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    Anatomie d'une chute : comment est née la Palme d'or 2023 ?
    Laurent Schenck
    Laurent Schenck
    -Journaliste rédacteur base de données
    Passionné par les films qui traitent de la criminalité au sens large, Laurent Schenck travaille sur la base de données cinéma du site. Ses missions sont les suivantes : la rédaction de biographies et secrets de tournage, l'enrichissement de castings/fiches techniques et la revue de presse.

    A l'occasion de la sortie de "Anatomie d’une chute", voici cinq choses à savoir sur ce thriller signé Justine Triet, qui a remporté la prestigieuse Palme d'or.

    De quoi ça parle ? Sandra, Samuel et leur fils malvoyant de 11 ans, Daniel, vivent depuis un an loin de tout, à la montagne. Un jour, Samuel est retrouvé mort au pied de leur maison. Une enquête pour mort suspecte est ouverte. Sandra est bientôt inculpée malgré le doute : suicide ou homicide ? Un an plus tard, Daniel assiste au procès de sa mère, véritable dissection du couple.

    Anatomie d’une chute
    Anatomie d’une chute
    Sortie : 23 août 2023 | 2h 31min
    De Justine Triet
    Avec Sandra Hüller, Milo Machado-Graner, Swann Arlaud
    Presse
    4,4
    Spectateurs
    4,1
    Voir via MyCanal

    La défaite d’un couple

    Avec Anatomie d'une chute, Justine Triet souhaitait faire un film centré sur la défaite d’un couple. L’idée était, pour la réalisatrice, de raconter la chute d’un corps de façon technique et d’en faire l’image de la débâcle d’une histoire d’amour : "Ce couple a un fils qui découvre l’histoire de ses parents dans un procès - procès qui dissèque méthodiquement leur relation - et ce garçon passe du stade de l’enfance, incarné par la confiance absolue envers sa mère, à celui du doute."

    "Et le film va regarder ce passage. Dans mes précédents films, les enfants étaient présents, mais n’avaient pas la parole, ils étaient là ; mais on n’avait pas leur point de vue. C’est comme si le moment était venu d’intégrer le regard de l’enfant au récit, de le mettre en balance avec celui de Sandra, le personnage central. Le film est peu à peu devenu comme un long interrogatoire : de la maison au tribunal, ce n’est qu’une succession de scènes où les personnages sont questionnés."

    "J’ai voulu revenir à plus de réalisme, dans le sens quasiment documentaire, que ce soit à l’écriture ou formellement. Mais c’était pour aller plus loin dans la complexité, dans ce que raconte le film autant que dans les émotions qu’il peut produire. Tout a été vers un plus grand dépouillement : il n’y a aucune musique additionnelle, le film est plus brut, plus nu que mes précédents", confie Justine Triet.

    2023 Les Films Pelléas/Les Films de Pierre
    Sandra Hüller

    Retrouvailles avec Sandra Hüller

    Justine Triet a écrit Anatomie d'une chute pour Sandra Hüller. La cinéaste voulait retravailler avec la comédienne après Sibyl : "J’ai écrit pour elle, elle le savait, c’est une des choses qui m’ont stimulée dès le départ. Cette femme libre qui est finalement jugée aussi pour la façon qu’elle a de vivre sa sexualité, son travail, sa maternité : je pensais qu’elle apporterait une complexité, une impureté au personnage, qu’elle éloignerait totalement la notion de « message ». Et puis, on s’est véritablement rencontré sur le tournage."

    Une note record de 4,4 sur 5 : il est sur le podium des meilleurs films de 2023 !

    Un avocat pénaliste comme consultant

    Justine Triet a co-écrit le film avec Arthur Harari. Le scénario n’est pas adapté d’un fait réel mais la réalisatrice a voulu que l'ensemble soit le plus authentique possible. Les scénaristes ont ainsi fait appel à un avocat pénaliste, Vincent Courcelle-Labrousse, qu'ils sollicitaient sur les aspects techniques du film, mais aussi sur la conception française de l’audience :

    "Ce qui nous a surpris, c’est le côté un peu bordélique d’un procès en France, contrairement aux Etats-Unis où la parole est distribuée de façon plus rigide. Cet aspect m’a permis de faire un film très français, et de prendre le contre-pied du film de procès américain, beaucoup plus spectaculaire. L’idée d’assister à des blocs ininterrompus d’audience s’est imposée."

    "J’ai passé mon temps à demander à mon monteur, Laurent Sénéchal, de ralentir le rythme, de garder les plans imparfaits, flous, un peu tremblants. Je ne voulais pas d’un film confortable, trop propre", se rappelle Justine Triet.

    Trouver Daniel

    L'interprète de Daniel, l'enfant, a été compliqué à trouver. Justine Triet et sa "collaboratrice au jeu d’acteur" Cynthia Arra ont d’abord effectué un casting d’enfants malvoyants pendant quatre mois. Puis, comme elles ne trouvaient pas, elles ont ouvert le casting aux enfants voyants trois mois supplémentaires, avant de tomber sur Milo : "C’est Jill Gagé (en renfort casting) qui l’a trouvé. Il a tout suite été impressionnant, comme s’il ne jouait pas."

    "Il a appris le piano de manière intensive, et puis, avec Cynthia, on a cherché ensemble le niveau de malvoyance avec l’aide de personnes spécialisées dans la déficience visuelle. Nous avons opté pour une malvoyance qui soit la plus légère possible à incarner, une forte myopie sans atteinte de la vision périphérique. C’est un enfant qui a des capacités intellectuelles et émotionnelles exceptionnelles, avec une espèce de vibration mélancolique."

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    Antoine Reinartz VS Swann Arlaud

    Antoine Reinartz incarne l'avocat général. Justine Triet l'a choisi pour la modernité qu’il donne au personnage : "Il amène de l’altérité dans le film, il fait rentrer le monde contemporain et ça casse la solennité poussiéreuse du procès… Il joue en quelque sorte le méchant, mais un méchant très séduisant, retors, flamboyant. Il parle à la place du mort et doit rendre ce dernier, qu’on ne voit pratiquement jamais, attachant, nous faire saisir, comme aux jurés, que cet homme mérite d’être défendu. Antoine apporte une dimension d’arène au tribunal, la violence civilisée du parquet."

    Dans la peau de l'avocat de l'accusée, Swann Arlaud joue quant à lui un personnage assez fragile et sur la défensive : "Je ne voulais pas de combat de coq entre eux. Vincent n’est pas un virtuose du barreau, il est bon mais pas idéalisé. Swann amène une subtilité de jeu, une appréhension, du fait qu’il connait sa cliente. Je trouvais intéressant qu’il soit en quelque sorte un double de Samuel, que les deux se ressemblent un peu. On comprend que Sandra et lui se sont connus il y a des années, et qu’il y a entre eux quelque chose de pas totalement éteint", note la cinéaste.

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