Il y a 83 ans, ce film inventait une technique de cinéma plus que jamais utilisée aujourd’hui
Corentin Palanchini
Passionné par le cinéma hollywoodien des années 10 à 70, il suit avec intérêt l’évolution actuelle de l’industrie du 7e Art, et regarde tout ce qui lui passe devant les yeux : comédie française, polar des années 90, Palme d’or oubliée ou films du moment. Et avec le temps qu’il lui reste, des séries.

Pour faire peur au cinéma aujourd'hui, difficile de ne pas recourir à cette technique désormais bien connue, le "jump scare", mais savez-vous qui l'a inventée ?

Depuis les années 2000, la peur au cinéma repose souvent sur un effet désormais entré dans le langage des cinéphiles : le jump scare (littéralement : le bond de peur). Mais d'où vient cette technique éculée désormais présente dans un film d'horreur sur deux ?

Connaissez-vous vraiment le "jump scare" ?

Le jump scare consiste à créer une attente auprès du spectateur - généralement en recourant à un silence prolongé - pour d'un coup faire surgir un son très puissant afin de le faire sursauter / le surprendre / lui faire peur. Le jump scare pouvant soit confirmer l'attente ou au contraire la désamorcer.

Le premier jump scare reconnu comme tel se trouve dans La Féline (Cat People) du réalisateur franco-américain Jacques Tourneur, sorti en 1942. Vous pouvez le découvrir et l'écouter ci-dessous. Il se trouve au coeur du film et joue bien sur une attente : Alice (Jane Randolph) se déplace seule dans la nuit après avoir décliné qu'on la raccompagne. Elle est suivie par Irena Dubrovna (Simone Simon, héroïne du film) qui a un certain penchant pour les panthères.

La Féline
La Féline
Sortie : 27 août 2002 | 1h 11min
De Jacques Tourneur
Avec Simone Simon, Kent Smith, Tom Conway
Presse
5,0
Spectateurs
3,8
louer ou acheter

Le silence règne. Alice se sent suivie mais ne repère personne, elle se hâte et commence à avoir peur. Elle avance de plus en plus vite dans un silence pesant jusqu'à ce qu'un bruit félin retentisse brièvement, couvert par le freinage puissant d'un bus (le jump scare). Alice y monte et le chauffeur lui dit : "On dirait que vous avez vu un fantôme !" Les fourrés bruissent, elle a sans doute échappé à un grand danger (le jump scare a désamorcé l'attente du spectateur qu'Irena attaque la jeune femme).

Certains cinéphiles arguent du fait que Citizen Kane avait créé cet effet un an avant, mais il ne suivait pas vraiment ce qui est devenu l'essence du jump scare et, de l'aveu d'Orson Welles, n'était destiné qu'à "réveiller le public".

Depuis le début des années 2010, le jump scare est devenu un ressort très utilisé dans le cinéma d'horreur, notamment par la firme Blumhouse, qui a fait sa renommée sur des films reposant fortement sur cette technique tels que Paranormal Activity ou Sinister. La tendance se poursuit aujourd'hui, et le "bond de peur" semble avoir encore de beaux jours devant lui !

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