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    Game of Thrones peut-elle vraiment être adaptée au cinéma ?

    Selon le romancier George R.R. Martin, dont les écrits servent de base à la série, "Game of Thrones" pourrait se conclure sur grand écran. Mais le phénomène de HBO peut-il vraiment être adapté au cinéma ?

    Attention : afin de bien expliquer pourquoi, selon nous, "Game of Thrones" peut ou ne peut pas être adapté au cinéma, cet article abordera différents aspects de la série et peut contenir des spoilers dans certains paragraphes. Si vous n'avez pas vu le moindre épisode et que vous comptez vous y mettre, ce qui suit vous est déconseillé sous peine de vous gâcher certaines surprises.

    C'est la grosse info du jour : Game of Thrones pourrait quitter le petit écran pour le grand. A l'occasion de l'avant-première de la saison 4, diffusée à partir du 6 avril sur HBO (et dès le lendemain sur OCS City et OCS Go), le romancier George R.R. Martin a révélé qu'un projet de long métrage était à l'étude pour conclure le show, que ses créateurs pensent arrêter au terme de la saison 7 ou 8.

    Au premier abord, cette idée relève de la bonne nouvelle, tant la série ne manque pas d'atouts pour s'imposer au cinéma : mise et scène et ampleur cinématographiques, décors et paysages grandioses, batailles dantesques avec un nombre de figurants à faire pâlir un péplum, dragons qui ne demandent qu'à rugir dans les salles obscures... Sans compter sur l'intérêt des spectateurs pour l'heroic fantasy.

    Ceci étant dit, les producteurs pourraient avoir à surmonter quelques obstacles, afin que Game of Thrones ne perde pas de son âme dans le transfert. Car si certains de ses aspects concourrant à son succès passent sur le petit écran (et à fortiori sur HBO), il en irait autrement au cinéma. On fait le point.

    De la violence...

    Game of Thrones étant diffusée sur HBO, donc une chaîne câblée, elle possède ainsi une plus grande liberté par rapport à la censure. Assez pour lui permettre d'être fidèle aux livres de George R.R. Martin, notamment sur les meurtres barbares et sanglants qui jalonnent chaque saison.

    Imaginer qu'un épisode comme celui des "Pluies de Castamere" (le fameux numéro 9 de la saison 3) soit diffusé, sans coupe, au cinéma, paraît en revanche plus compliqué, surtout quand on sait que Peter Jackson n'a dû son salut qu'au sang noir des orques, moins réaliste, pour échapper à la censure avec Le Seigneur des Anneaux.

    ... et du sexe

    Autre élément indossociable de la série, le sexe pourrait encore plus faire tiquer la censure américaine, capable d'infliger une interdiction aux moins de 13 ans non-accompagnés à Solaris et Amélie Poulain, qui ont eu le malheur de respectivement montrer les fesses de George Clooney (de loin et dans la pénombre !) et une succession d'orgasmes.

    Si la violence peut poser problème, lui adjoindre autant de scènes de sexe que dans la série d'HBO, c'est un coup à finir avec un classement R voire NC-17 (l'équivalent du X en France). De quoi nuire à la rentabilité d'un long métrage dont le budget ne pourra pas être inférieur à 100 millions de dollars, et ainsi refroidir les investisseurs potentiels. Le tout en sachant qu'édulcorer le contenu reviendrait à ôter à Game of Thrones une partie de son âme, et c'est d'ailleurs ce qui avait été reproché à la version ciné de Sex & the City en 2008.

    Les héros ne sont pas intouchables (spoilers !!)

    Est-ce le public qui est sadique ? Ou parce que rares sont les séries qui osent à ce point ? Toujours est-il que l'une des grandes forces de Game of Thrones, c'est de n'épargner personne. Pas même les héros. Un aspect qui nous a frappés dès la fin du pilote, lorsque Jamie (Nikolaj Coster-Waldau) pousse Bran (Isaac Hempstead-Wright) du haut d'une tour.

    Ont suivi, dans le désordre, la mort du charismatique Khal Drogo (Jason Momoa), la torture de Theon (Alfie Allen) ou la défiguration de Tyrion (Peter Dinklage). Sans oublier l'exécution de Ned (Sean Bean), la main coupée de Jamie et les fameuses noces pourpres, dont le souvenir suffit à faire trembler tout fan.

    Faire preuve d'une telle cruauté sur grand écran, paraît aujourd'hui nettement plus compliqué, à l'heure où la tendance est plus celle des films Marvel, où chaque scénario rechigne à tuer un personnage clé (le dernier Thor en a d'ailleurs apporté un nouvel exemple). Difficile pourtant de s'en passer, surtout si le but affiché est de conclure en beauté une série dont l'une des forces réside dans cette audace.

    A chacun son moment pour briller

    Un monologue brillamment écrit et joué, un morceau de bravoure, une scène qui marque les esprits sur le coup et pendant les heures qui suivent, une mort violente (ah, la couronne du frère de Daenerys)... Si le nombre de personnages que compte Game of Thrones est impressionnant (même pour une série), chacun d'entre eux a droit à SON moment. Même ceux qui nous paraissent secondaires et voués à disparaître aussi vite qu'ils sont arrivés. Sur les 10 heures que dure une saison, parvenir à cet équilibre tient du tour de force. Alors sur un long métrage 2 heures, c'est quasi-mission impossible.

    Demandez à Peter Jackson (encore lui) ce qu'il en pense, vu que l'un des principaux reproches faits au premier volet du Hobbit tient au grand nombre de ses personnages et de son incapacité à creuser chacun comme il le faudrait. Réduire les participants serait alors une solution, mais pas forcément la bonne.

    Des intrigues plus que complexes

    Le nombre de personnages de la série vous paraît dingue ? Que dire alors de la complexité des intrigues, qui mêlent différents lieux, clans, familles et royaumes ? Il y a tellement à dire et montrer dans une saison que certains acteurs peuvent être absents pendant 3 épisodes successifs avant de réapparaître sur le devant de la scène, en sachant que de nombreuses coupes sont réalisées par rapport aux livres.

    Si l'ensemble tient sur les 10 heures que dure une saison, comment faire pour bâtir un récit aussi solide en 5 fois de temps, sans donner l'impression de seulement effleurer le sujet ? Peut-être en faisant du long métrage un épilogue de la série, de la même façon que le dernier épisode de chaque saison calme un peu le jeu (et ouvre quelques portes pour la suite). Mais dans ce cas, le côté événementiel du film s'en trouverait réduit.

    En résumé, si beaucoup rêvent de se plonger dans l'univers de Game of Thrones sur grand écran, le transposer intact sur grand écran pourrait s'avérer difficile. Mais si le projet devait voir le jour, deux noms nous paraissent évidents pour en assurer la mise en scène : Alan Taylor (qui s'attaquera bientôt à Terminator 5) et Neil Marshall, qui ont oeuvré sur quelques-uns des épisodes les plus marquants.

    Affaire à suivre donc, même si Game of Thrones devrait davantage faire parler d'elle à travers sa très attendue saison 4, à partir du 6 avril.

    Maximilien Pierrette

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