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    C'est l’une des meilleures répliques de l’Histoire du western et on la doit à un acteur génial qui n'est pas Clint Eastwood !
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Dans "Le Bon, la Brute et le Truand", Eli Wallach livre sans doute le rôle de sa vie, sous les traits de Tuco. Un des personnages les plus culte du 7e Art, qui doit énormément à l'abattage monstrueux et aux géniales improvisations de l'acteur.

    Faut-il vraiment vous présenter Tuco Benedicto Pacifico Juan Maria Ramirez, alias "Tuco" pour les intimes, sans doute un des personnages les plus culte du 7e Art ? Entré dans la légende avec sa démentielle incarnation du Truand mexicain s'alliant avec Blondin contre Setenza dans Le Bon, la Brute et le Truand, tout est absolument cultissime dans le personnage génialement incarné par Eli Wallach. À commencer bien entendu par ses répliques, connues sur le bout des doigts par les aficionados du monde entier.

    "Un western italien ? Et pourquoi pas une pizza hawaïenne !"

    Sergio Leone avait adoré l'acteur dans son interprétation du hors-la-loi Charlie Grant dans La Conquête de l'Ouest en 1962 ; et, peut-être plus encore, son interprétation du chef des bandits mexicains Calvera dans Les Sept Mercenaires chez John Sturges.

    "Mon agent m'a téléphoné à Los Angeles pour me dire : "il y a un réalisateur italien qui a vu tes films sur l'Ouest et les bandits et il voudrait te rencontrer pour un film" racontait le comédien à l'historien du cinéma Christopher Frayling, grand spécialiste des westerns transalpins. "J'ai dit : quel genre de film ? - Un western italien... - Je n'ai jamais entendu parler de westerns italiens. Et pourquoi pas une pizza hawaïenne ?"

    Quoi qu'il en soit, j'ai rencontré Sergio, qui ne parlait pas un mot d'anglais. Il m'a dit, en français : "J'aimerais que vous tourniez dans mon film. Je vais vous montrer. Vous voulez bien en voir un passage ?" Et quand j'ai vu ce qu'ils ont fait de son nom au générique d'Et pour quelques dollars de plus, je me suis dit : "ce type a le sens de l'humour".

    Wallach s'empare de Tuco

    Lorsqu'il a su ce qu'il allait faire, Eli Wallach a sollicité Henry Hathaway, avec qui il avait tourné deux films, pour choisir le chapeau de paille que portera Tuco tout au long du film, mais aussi ses genouillères en cuir, portées au Mexique pour se protéger des broussailles. Le cinéaste est ravi de voir à quel point Wallach est désireux de s'emparer de son personnage.

    "L'une des choses que j'aimais le plus chez lui, c'est qu'il était prêt à prendre des risques, à me laisser faire ce que je voulais avec le personnage de Tuco. "Ça vous ennuierait si je portais des bretelles ? - No, certo, faites comme vous le sentez !"

    Pris au mot, Wallach multiplie alors les improvisations et les géniales trouvailles pour camper son inoubliable crapule. Par exemple la manière dont Tuco fait le signe de la croix, très vite. "Je me suis dit que ça serait marrant de le faire deux ou trois fois de suite !" Leone adore, et lui lâche un "Continue ! Continue !"

    Il improvise une des plus fameuses répliques de Tuco, lorsqu'il est surpris dans son bain par un vieil ennemi qui a des comptes à régler avec lui. Le flinguant depuis sa baignoire, il se lève et balance un "Quand on tire, on raconte pas sa vie !" (en VO : "When You Have to Shoot, Shoot ! Don't Talk !"). L'équipe derrière la caméra, Sergio compris, s'étrangle de rire.

    Revoici la séquence...

    Autre géniale séquence, celle de l'armurier. On explique à Wallach comment monter et démonter un pistolet ; l’intéressé n'y entendait rien aux armes. Il a en revanche eu carte blanche pour tout le reste. Toutes ses déambulations dans le magasin, son passage en revue des différentes armes proposées par le vendeur, et même l'idée de mettre le panneau du magasin dans la bouche de l'armurier, viennent d'Eli Wallach, qui improvisa. Absolument fabuleux.

    Décédé à l'âge très vénérable de 98 ans, tournant inlassablement même jusqu'à ses 94 ans dans The Ghost Writer, qui sera son ultime apparition à l'écran, Eli Wallach a laissé une empreinte inimitable dans le 7e art, au gré d'une carrière riche de nombreux chefs-d’œuvre. Mais il restera pour l'éternité Tuco Benedicto Pacifico Juan Maria Ramirez.

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