Pitch Black est trop peu connu. Beaucoup trop peu. Et pourtant, c'est un sacré monstre de série B de science fiction, qui s'extirpe même du haut du panier pour fuser vers une planète unique et originale. Car si dans son concept le film de Thowy emprunte bien évidemment à Starship Trooper, The Thing et aux deux premiers Aliens, il dégage une identité visuelle incroyable, une ambiance hybride, un casting d'acteurs peu connus, et se termine par quelques contre pieds scénaristiques cruels. Après une entrée en la matière bien costaud avec un crash intense qui déjà est de bon augure pour la puissance dramatique du film, on se retrouve dans sur une immense étendue désertique où trois soleils nous brûlent la rétine, et bon dieu quel choc ! The Arrival, le précédent film de Thowy, se faisait déjà remarquer pour sa photographie, mais là le réalisateur explose les limites de l'écran, emballant chaque image sous un éclairage fabuleux, qui justifie presque à lui seul qu'on se jette sur Pitch Black. Ce n'est pas tout, on se rend vite compte que le bonhomme filme bien comme pas permis, superposant plans hyper stylés sur plans hyper stylés avec une dextérité jouissive. Pas de doute, Pitch Black déborde d'ambition, d'ailleurs les effets spéciaux numériques qui commencent déjà à dater montrent que Thowy a voulu trop en faire avec ce qu'il avait. Grâce à son magnifique travail photographique, on ressent le souffle chaud de cette planète jusqu'à nous, l'aridité du charnier n'en est que renforcée, la dureté du film s'accroît. Rassurez vous il n'y a rien qui puisse abîmer votre rétine façon 2001 hein...une atmosphère agoraphobe s'empare peu à peu de nous, avant d'être relayée avec une surprenante efficacité par de la claustrophobie pure dès que la nuit tombe ! Les sonorités grinçantes et les vieux mécanismes classiques du survival SF sont évidemment repris (caméra qui nous montre ce que voient les créatures, personnages qui se séparent du groupe...). On alterne entre de nombreuses phases de peur bien intenses, qui prennent à la gorge, pour se terminer souvent par du second degré joliment mis en scène qui détend un peu (« je voulais mourir en France ! ») avec quelques morceaux de bravoures très jouissifs (hum...Vin Diesel qui taillade de l'alien faut avouer que c'est bien bonnard quand même). La musique très empathique accompagne très bien ce dernier type de rythme, et le thème principal est génial. Les protagonistes échappent aux stéréotypes, que Thowy nous pose bien tranquillement lors du démarrage de l'aventure pour mieux nous prendre à revers le moment venu. Les acteurs s'en sortent très bien : Rhada Mitchell se montre parfois un peu ridicule mais elle a pour elle de bénéficier d'un vrai caractère et une vraie évolution psychologique au cours de son périple, Vin Diesel c'est un peu l'équivalent de Schwarzeneger dans Predator, Cole Hauser trace sans difficulté les grandes lignes de son personnage à l'écran et pour les autres le boulot minimal qui leur est demandé est bien assuré. Quant au scénario, si il ne sort pas des sentiers battus, il a le mérite de se consacrer à l'élaboration du climat de ce film, dont je parle plus haut, et de présenter une conclusion déconcertante qui démantèle tout clichés présupposés avec une férocité ahurissante. Voilà, Pitch Black c'est un summum de série B, à déguster sans modération.