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    Karin Viard - Jalouse : "La meilleure façon de sauver un personnage est de l'assumer totalement"

    Karin Viard est une irrésistible "Jalouse" devant la caméra des frères Foenkinos qui signent leur second long métrage après "La Délicatesse". Rencontre avec l'équipe du film qui sort ce mercredi dans les salles.

    AlloCiné : Le film a pour titre Jalouse, tout court. Mais on serait presque tenté de dire Jalouse, mais pas que...

    Karin Viard, comédienne : Elle n'est pas que jalouse. Sa jalousie est l'écran ou le mot qui cache beaucoup d'autres choses qui sont l'envie, la frustration, l'amertume, l'envie folle d'être aimée, un sentiment de ne pas comprendre le monde dans lequel elle évolue, l'envie de bien faire et de faire mal, d'être gaffeuse, d'être aussi sans doute profondément gentille mais incomprise... C'est un panel extraordinaire de sentiments, et dont je dirai que le l'impulsion de départ est le sentiment qu'elle ne compte pour rien et pour personne.

    David Foenkinos, coréalisateur et coscénariste : On a vraiment écrit en pensant à Karin Viard. C'est vraiment un film pensé et rêvé pour Karin parce que c'est vrai qu'après La Délicatesse, on avait envie de s'attaquer à un autre portrait de femme. Là c'est la cinquantaine, après la trentaine de Nathalie (Audrey Tautou) dans La Délicatesse. C'est une femme qui traverse des moments difficiles dans sa vie et qui va agir d'une manière incontrôlable. On a immédiatement pensé à Karin, à la fois pour sa finesse, mais aussi pour son potentiel de comédie inouï.

    Il y a quelque chose d'extraordinaire avec elle, c'est qu'on l'adore quoi qu'il arrive. C'est vrai qu'elle va très loin dans le film, mais il y a toujours une empathie qui est formidable. Elle a tout de suite dit oui, elle nous a même encouragé à aller plus loin. C'est ça qui est exceptionnel avec elle, c'est qu'elle n'a pas peur de se froisser. Elle n'a pas peur d'aller très loin dans un personnage qui par moments est très antipathique.

    K.V.: Souvent, les acteurs veulent sauver leurs personnages, en les rendant meilleurs qu'ils ne sont. Je pense que la meilleure façon de sauver un personnage est de l'assumer totalement. Plus tu l'assumes, plus tu lui donnes son humanité, plus il a une chance d'être aimable. (...) C'est un personnage que j'adore car il est terriblement humain dans ses failles.

    Stéphane Foenkinos, coréalisateur et coscénariste : Elle est audacieuse comme femme. Elle est audacieuse comme actrice. C'est magnifique parce que ça a été un vrai travail de collaboration avec elle, d'une totale confiance. Surtout, elle ne voulait pas trouver d'excuse à ce personnage. Si elle le jouait, elle le jouait à fond. Elle le dit aussi et c'est comme ça qu'elle est venue. A partir de là, tout était possible !

    Ca dit beaucoup de choses sur la société dans laquelle on vit : la solitude alors qu'on a l'impression d'avoir plein d'amis sur les réseaux sociaux, sur la difficulté de trouver l'amour…

    D.F.: Oui, exactement, c'est une femme qui est en souffrance, qui a finalement dominé sa vie amoureuse, son rôle de mère, sa vie professionnelle, et progressivement ça s'effrite. C'est vrai que la société est difficile aussi avec ces femmes de 50 ans.

    S.F.: La jalousie mère-fille, c'est quelque chose qui est terrible. Personne ne va oser avouer ça. C'est surtout le regard qu'elle imagine qu'on a sur elle. Mais la réalité, c'est qu'elle se saborde.

    D.F.: Mais c'est vrai qu'il y a une violence de la société pour trouver sa place à ce moment de sa vie. Elle est poussée progressivement à ne plus se supporter elle-même, donc elle ne supporte plus les autres.

    K.V.: Sa vie personnelle est un désastre et la pression de la société ne l'aide pas à se détendre. Ca se cristallise sur sa fille, ses amis, sur ceux qui ont ce qu'elle n'a pas. Ca créé une pression supplémentaire pour elle qui n'a pas besoin de ça. 

    Mandarin production / Studio Canal / France 2 Cinéma / Séverine Brigeot

    Il y a un beau travail sur le casting. On a le plaisir par exemple de retrouver Corentin Fila vu dans Quand on a 17 ans, ou encore Anaïs Demoustier. Et pour jouer la fille de Karin Viard, vous avez trouvé une inconnue qui est une perle rare...

    S.F. : Cette jeune danseuse qui est interprétée par Dara Tombroff est une danseuse classique. Une fille belle, danseuse classique de très haut niveau et qui puisse jouer la comédie face à Karin, c'était vraiment une gageure. Elle était à l'Opéra de Bordeaux. On a fait un casting dans toute la France. On a vu 300 filles. C'est la perle rare qui est arrivée à 3 mois du tournage. C'était une chance.

    D.F. : Elle a une grâce, elle est absolument merveilleuse.Quand elle danse, on peut comprendre sa mère qui voit subitement éclore la fille. Visuellement, ça explique tout pour moi. Il fallait qu'il y ait immédiatement cette relation mère-fille qui fonctionne.

    Mandarin production / Studio Canal / France 2 Cinéma / Séverine Brigeot

    Il y a également Anne Dorval, l'une des comédiennes fétiches de Xavier Dolan !

    S.F. : J'ai un amour immodéré pour le Québec, où j'ai aussi la chance de travailler. C'est vrai qu'on voulait éviter le côté bonne copine. Ce personnage véhicule un message un des plus forts du film : est-ce qu'on peut rester ami avec quelqu'un qui vous traite de la sorte ? Quand c'est Anne Dorval face à Karin Viard, elles transcendaient notre écriture avec leur interprétation. Anne avait très envie d'interpréter une parisienne !

    La bande-annonce de Jalouse :

     

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