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    Brice de Nice : rencontre avec le roi de la "casse"

    Descendu de sa planche de surf, Jean Dujardin s'est complètement livré pour AlloCiné à quelques confidences sur la comédie "Brice de Nice", en salles ce 6 avril. Ca va farter !

    Jean Dujardin au sommet de la vague. Connu du grand public pour son rôle de Loulou dans la série à sketches Un gars, une fille, l'acteur, qui a depuis entamé une carrière cinématographique émaillée des succès Mariages ! et Le Convoyeur, nous revient en force avec Brice de Nice. Derrière ce titre se cachent "un conte fun et bigarré" comme il aime le qualifier mais aussi un personnage de surfeur délirant à souhait qu'il a créé sur scène dix ans auparavant. Rencontre avec un comédien nature, pour qui le jeu ne doit être que plaisir...

    AlloCiné : Avec ce film, tu donnes une certaine épaisseur à ton personnage de Brice de Nice. Souhaitais-tu le rendre plus humain ?

    Jean Dujardin : Absolument, je voulais le rendre plus humain pour qu'il devienne un personnage de film à part entière, l'isoler dans sa bulle jaune et ne pas en faire un surfeur a prori cliché, collectionneur de nanas, déglingueur, etc. Il fallait qu'il ait son univers, une façon de bouger, des habitudes, des névroses, un entourage, une religion et la femme de ses rêves. Pour le côté "fantastique" du personnage, on s'est appuyé sur quelques références cinématographiques comme Le Magnifique de Philippe de Broca. Je trouvais ça ludique et tout à fait approprié à l'univers de Brice. James Huth a lui-même incorporé quelques clins d'oeil se référant à The Party.

    Plus généralement, qu'est-ce qui différencie le Brice de 2005 du Brice version 1995 ?

    L'âge compte pour beaucoup. J'avais 24 ans à l'époque où j'ai créé Brice, aujourd'hui j'en ai 32. J'ai évolué, je suis plus épais, je suis papa. Dans le Brice de 2005, j'ai mis ce que ces dix années écoulées m'avait apporté au niveau de mon expérience. C'était le bon moment de lui donner vie au cinéma. Je voulais partir d'un portrait de Brice tel que tout le monde le connaît, d'une spirale de vie, pour ensuite entamer avec lui un parcours initiatique et aller davantage dans l'émotion. C'est dans ce registre que j'ai travaillé ces derniers temps grâce aux films auxquels j'ai participé. D'un côté, il y a le Braïce de Naïce "flamb'", tchatcheur, efficace, et de l'autre le Brice de Nice plus candide.

    Les surfeurs ont une philosophie de vie basée sur l'écologie et le respect de la nature. Quelle serait celle de Brice, un surfeur pas comme les autres ?

    Ce serait la philosophie du "moi, je". Tout est centralisé sur lui. Il voue un véritable culte à sa propre personne. C'est de l'égocentrisme à l'état pur. Ayant eu des parents absents, il s'est retrouvé livré à lui-même. C'est en cela que le film traite de sa quête d'identité et de son besoin d'amour.

    Comment t'es venue l'idée de faire remonter à la surface un personnage "vieux" de dix ans ?

    Tout est parti de mon envie de déconner. J'ai pris du plaisir à tourner des films comme Mariages ! ou Le Convoyeur, mais là où je me suis vraiment poilé, c'est au café-théâtre et à la télévision. J'avais envie de retrouver cet atelier-là. Et quitte à prendre un personnage de composition, je ne voulais pas attendre qu'on m'en propose un, j'ai préféré donner ce privilège à Brice.

    Le pari ne te paraît-il pas trop risqué lorsqu'on sait que pour de nombreux Français tu restes associé au personnage de Loulou dans "Un gars, une fille" ?

    Non, sinon tu ne fais plus rien. Dans ce cas-là, tu te décides à faire pendant dix ans "Un gars, une fille" et à raccrocher ensuite. Je suis parti au bon moment. En tant que comédien, je dois prendre des risques ne serait-ce que pour m'amuser. Si je distrais les gens, c'est aussi pour me distraire moi. Quant à Un gars, une fille, ce n'est pas une étiquette pour moi, c'est une médaille. J'espère d'ailleurs en accrocher une autre avec Brice.

    En parlant de "Un gars, une fille", si Brice et Loulou se rencontraient, crois-tu qu'ils s'apprécieraient ?

    Non, je ne crois pas. Je pense que Loulou, en écoutant Brice parler, serait fasciné par autant de conneries et de mégalomanie. Je ne sais même pas s'ils pourraient se rencontrer, car ils n'appartiennent pas au même monde. Brice a son propre univers, alors que Loulou a une vie plus ancrée dans le quotidien.

    En quelles circonstances as-tu fait appel aux services de James Huth, un réalisateur qui n'avait pas tourné depuis "Serial lover" en 1998 ?

    C'est la production qui me l'a présenté. J'ai vu Serial lover, ce qu'il était, comment il prenait le film. J'ai aimé la façon dont il s'est adapté à l'univers de Brice. Il avait tout compris. Je n'ai pas prêté attention au fait qu'il avait été absent des plateaux de cinéma pendant quelques années. Ce qui m'a séduit chez lui, c'est sa gentillesse, sa belle âme, sa folie surtout pour me faire avancer (...) Personne n'avait le dernier mot sur le tournage, on se parlait, on se marrait. Il n'y a que nous d'ailleurs qui comprenions ce qu'on faisait. Le tournage, c'était "Viens, on s'amuse".

    Comment as-tu fait pour convaincre Clovis Cornillac et Elodie Bouchez, deux acteurs dont l'univers est totalement différent du tien, de jouer à tes côtés ?

    Je n'ai rien fait pour les convaincre, ça peut paraître étonnant mais c'est eux qui sont venus à nous. Clovis, je l'ai rencontré au Printemps du Cinéma. On s'est plu tout de suite. Je lui ai raconté mon film. Emballé, il m'a dit : "Je le fais, sinon on n'aura pas l'idée de nous mettre ensemble." Quant à Elodie, elle voulait faire une comédie. Elle a lu le scénario et est allée à la rencontre de James, elle a adhéré entièrement à l'esprit du conte.

    Avec Bruno Salomone, Alexandra Lamy et toutes ces jolies filles à tes côtés, tu devais te sentir comme un poisson dans l'eau...

    Oui. Il paraissait évident que Bruno fasse le méchant dans le film. C'est un pote de longue date, il faisait partie intégrante de l'univers de Brice depuis le début. Alexandra, c'est pareil, je l'aime, je vis avec elle. Même si nous n'étions pas ensemble, je serais allé vers elle pour le rôle de la sirène. Elle est grande, elle est blonde, elle est belle. Pour ce qui est des nanas du film, il n'y avait aucune ambiguïté sur le tournage (...) Dans la comédie, t'es là pour prendre du plaisir, mais tu ne peux pas laisser de place à l'à peu près. Tout ça, c'est très écrit, c'est au cordeau. Comme dans les impros, ça ne pardonne pas. Il faut être très concentré pour faire le con bizarrement.

    Parle-nous de la spécialité de Brice : le "cassage". Arrivé à ce stade de popularité, peux-tu te permettre de "casser" dans la profession ? Et t'arrive-t-il encore de te faire "casser" ?

    La "casse", c'est juste pour se marrer, ce n'est pas pour se venger. Pour Brice, il n'y a aucune envie de nuire à l'autre, c'est juste pour le plaisir du bon mot et de la pirouette. Moi-même, je n'arrive pas à casser. Je peux me montrer moqueur, goguenard mais pas cassant. Même au plus haut niveau, tu n'as pas à te permettre d'être cassant. J'ai été bien élevé, bien éduqué. Il y a des choses que je peux faire quand je pète un boulard, mais c'est rare, j'arrive à me contrôler (...) Sinon, dans la vie, t'as des casseurs partout. Dans les salles de cinéma, lors des avant-premières en province, des gens s'amusaient à m'apostropher : "Hé Jean !", "Oui ?" "Non, rien...". Ce sont des "cassages" sympas.

    Comme avec Loulou, ne crains-tu pas d'être victime du succès de Brice et de te retrouver prisonnier de ce personnage ? C'est pour éviter cela qu'on te retrouve dans un thriller comme "Le Convoyeur" ou un film d'époque comme "Il ne faut jurer de rien" ?

    Il n'est pas encore là le succès. Et je n'ai pas peur de l'étiquetage. Il ne faut effectivement pas qu'on m'appelle Brice si je joue d'Artagnan. A moi de montrer aussi que je peux être un serial killer. C'est mon boulot de comédien de faire les bons choix, de varier les rôles et de faire croire à autre chose. Je ne calcule rien, sinon je ne serai plus sincère, ni généreux. J'ai une approche très ludique de mon métier. Je vais là où l'histoire m'appelle, que ce soit un drame ou une comédie. En lisant le scénario de Il ne faut jurer de rien, j'ai trouvé ça "verbeux", y'avait des costumes, ça m'intéressait (...) J'ai des envies de brasser large. Pour info, je vais reprendre au mois de mai le rôle de l'agent OSS 117 pour une comédie de Serge Hazanavicius écrite par Jean-François Halin.

    Ta réussite ne suscite-t-elle pas des jalousies chez tes anciens compagnons de la troupe Nous C Nous ?

    Non, aucune. On se voit très souvent. Bruno Salomone et Eric Collado apparaissent d'ailleurs dans le film. Quant à Eric Massot et Emmanuel Joucla, ils ne pouvaient pas être de la partie, car ils travaillaient à l'époque pour l'émission de Stéphane Bern 20 heures 10 pétantes. On a toujours été très content les uns pour les autres.

    Sur quelle vague surfes-tu aujourd'hui ?

    La vague du plaisir. Je n'irai pas cachetonner, faire un coup médiatique et aller à l'encontre de ma moralité si j'en ai une. Je veux m'éclater dans ce que je fais et apprendre des choses.

    Propos recueillis par Guillaume Martin le lundi 21 mars 2005

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