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    "Darshan" : entrevue avec un producteur éclairé

    Le Français Manuel de la Roche s'est lancé dans la production avec "Darshan". Alors que le film de Jan Kounen sort en salles, AlloCiné a rencontré ce producteur au destin hors du commun.

    AlloCiné : Comment avez-vous été amené à travailler avec Jan Kounen ?

    Manuel de La Roche : J'étais moine tibétain avant d'être producteur. J'ai rencontré Jan, on est devenus amis et il m'a proposé de faire des films et de monter ma boîte. Donc, j'ai rendu mes voeux de moine, je me suis improvisé producteur, et j'ai décidé de faire des films sur l'éthique, de véhiculer certaines valeurs comme la paix et la non-violence. Je suis allé voir Amma pour lui proposer de faire un film sur elle, au culot, elle a réfléchit un moment et ça s'est fait comme ça. Le lendemain je suis allé voir Jan et je lui ai dit qu'il fallait faire un film sur elle. Il m'a dit "c'est incroyable, j'y étais, je faisais la queue pour le darshan", alors que moi j'étais avec Amma sur scène, on était dans le même lieu... et pour toutes ces raisons, avec l'étonnement qu'il a ressenti devant elle, on a décidé de faire Darshan.

    Et avant, vous aviez fait un peu de cinéma ?

    J'étais acteur pendant quelques années en Australie et aux Etats-Unis. Darshan est mon premier film en tant que producteur.

    D'autres projets ?

    Je produis une fiction avec Jan Kounen, sur le bardö décrit dans Le Livre des morts tibétain [les bardös, ou "intervalles", sont les différents états de conscience qui forment le cycle de la vie dans le bouddhisme tibétain ndlr], et je développe d'autres fictions et documentaires avec d'autres auteurs.

    Toujours en rapport avec la spiritualité ?

    Pas seulement, l'amour, l'éthique, les valeurs, amener quelque chose de bien vers l'autre, de l'espoir. Je ne suis pas pessimiste mais on vit dans un monde très dur, et c'est important de faire des films qui amènent quelque chose de positif.

    Vous pensez qu'il y a une niche dans la production française pour ce genre de films ? C'est votre pari ?

    Absolument, oui, je pense qu'il y a beaucoup de gens qui attendent et qui sont prêts à ça. Et je suis assez confiant sur la sortie du film. C'était déjà une grande surprise et j'étais très heureux quand le film a été pris en sélection officielle à Cannes. C'est mon premier film !

    Comment passe-t-on de moine à producteur ?

    Je trouve que le fait d'avoir été moine me donne beaucoup de recul au quotidien. Je prie toujours, je fais toujours mes méditations, il n'y a pas de différence. Mais en fin de compte ça me permet de travailler de façon un peu différente. J'ai une vie très saine et du coup ça m'aide au quotidien -qui n'est pas facile à gérer, le budget, les relations avec les autres. Je suis quelqu'un de très positif et courageux.

    Dans ces conditions, avec le flop de "Blueberry", et vous qui débutez, le film n'a pas été trop dur à monter ?

    Non, pas du tout. ARTE cinéma est rentré dans le film fin-avril début mai 2004, bien après la sortie de Blueberry. Et ARTE cinéma a décidé de co-produire le film avec la branche documentaire ARTE. Darshan est le premier film dans son genre a être co-produit par la branche cinéma ARTE dans une gamme de long-métrage documentaire. ARTE a mis 300 000 euros, Océan [Océan Film, distributeurs ndlr] et Roissy films [l'un des co-producteurs, ndlr] sont arrivés après, on n'a pas eu de problèmes.

    Amma, vous la trouvez comment ?

    Je pense qu'on peut dire qu'Amma est un des grands maîtres spirituels du monde, et c'est tellement rare d'avoir un personnage comme celui-là qui est dans l'amour et ne pense qu'a l'amour et la compassion des êtres. En plus, en tant que maître spirituel, elle est très active au quotidien pour son activité caritative, puisqu'elle crée des hôpitaux, des hospices, des universités... C'est vraiment quelqu'un de "réalisé", qui donne des enseignements comme le Dalaï-Lama au Tibet, et qui est dans le concret, aussi. Elle consulte ses swamis, ses moines, sur la gestion de l'organisation. Elle est à la fois en haut et en bas.

    Comment expliquez-vous qu'avec tout ce qu'elle fait, elle ne soit pas plus reconnue en Occident ?

    Elle ne cherche pas à être connue, alors qu'elle mériterait de l'être par la terre entière ! J'ai l'impression que ce film va lui permettre de faire ce lien et qu'elle soit plus connue. Je pense que c'est quelqu'un qui aura le prix Nobel de la Paix. Amma prône l'amour Universel avec un grand U, toutes les religions viennent vers elle, peuvent être prises dans ses bras et suivre son enseignement. Avec l'époque dans laquelle on est, toute cette folie, tous ces tremblements de terre, ces attentats, tout ce qui se passe et qui devient affolant, je pense qu'il y a une vraie demande de la part des occidentaux et que les gens sont prêts à entendre son message.

    Propos recueillis le 28 octobre 2005 par Jérémy Noé

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