S'il diffère naturellement par sa forme des œuvres fictionnelles, le champ émotionnel ouvert par le documentaire peut être d'une puissance absolument dévastatrice.
Parce qu'il aborde des sujets touchant parfois à l'intime, des questions qui nous heurtent profondément et nous interrogent, sur notre rapport au monde, aux autres et au vivant. Dans ce registre, la découverte de Blackfish s'impose comme une évidence.
Un documentaire coup de poing
En ce jour de février 2010, au parc aquatique SeaWorld d'Orlando en Floride, le spectacle quotidien des orques ne se passe pas comme prévu. Alors que des milliers de touristes sont venus applaudir les exploits aériens de Tilikum, le plus grand mâle du parc pesant plus de 5 tonnes, ce dernier semble plus distrait que d'habitude, et dans les dernières minutes de la représentation, le drame se produit.
La dresseuse Dawn Brancheau, chargée d'animer le "show", se retrouve soudain happée par les mâchoires de l'animal et entrainée au fond du bassin. Elle n'en ressortira pas vivante. En 34 années de captivité, Tilikum a causé la mort de trois personnes. Mais pourquoi la baleine a-t-elle tué sa dresseuse ?

A la fois passionnant, bouleversant et traumatisant, Blackfish offre ainsi à ses spectateurs une irréversible prise de conscience sur les déplorables conditions de captivité des orques au sein des parcs dont ils sont la principale attraction.
Nés pour sillonner les océans, souvent arrachés à leur milieu naturel à un très jeune âge, ils se retrouvent ainsi à tourner en rond dans des bassins fermés pendant le reste de leur existence, considérablement diminués par rapport à leurs congénères du fait même de leur enfermement.
Un film qui a fait changer les choses
Véritable coup de poing cinématographique, Blackfish a d'abord eu un succès retentissant aux Etats-Unis : 21 millions de personnes étaient devant CNN lors de sa diffusion, en octobre 2013. Il a eu un impact très significatif sur l'industrie des parcs aquatiques, même si son influence est compliquée à mesurer avec exactitude.
Selon une étude menée par Laure Boissat à l'Université d'Oxford, un an après la sortie du film, les actions de SeaWorld ont ainsi chuté de 33%, et en 2016, le parc a annoncé stopper son programme de reproduction d'orques, expliquant que la génération actuelle serait donc la dernière à être retenue en captivité, selon un article du Monde..
Malgré ces évolutions, de nombreux orques sont encore retenus dans d'autres parcs à travers le monde.

Ce documentaire a d'ailleurs encore plus de résonnance depuis le 5 janvier dernier, date à laquelle le célèbre parc Marineland d'Antibes, le plus grand d'Europe, a définitivement fermé ses portes, après 55 ans d'existence.
Une fermeture liée à une baisse drastique de la fréquentation du site et à la loi de 2021 qui interdit les spectacles et la détention des cétacés à partir du 1er décembre 2026 sur le territoire.
Envie de voir ou revoir Blackfish ? Il est disponible sur Netflix. A noter par ailleurs qu'une "suite", Blackfish 2 : le combat continue, est sortie en 2019. Elle dresse un nouvel état des lieux de la lutte pour la libération des animaux marins : les avancées, les espoirs, mais aussi les nouvelles menaces qu’ils affrontent. Elle est disponible sur Prime Video.