Injustement ignoré à sa sortie il y a 26 ans, ce chef-d'oeuvre de l'animation est encore plus émouvant lorsqu'on connaît son histoire
Olivier Pallaruelo
Olivier Pallaruelo
-Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

Sorti en 1999, extraordinaire film d'animation, "Le Géant de fer" de Brad Bird sera hélas un bien douloureux échec au box office. Sa charge émotionnelle, déjà puissante, l'est encore plus quand découvre la raison qui a motivé Bird à faire le film...

Libre adaptation de la nouvelle du même nom de Ted Hughes, publiée en 1968, Le Géant de fer, sorti en 1999, fut le premier long métrage de Brad Bird, qui signera une poignée d'années plus tard Les Indestructibles chez Pixar.

Un cuisant échec au box office

Dernier long métrage en 2D produit par Hollywood (Warner en l'occurrence) à une époque où les CGI n'avaient pas encore massivement envahi les lignes de productions, cette histoire d'un jeune garçon se liant d'amitié avec un robot géant en pleine Guerre Froide fut saluée à sa sortie par de très bonnes critiques.

Les spectateurs n'avaient, mille fois hélas, pas exactement suivis leurs recommandations. La sanction au box office a été impitoyable : avec un budget d'environ 70 millions de dollars, Le Géant de fer n'avait ramassé qu'un peu plus de 23,3 millions de billets verts.

Une bien cruelle injustice, que le temps s'est heureusement chargé d'effacer des tablettes. A la faveur d'un formidable bouche-à-oreille et de nombreuses diffusions TV, Le Géant de fer est unanimement reconnu aujourd'hui comme un pur chef-d'oeuvre; porteur, qui plus est, d'une charge émotionnelle à fendre les pierres en deux.

"C'est devenu un succès, malgré de sérieux obstacles" déclarait Bird, à l'occasion des 20 ans du film. "Il a survécu grâce à un excellent bouche-à-oreille. C'est incroyablement gratifiant parce que ce n'est pas lié au battage médiatique ou à des produits. Il s'agit juste de gens qui découvrent l'histoire et qui sont émus par elle. C'est un témoignage des efforts d'une équipe d'outsiders qui a fait le film".

Une blessure intime et très douloureuse derrière un chef-d'oeuvre

Mais il y a plus. Initialement développé par Pete Townshend du groupe The Who comme une comédie musicale animée, Brad Bird s'est emparé du projet avec une vision très différente.

Dans un documentaire diffusé en 2016, The Giant’s Dream: The Making Of The Iron Giant, le réalisateur révèle comment une bouleversante tragédie familiale a inspiré cette histoire et son message anti arme à feu.

"Ma sœur Susan, que j'aimais énormément et dont j'étais très proche, est décédée à cause de la violence des armes. Elle a été tuée par son mari. J'étais anéanti. Quand on tire sur quelqu'un, on ne tue pas seulement cette personne. On tue une partie de tous ceux qui aiment cette personne". Elle fut tuée en 1989 par son ex-mari, qui tenta de faire passer son meurtre en suicide.

Alors que l'animation connaissait un essor dans les années 90, Bird a eu l'opportunité de présenter un projet de rêve à Warner Bros. Il est arrivé avec une idée simple mais audacieuse : "Et si un pistolet avait une âme mais ne voulait pas être un pistolet ?"

"Je n'y pensais pas consciemment lorsque j'ai proposé l'idée, mais mes sentiments à propos de [la violence des armes à feu] sont présents dans le film, qui est dédié à ma soeur à la fin".

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