Il y a 64 ans, il gagnait un prix : il est assassiné huit ans plus tard dans sa maison
Corentin Palanchini
Du noir & blanc au Technicolor, du format 1:33 au 2:35, il a été initié au cinéma par Robert Mitchum, Bette Davis, Elizabeth Taylor, Henry Fonda, James Stewart, Katharine Hepburn... il se délecte de ces visages inoubliables, qu’il retrouve toujours avec bonheur.

Il y a plus de 50 ans, l'acteur Ramón Novarro, star du cinéma muet, était retrouvé mort chez lui, assassiné dans sa maison hollywoodienne pour quelques dollars. Mais que s'est-il passé ?

Attention, cet article relate des événements tragiques : violence, sang et torture ayant entrainé la mort.

Star de la superproduction Ben-Hur de 1925, Ramón Novarro était un acteur phare de l'époque du cinéma muet et avait obtenu en 1960 un Golden Globe pour l'ensemble de sa carrière. C'est durant cette dernière décennie, alors qu'il tourne des rôles en guests dans des séries western comme Bonanza ou Les Mystères de l'Ouest, que Novarro va tragiquement perdre la vie à son domicile.

Ramón Novarro en 1925 MGM
Ramón Novarro en 1925

Novarro était homosexuel, une attirance qui s'opposera toujours à sa culture catholique et le tiraillera toute son existence. Dans les dernières années de sa vie, l'acteur payait une agence fin qui lui fournissait régulièrement des prostitués pour coucher avec lui, jusqu'à ce jour du 30 octobre 1968.

Ce jour-là, deux frères, Paul et Tom Ferguson (22 et 17 ans) démarchent Novarro pour lui proposer leurs services. En réalité, ils entrent chez lui et tentent de lui soustraire 5 000 dollars qu'ils imaginent se cacher dans la maison. Novarro est torturé par les deux criminels ("22 blessures sur le corps" d'après le compte-rendu du procès des Ferguson), qui repartent avec ce qu'ils ont trouvé - 20 malheureux dollars dans le portefeuille de la star. Laissé allongé et livré à lui-même, l'acteur "s'étouffe dans son propre sang".

Novarro dans CBS
Novarro dans "Les Mystères de l'Ouest" (1967)

Arrêtés pour leur crime, les Ferguson sont condamnés à la prison à vie. Paul sera libéré sur parole après neuf ans de réclusion et Tom, sera libéré le temps de réexamen de son procès mais sera à nouveau condamné pour un acte de délinquance sexuelle. Quant à Novarro, le secret de son homosexualité, qu'il avait réussi à garder toute sa vie, est révélé au grand public lors du procès de ses agresseurs.

Moins d'un an plus tard, Hollywood sera à nouveau stupéfait par un autre meurtre brutal qui a fait beaucoup plus de bruit, celui de Sharon Tate, par des membres du groupe de Charles Manson.

Qui était Ramón Novarro ?

L'acteur avait commencé sa carrière en 1916 en jouant un paysan affamé dans le Jeanne d'Arc de Cecil B. DeMille et après un certain nombre de rôles de silhouette et de figuration, il commence à gravir les échelons des génériques avec Mr Barnes of New York (1922), et gagne en notoriété grâce aux films du réalisateur Rex Ingram, qui le fait travailler entre autres dans Le Mirage du bonheur et Scaramouche.

Il doit sa première tête d'affiche à Fred Niblo, qui le choisit pour jouer le matador espagnol de Guerrita (1924). La même année, il tourne L'Arabe (dans lequel il est Bédouin) et The Red Lily (dans lequel il est Français). Et si l'on fait surtout appel à lui pour des rôles exotiques aux yeux des Américains, c'est ensuite la consécration pour Novarro qui incarne Ben-Hur dans une version réalisée à dix mains, et où seul Fred Niblo est officiellement crédité.

MGM

Ce film fait de lui une star incontestée, et devient une star latine importante du cinéma muet après le décès de Rudolph Valentino en 1926. Dans les années suivantes, on le retrouve surtout dans des films d'aventures et de romance. Avec l'arrivée du parlant, il continue d'incarner des nationalités différentes (française, égyptienne, amérindienne, russe) pour la MGM, mais son contrat n'est pas renouvelé en 1935.

Sa carrière en prend un coup et de la fin de la décennie à la fin de la suivante, Novarro ne tourne que dans cinq longs métrages. Il amorce son retour avec Ça commence à Vera Cruz de Don Siegel et Les Insurgés de John Huston (1949) et l'année suivante, côtoie Cary Grant et José Ferrer dans Cas de conscience de Richard Brooks.

Son dernier long métrage sera La Diablesse en collant rose, film de 1960 signé George Cukor avec Sophia Loren et Anthony Quinn. La même année, il remporte un Golden Globe pour l'ensemble de sa carrière muette. Durant les années 60, on le reverra encore dans des épisodes de série western comme Bonanza, Rawhide ou encore Les Mystères de l'Ouest.

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