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    Les Brigades du Tigre : rencontre avec le commissaire Cornillac

    Ses impressions sur "Les Brigades du Tigre", son approche du rôle d'Astérix, sa préparation physique pour "Scorpion", le tournage du "Da Vinci Code" auquel il a failli participer... Clovis Cornillac, alias le commissaire Valentin, s'est livré entièrement pour AlloCiné. Morceaux choisis...

    On te dit boulimique de tournages. Te définirais-tu comme tel ?

    Non, pas exactement. C'est tout sauf de la boulimie. La boulimie est une névrose. Une personne qui est boulimique est une personne malade, qui va manger dans le frigo la nuit et vomir tout ce qu'elle a ingurgité. Je ne me comporte pas de la sorte avec le cinéma ou avec le théâtre. J'ai toujours bossé comme ça. Mais avant, mon travail était beaucoup moins médiatisé. Ce qui n'est plus le cas maintenant. C'est pour ça qu'on a l'impression de me voir souvent. Je dirais plutôt que je suis un grand gourmand, que j'ai un gros appétit. Je mange beaucoup mais uniquement par appétit, je pense avoir la capacité de digérer beaucoup de choses. J'adore travailler et j'ai envie de travailler. C'est inespéré d'enchaîner les films comme je le fais. Dans le métier, c'est rarement comme ça. Je veux profiter de cette chance qui m'est donnée de tourner tant que j'en ai l'occasion.

    Depuis ton César du Meilleur second rôle masculin en 2005, tu sembles te destiner à des rôles davantage ancrés dans l'action ou la comédie...

    Cette impression est sans doute dûe au hasard des sorties. Ce qui compte pour moi, ce ne sont pas les sorties mais les tournages. J'ai fait Les Chevaliers du ciel, puis Le Cactus, une comédie, puis Les Brigades du Tigre, qui est un polar, puis Poltergay, de nouveau une comédie, et Le Serpent, où je joue le rôle d'un méchant, d'un tueur. Maintenant, je vais tourner l'histoire d'un boxeur, puis après viendra Astérix. Je fais toujours attention d'alterner les univers de mes films. Je peux difficilement tourner trois comédies d'affilée.

    Après avoir été à l'écran un Chevalier du ciel, un commissaire mobilard et bientôt un irréductible Gaulois, y aurait-il un autre personnage sorti tout droit de notre mémoire télévisuelle que tu aimerais camper ?

    Si je le savais, je ne le dirais pas. Parce que les acteurs sont les plus mauvais pour ce qui est de parler de leurs "fantasmes". Dès que je vois des images de moi, je suis déçu, j'ai honte, parce que je pense être quelqu'un d'autre à l'écran alors que je vois toujours cette même tête de con. Je suis frustré de ce côté-là. Je préfère attendre que des gens me proposent des rôles. C'est beaucoup plus flatteur de savoir que des personnes t'ont imaginé pour tel ou tel personnage. Etant enfant, j'aurais adoré jouer James Bond. Maintenant, je peux le dire, car je sais que je ne le ferai jamais. Peut-être un méchant, pas comme Simon [Abkarian] le fait actuellement. Lui, c'est un méchant dans les méchants. Moi, je voudrais être le vrai méchant. Si un jour, on me le propose, j'accepterai aussitôt. Ca m'amuserait beaucoup. On m'a notamment proposé de jouer le méchant dans Da Vinci Code...

    Un rôle de méchant dans "Da Vinci Code" ?

    Oui, si j'avais eu le temps, je l'aurais fait, mais Les Brigades se tournait au même moment. L'équipe de Ron Howard m'avait contacté pour le rôle de Silas [finalement attribué à Paul Bettany], mais ma priorité reste les films français. Et j'avoue que je me sens plus proche des Brigades du Tigre que de Da Vinci Code. Mais le réalisateur est adorable, je serais ravi de travailler avec lui si l'occasion se présentait à nouveau. Pour moi, les Américains ne sont pas prioritaires, ils nous regardent encore comme de petits Gaulois. J'ai aucun rêve de carrière américaine. Je ne suis pas né à Brroklyn, et le fantasme que nous on a, les Français, c'est de faire les gars qui sont nés à Brooklyn. On nous donnera toujours les rôles de méchant, de mari trompé. Quitte à le faire, pourquoi pas, mais ce ne sont pas ces rôles qui constituent une carrière, qui font que tu progresses dans ta manière de jouer.

    Tu es un acteur plutôt massif, imposant. On a du mal à t'imaginer dans la peau d'Astérix...

    Au début, c'est ce que je me suis dit aussi. Ca me paraissait étonnant qu'on me propose ce rôle. Et puis je me suis dit : Astérix et Obélix, c'est quoi ? Finalement, c'est la caricature du Français. Y'a chez eux un côté très bonhomme, sympathique, un peu naïf, et un aspect un peu rabat-joie, en colère et "j'ai toujours raison". Je pense que tout le travail qu'a fait Clavier sur Astérix est intéressant, mais ce qui n'a pas été abordé jusqu'à présent, c'est le côté physique, le travail sur les postures. C'est ça qui m'intéresse. Quand tu regardes les dessins d'Albert Uderzo, tu te rends compte qu'il est très impliqué physiquement. Ce que dit Astérix est rarement passionnant, c'est de loin le personnage le plus drôle de la BD. En revanche, c'est un clown blanc, un personnage entier. A moi de montrer qu'Astérix est un rôle qui me correspond. Forcément, il sera plus robuste d'aspect qu'auparavant. Mais je vais tenter de ne pas insister sur ce point. Je vais davantage travailler le jeu de jambes et adopter une posture plus ramassée.

    Et où en es-tu dans ta préparation physique pour "Scorpion", un film sur fond de free fight ?

    Je suis en plein dedans. J'attaque le tournage juste après la sortie des Brigades. En ce moment, je travaille beaucoup les combats. Et pendant ces huit derniers mois, alors que je tournais Les Brigades, Poltergay et Le Serpent, je m'entraînais en parallèle avec mon préparateur physique, surtout le matin et le soir. Beaucoup de travail sur le coeur aussi, pour avoir la caisse. Et comme j'avais maigri pour Les Brigades, je n'ai pas repris de poids pour rester svelte. Ce sera bien pour Scorpion, mais aussi pour Astérix et les films d'après. Je ne compte pas regrossir tout de suite. Cette force que j'ai acquise aura un double usage. Autant je vais l'extérioriser pour Scorpion, autant je vais l'intérioriser pour Astérix afin qu'elle serve la dynamique du personnage.

    Propos recueillis par Guillaume Martin le 3 avril 2006

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