son statut aurait dû la protéger d'une disgrâce et d'en montrer toute la violence par touches, par réminiscences qui affleurent dans le corps et le cœur.
Point central de l’action pour un personnage bord-cadre, insaisissable, jamais complètement explicité, et dont les nombreuses zones de mystères et les dilemmes moraux repartent avec elle à l’issue de ce piège infernal.
Sur le papier, le nouveau film de Stéphane Brizé apparaît comme le paradigme souvent décourageant du drame bourgeois feutré et en huis clos. Sauf qu’à l’écran la délicatesse de son auteur et l’(im)pertinence de ses deux scénaristes (Marie Drucker est venue lui prêter main douce et forte) font la différence.
Un choix esthétique judicieux, car au noir et blanc des années 1970 répond une image en quasi sépia écrasée de lumière, gamme chromatique choisie pour la reconstitution contemporaine. Comme si, en marge du devoir de mémoire, le cinéaste opérait un glissement optique pour dire la résonance spectrale du réel lorsqu’il questionne la fiction.
SIDONIE AU JAPON [...] entre comédie burlesque, film de deuil et romance, tire sa vitalité de ses changements de ton, imputables à la regrettée Sophie Fillières, maîtresse d’œuvre du scénario.
MARIN DES MONTAGNES est d’abord un beau film d’initiation à la première personne, celui d’un cinéaste, d’un fils et d’un étranger, tentant de revenir aux origines, d’écouter et de regarder l’inconnu, de l’effleurer, à défaut de le comprendre.
À l’ère des réalisateurs démiurges, le cinéma n’a que rarement l’opportunité de montrer qu’il peut aussi avoir sa volonté propre. DIEU EST UNE FEMME lui en offre une : se sachant vue par ceux qui doivent la voir, la pellicule respire.
Un film faussement naturaliste, non dénué d’un humour aux abois et superbement élaboré jusque dans sa bande-son, offrant par le biais de la fiction la possibilité à cette femme symbole de s’affranchir.
Porté par des acteurs percutants (Paul Hamy, Françoise Lebrun, Suliane Brahim…), ce premier long-métrage novateur, sombre, prend aux tripes. A découvrir d’urgence.
Au fil d’une esthétique sombre, hantée, le film interroge, au travers de la relation entre le jeune Rakib et son mentor, le général Purna, les noeuds du pouvoir, de la soumission, du conflit entre fidélité aux maîtres et conscience politico-éthique.
La réalisation respire une Afrique contemporaine, la fragilité de son économie et son instinct de survie, évitant constamment le misérabilisme pittoresque et l’apitoiement de circonstance.
Contre toute attente, le film, digne jusqu’au bout, parvient pourtant à se jouer d’une grande partie des figures imposées, s’emparant de manière concrète - tout en évitant le misérabilisme, le didactisme, voire le pittoresque - du politique (la guerre, la religion, etc.), pour le laisser intelligemment infuser dans la sphère privée.