"Tu ne peux pas dire non à ça" : il y a 10 ans, Clovis Cornillac donnait son avis tranché sur le métier d'acteur
Olivier Pallaruelo
Olivier Pallaruelo
-Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

En 2015, Clovis Cornillac était invité dans l'émission "On n'est pas couché", à la faveur de son tout premier film en tant que réalisateur. Et d'évoquer la question des talents surpayés dans le cinéma, véritable abcès de fixation dans le milieu..

Que l'on aime ou pas Clovis Cornillac, l'acteur (et réalisateur) fait toujours montre d'un certain franc-parler. En tout cas livrer des réflexions sincères, parfois sans filtre. "Je le déteste et il sait pourquoi" avait-il par exemple lâché à propos de Niels Arestrup en 2018, alors qu'il était invité au micro d'Europe 1. Des considérations qui avaient d'ailleurs refait surface à la mort d'Arestrup, début décembre 2024. Dans un registre nettement plus léger, il n'éprouve aucune empathie en voyant jouer un acteur de la trempe de Daniel Day Lewis, alors qu'il évoquait récemment sa carrière dans le fauteuil de l'émission Legend.

En avril 2015, il fut invité dans l'émission On n'est pas couché animée par Laurent Ruquier, alors qu'il assurait la promotion de son tout premier film en tant que réalisateur, une comédie romantique intitulée Un peu, beaucoup, aveuglément.

Et d'évoquer à la fois la difficulté qu'il avait eu pour boucler le financement du film malgré son nom et son expérience. Mais aussi la question du salaire parfois très élevé dans le milieu du cinéma. Une question qui a toujours été un vrai abcès de fixation dans le milieu...

"Tu ne peux pas faire ce métier pour le pognon !"

"Il y a une industrie, et bizarrement on met des prix sur les gens. Toute l'industrie se construit autour de ça. [...] J'ai été très bien payé sur des films, très très bien; trop payé peut-être, à l'image de la société. Mais concrètement, ca peut paraître étrange, tu ne peux pas dire non à ça, au moment où ca t'arrive. Parce que si tu dis non à ça, c'est comme si tu remettais tout le système en cause. Moi, ce que je veux, c'est jouer".

Léa Salamé l'interpelle alors en lui demandant s'il pense que c'est une bonne chose que le CNC soit intervenu pour réguler justement le salaire des acteurs et actrices. Un écho à la tribune écrite par le producteur Vincent Maraval dans Le Monde, publiée en décembre 2012, qui dénonçait les salaires parfois disproportionnés de certains acteurs français, comme Dany Boon, qui représentent parfois plus d'un dixième du budget d'un film.

En novembre 2014, le CNC établissait que la rémunération maximale d'un acteur, réalisateur ou scénariste dans un film dont le budget est inférieur à 4 millions d'euros, ne pouvait pas dépasser 15% du coût de production, si le film voulait prétendre aux aides du CNC. Et 8% des coûts de production pour les budgets compris entre 4 et 7 millions d'euros. Pour un budget compris entre 7 et 10 millions d'euros, un nouveau plafond de 5% s'ajoutait à la dernière tranche. La rémunération maximum était fixée à 990.000 euros, y compris pour les films dotés d'un budget supérieur à 10 millions.

"On va voir, je ne sais pas si cela va changer quelque chose" commente Cornillac dans la séquence de l'émission. "Du coup, toute cette notion de monter un projet était compliquée. Je trouve que c'est très bien d'avoir eu du mal à le faire -je dis ça maintenant que j'ai effectivement pu le faire-, parce que ca t'oblige en tant que réalisateur à affirmer quelque chose en permanence, à trouver des solutions en permanence".

Son film Un peu, beaucoup, aveuglément avait terminé son exploitation en salles avec 519.197 entrées. Un chiffre loin d'être déshonorant, surtout pour une première réalisation.

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