Ronald D. Moore, le papa de ("Previously on") Battlestar Galactica, a gagné mon éternel respect en accouchant de l'une des meilleures séries jamais portées sur le petit écran -so say we all. Aussi me suis-je tout naturellement jetée sur Helix, son dernier bébé, également produit par l'excellente chaîne du câble SyFy qui, par souci de cohérence, fait dans la science-fiction et les genres qui lui sont traditionnellement attachés avec plus ou moins de légitimité. Le créateur de ("Previously on") BSG revient donc avec un projet alléchant, dont les deux ou trois premiers épisodes, le pilote comptant double pour mon plus grand plaisir, donnent un aperçu de son potentiel. Il signe avec Helix un nouveau huis clot : ses personnages, qui ont troqué leur combinaison spatiale pour une combinaison antibactérienne, ne sont plus confinés dans un vaisseau de guerre sillonnant l'espace intersidéral, mais dans une base de recherches internationale construite en Arctique. En d'autres termes, il fait trop froid pour mettre le pied dehors, même si l'ennemi fait des ravages à l'intérieur ; et à cet égard, la cadette de la famille Moore se pose dès la scène d'introduction en série horrifique qui, au vu des quelques épisodes déjà diffusés, tient largement ses promesses.
À mi-chemin entre Alien, pour le côté enfermé-dans-une-boîte-de-conserve et le mode d'inoculation du virus, et 28 Days Later, pour le côté approche-scientifique-du-zombie, les singes de laboratoire agressifs et le maquillage, Helix raconte l'histoire d'un groupe d'experts en virologie d'un CDC envoyés en mission spéciale sur la banquise. À titre informatif, les CDC, Centers for Disease Control and Prevention, sont comme leur nom l'indique des lieux d'expérimentation sur des chihuahuas, cousins des rats, d'agents pathogènes mortels ; personnellement, je me rassure en pensant à The Walking Dead : en cas de contamination du personnel, il suffit à l'immunisé de service d'appuyer sur le bouton qui déclenche l'explosion nucléaire, car mieux vaut avoir trois bras que... quatre. Bref, le groupe se compose d'Alan, de son ex-femme, de sa potentielle future femme et d'une quatrième femme qui n'a aucune chance avec lui ; un militaire, qui ne s'est pas servi de son arme à feu depuis le boot camp, les accompagne. Ensemble, ils se rendent dans une station arctique où trois chercheurs, parmi lesquels le frère d'Alan avec qui son ex l'a trompé, ont été infectés par un virus qui transforme le sang en pétrole -enfin, en quelque substance y ressemblant. Le nombre de victimes croît rapidement, et celles qui ne se liquéfient pas avant d'être récupérées par Total (« Notre énergie est votre énergie. ») voient leur force décuplée et l'envie montée de vomir ledit liquide noire dans la bouche des non-infectés.
La série, qui ne bénéficie pas des mêmes effets spéciaux que ("Previously on") Battlestar Galactica, laisse sans problème s'installer une tension permanente ; quelques scènes méritent même d'être qualifiées d'effrayantes, à l'instar de celles qui demandent aux personnages de ramper dans les conduits d'aération à la poursuite de Peter, le frère, qui s'y faufile comme un chat arracheur de bras ; Helix remplit mieux son office qu'une production comme American Horror Story. Les mystères s'accumulent et la font inexorablement pencher vers la théorie du complot : libre à chacun de croire que le responsable de la base, Hiroshi Hatake, met des lentilles de contact simplement parce qu'un Japonais n'est pas censé avoir les yeux de Riddick et qu'il redoute la moquerie, mais je crois, moi, qu'il cache quelque chose de plus important.
La nouvelle création de Ronald D. Moore promet donc : personne ne viendra les chercher...