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    Epouse-moi mon pote sur M6 : pourquoi ce film de Tarek Boudali a-t-il fait polémique ?
    Vincent Formica
    Vincent Formica
    -Journaliste cinéma
    Bercé dès son plus jeune âge par le cinéma du Nouvel Hollywood, Vincent découvre très tôt les œuvres de Martin Scorsese, Coppola, De Palma ou Steven Spielberg. Grâce à ces parrains du cinéma, il va apprendre à aimer profondément le 7ème art, se forgeant une cinéphilie éclectique.
    Co-écrit avec :
    Olivier Pallaruelo

    "Epouse-moi mon pote", première réalisation de Tarek Boudali, a soulevé à sa sortie en 2017 une vive polémique, sur laquelle l'acteur-réalisateur reviendra d'ailleurs trois ans après dans un long entretien accordé à GQ.

    Sorti en octobre 2017, Epouse-moi mon pote raconte l'histoire de Yassine, jeune étudiant marocain venant Paris faire ses études d’architecture avec un visa étudiant. Suite à un événement malencontreux, il rate son examen, perd son visa et se retrouve en France en situation irrégulière. Pour y remédier, il se marie avec son meilleur ami. Alors qu’il pense que tout est réglé, un inspecteur tenace se met sur leur dos pour vérifier qu’il ne s’agit pas d’un mariage blanc…

    Epouse-moi mon pote
    Epouse-moi mon pote
    Sortie : 25 octobre 2017 | 1h 32min
    De Tarek Boudali
    Avec Tarek Boudali, Philippe Lacheau, Charlotte Gabris
    Presse
    2,2
    Spectateurs
    2,9
    Voir sur Netflix

    Derrière l'idée de ce film se cache Tarek Boudali, un des membres de la fameuse bande à Fifi alias Philippe Lacheau. Après les succès des 2 Babysitting et Alibi.com, Boudali se lance à son tour dans la réalisation avec Epouse-moi mon pote. Si le public a volontiers suivi les facéties de la petite bande de trublions (le film a attiré 2,4 millions de spectateurs), cela n'a pas empêché le film de susciter une vive polémique.

    Un film "certifié homophobe" pour Act-Up

    À l'époque, SOS Homophobie, par la voix de son président Joël Deumier, a dénoncé la manière dont les homosexuels étaient dépeints dans le film. "Les blagues qui sont faites tendent à surfer sur les stéréotypes qu’on a sur les homosexuels. On ramène par exemple beaucoup les situations au sexe. Il y a une réplique où on dit aux deux personnages, ‘ce soir vous allez sabrer le champagne’, et ils répondent ‘non on va plutôt sabrer des b…’. Il faut bien se rappeler qu’un des stéréotypes associés à l’homosexualité, c’est l’hyper-sexualisation. Et ça, ce n’est jamais associé à l’hétérosexualité", déplorait-il.

    L'association Act-Up était aussi montée au créneau en qualifiant le film de "certifié homophobe". L'écrivain Didier Roth-Bettoni, auteur du livre L’Homosexualité au cinéma, a également fustigé la comédie : "On en revient toujours à la caricature de l’homosexuel efféminé et obsédé sexuel. On peut rire de beaucoup de choses… quand c’est drôle ! Quand c’est simplement de la paresse intellectuelle et des clichés identiques à ceux d’il y a quarante ans, ce n’est pas amusant", a-t-il asséné dans les colonnes de 20 Minutes.

    La comédie a aussi été étrillée par certains critiques, dont Le Monde. "Les clichés les plus éculés défilent. Homophobie, misogynie (les femmes rondes et âgées en prennent aussi plein la figure), tout est prétexte à se moquer. Épouse-moi mon pote appartient au genre désormais bien fourni qu’est la comédie à l’ère de Cyril Hanouna" publiait le quotidien.

    "Je suis quelqu’un de très respectueux. C’était méchant de dire ça !"

    Si Tarek Boudali s'est défendu de toute homophobie à la sortie du film, il est à nouveau revenu sur la polémique trois ans après, au cours d'une interview fleuve dans les colonnes du magazine GQ, en octobre 2020.

    "C’est difficile, franchement. Quand le lendemain de la sortie de ton premier film, un ou deux journalistes sous-entendent que tu es homophobe… Forcément, ça ne fait pas du bien. En aucun cas, je suis homophobe, raciste, misogyne…

    Si j’ai bien une qualité c’est que je suis quelqu’un de très respectueux. C’était méchant de dire ça. J’avais vachement fait attention quand j’écrivais ce film à ne pas blesser, à ne pas choquer. J’avais fait lire à des amis gays, puis je les avais fait venir sur le tournage, leur avait montré les premiers montages. Et tout allait très bien" commente-t-il.

    Axel Films Production

    S'il a été traité d'homophobe, c'est parce qu'il y a selon lui "quelques clichés sur les homosexuels : à un moment donné, on est dans le Marais, j’achète un sandwich en forme de bite. Cette boulangerie existe vraiment, il était très cool ce boulanger, il avait lu scénario et avait été OK pour que l’on tourne chez lui. Il y a aussi quelques gays efféminés dans le film ou quelques gays qui s’habillent pareil. C’est donc ça être homophobe ?

    À aucun moment je dis que tous les gays sont efféminés ou qu’ils s’habillent tous pareil. Dans le film, je me moque de deux gars qui ne connaissent rien au monde homosexuel. Je fais ça pour montrer la bêtise des gens qui justement n’y connaissent rien au monde homosexuel. C’est l’idée du film.

    Le personnage de Philippe est hétérosexuel au début mais est malheureux sans savoir pourquoi. Une fois qu’il se marie faussement avec moi et qu’il découvre le monde homosexuel, il finit gay et heureux avec un homme qui est le plus viril du film. Je montre qu’il faut s’assumer et c’est tout. Personne n’a rien dit sur ça, n’a mis ça en avant…"

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