Un simple accident de Jafar Panahi : c’est quoi ce film qui a décroché la Palme d’or 2025 ?
Thomas Desroches
Thomas Desroches
-Journaliste
Les yeux rivés sur l’écran et la tête dans les magazines, Thomas Desroches se nourrit de films en tout genre dès son plus jeune âge. Il aime le cinéma transgressif, queer, horrifique et les documentaires engagés.

On a vu "Un Simple accident" de l'Iranien Jafar Panahi. Le film, qui a remporté ce soir la Palme d'or de la 78e édition, sortira au cinéma le 10 septembre prochain.

Memento

Et la Palme d'or 2025 est décernée à... Un simple accident de Jafar Panahi ! Ennemi dans son propre pays, Jafar Panahi continue de raconter des histoires. Un esprit rebelle qui suscite respect et admiration tant le gouvernement iranien a tout fait pour le museler : une peine de 20 ans d'interdiction de filmer, 14 ans d'interdiction de sortie du territoire, une condamnation à six ans de prison en 2010 pour "propagande contre le système" et sept mois de détention interrompus par une grève de la faim en 2023.

Un simple accident
Un simple accident
De Jafar Panahi
Avec Vahid Mobasheri, Maria Afshari, Ebrahim Azizi
Sortie le 1 octobre 2025

Ce 78e Festival de Cannes était un événement rien que par le simple fait de sa présence.

Un Simple accident, son onzième long métrage, décrit avec un synopsis mystérieux composé de sept mots seulement : "Après un simple accident, les événements s’enchaînent..." Considéré dès sa projection comme l'un des grands favoris pour la Palme d'or, voici ce que nous avons pensé du film.

L'instinct humain et la morale

Un Simple accident est un film de vengeance. Un garagiste (Vahid Mobasheri), autrefois accusé et emprisonné pour "propagande contre le régime", croit reconnaître l'un de ses anciens bourreaux. Impossible d'en avoir le cœur net puisqu'il n'a jamais pu voir son visage. Il le reconnaît seulement au bruit que fait sa prothèse de jambe quand il se déplace.

L'ancien prisonnier, bien décidé à lui faire payer ses cinq ans de vie volés, le kidnappe. D'anciennes victimes du même homme se joignent à ce plan. Tous partagent les mêmes motivations mais restent encore incertains de tenir le vrai coupable.

Jafar Panahi le 20 mai dernier, à Cannes, lors de la montée des marches de son film, JACOVIDES-MOREAU / BESTIMAGE
Jafar Panahi le 20 mai dernier, à Cannes, lors de la montée des marches de son film, "Un Simple accident".

Qui n'a jamais ressenti le besoin viscéral de se venger ? Jafar Panahi, lui-même persécuté, purge ses démons pour interroger notre instinct humain et notre moralité à travers ce film. Il montre, surtout, que la frontière entre le statut de bourreau et de victime est souvent infime.

De l'humour noir et un final percutant

Un Simple accident est un thriller politique étonnant. Composé d'humour noir et de quelques séquences absurdes, il n'est pas nécessairement le film anxiogène que l'on imagine et ce, malgré son sujet important. Néanmoins, ce ton léger disparaît dans son dernier acte sombre et saisissant.

La mise en scène est simple et épurée - des plans fixes et plusieurs plans-séquences - et l'interprétation de tous les acteurs est excellente. Comme les personnages, les spectateurs doutent sans cesse et questionnent leur propre choix. Jafar Panahi libère son public avec un plan final qui n'a pas fini de hanter les esprits. L'un des plus grands moments du film.

Un Simple accident, au cinéma le 10 septembre prochain

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