Rapide : les acteurs du film conduisent-ils vraiment les bolides dans les scènes de course ?
Maximilien Pierrette
Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

Sorti le 16 avril dans nos salles, "Rapide" raconte l'ascension d'une jeune femme qui rêve de Formule 1 dans le monde des courses automobiles. Mais est-ce vraiment Paola Locatelli qui pilote lors de ces séquences ?

Deux ans après un film furieux (AKA, sorti sur Netflix), Morgan S. Dalibert revient avec Rapide. Et toujours, chez le chef opérateur de Balle perdue 1 et 2 (mais pas 3) devenu réalisateur, cette envie de réalisme que l'on retrouve ici dans les scènes de course, puisque son nouveau long métrage raconte l'histoire de Max (Paola Locatelli), férue de vitesse qui se rêve en pilote de Formule 1 et tente de gravir les échelons de ce milieu très masculin dans lequel les principaux obstacles ne sont pas seulement des virages en épingle.

Rapide
Rapide
Sortie : 16 avril 2025 | 1h 38min
De Morgan S. Dalibert
Avec Paola Locatelli, Alban Lenoir, Anne Marivin
Presse
2,7
Spectateurs
3,3
Séances (32)

Vue précédemment dans la série Jusqu'ici tout va bien et la relecture moderne des Liaisons dangereuses, toutes deux sur Netflix, la créatrice de contenus et égérie de mode tient ici son premier grand rôle au cinéma, pour lequel elle est sortie de sa zone de confort : "C'est la première fois que je touchais un volant de ma vie lorsque j'ai fait ce stage de conduite de F4 il y a tout juste un an", nous dit-elle sur le circuit Jean-Pierre Beltoise à Trappes en ce mois d'avril 2025. "C'était incroyable et impressionnant, alors que je n'avais pas le permis (...) Le lendemain de ce stage j'ai d'ailleurs passé le permis et je l'ai raté, alors que j'avais littéralement conduit à 200km/h sur ce circuit."

Pour autant, est-ce bien elle qui conduit dans les quelques scènes de course que comporte le récit ? "Elle était au maximum dans le baquet", nous répond Alban Lenoir, interprète de son mentor Stanislas qui retrouve Morgan S. Dalibert après AKA. "Mais comme moi je peux être au maximum dans la voiture dans Balle perdue ou d'autres films. Sauf qu'à un moment, il y a quelque chose qui n'est pas négociable par rapport aux assurances. Et surtout, ce qu'il s'est passé pour Rapide, c'est que Morgan était obligé de se servir de vraies courses."

"C'était fou : il y avait de vraies courses, avec de vrais gagnants donc, où ils ont intégré deux voitures de l'équipe de Rapide, avec des pilotes professionnels évidemment sous licence, car il était inconcevable à ce moment-là que ce soit Paola ou moi dans l'une de ces voitures. Et Morgan leur donnait des instructions en live, en leur demandant de perdre des places ou d'en regagner, ce que le pilote réussissait à faire dans une vraie course. Je trouve ça dingue. Merci à eux et un grand bravo !"

Universal Pictures International France

"L'un des trucs que j'avais envie de faire avec le film, c'était d'avoir des séquences de course qui soient un peu différentes", raconte Morgan S. Dalibert à ce sujet. "J'en avais imaginé une du point de vue de l'ingénieur, à savoir Stanislas joué par Alban Lenoir. On a pu profiter d'une vraie compétition à laquelle on a eu la chance d'inscrire notre écurie, Thunder, et d'avoir des voitures en course. Pendant trois vraies courses, on a pris des images un peu au hasard comme ça, puis on a eu dix minutes de circuit avec tous les pilotes qui nous étaient octroyés par l'organisation."

"Moi j'étais dans le car-régie avec le réalisateur pour la télévision, et en relation avec les écuries qui, elles-mêmes, étaient en relation avec les pilotes. Et c'est comme si je jouais avec des voitures en taille réelle, en demandant que l'on ne filme que la voiture Thunder puis, à l'écurie, que le pilote rétrograde jusqu'à la cinquième place pour ensuite effectuer une remontée jusqu'à la première. Ou qu'il nous fasse un petit dépassement dans le virage 2, car c'est ce que nous avions écrit dans le scénario. Il y a eu ce truc d'improvisation mécanique qui était ultra-grisant pour moi, car j'avais un peu la main sur tout."

"A un moment, il y a quelque chose qui n'est pas négociable par rapport aux assurances"

"En termes de logistique, sur le tournage, ceci impliquait d'avoir beaucoup de temps alloué aux courses, et moins à la comédie où il fallait que cela aille beaucoup plus vite. Il y a une donnée sur laquelle on ne peut pas agir : l'ingénierie technique autour des voitures. Le fait qu'il y ait dix mecs autour d'elle lorsqu'elle s'arrête. Que si tu roules trop lentement, elle chauffe. Que si tu vas trop vite, ça peut ne pas être bien pour l'image. Il faut toujours faire des compromis et accepter, par exemple, de ne conduire qu'à 50% des capacités du véhicule de façon à pouvoir filmer en suivant les voitures, avec des caméras extérieures qui filmaient à balle."

"Ce qui a été le plus dur pour moi, c'est que cela prenait un temps énorme, et que le plaisir de filmer la course et de la vitesse était contrecarré par la frustration de ne pas avoir le temps de faire tout ce qu'on voulait exactement. Mais on s'en est sortis, on a poussé et on a fait en sorte que ça se fasse." Et ça valait le coup, car les courses et la sensation d'immersion du spectateur font partie des points forts de Rapide.

Propos recueillis par Maximilien Pierrette à Trappes le 11 avril 2025

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