Mon compte
    L'Empereur de Paris : "Comme Mesrine, Vidocq a cette capacité à dire non"

    Rencontre avec le réalisateur Jean-François Richet, qui dévoile ce mercredi son ambitieux "Empereur de Paris", centré sur le personnage de François Vidocq.

    Avec l'ambitieux long métrage L'Empereur de Paris, ce mercredi en salles, Jean-François Richet retrouve son complice Vincent Cassel pour porter à l'écran le destin hors-du-commun de François Vidocq, seul homme à s'être échappé des plus grands bagnes du pays, légende des bas-fonds parisiens qui deviendra plus tard chef de la surêté. Rencontre passionnée.

    AlloCiné : Il y a un peu plus de deux ans, on découvrait votre thriller d'action "Blood Father" avec Mel Gibson. Aujourd'hui, vous dévoilez le film d'aventure "L'Empereur de Paris". Sacré grand écart !

    Jean-François Richet : Mon métier, c'est la mise en scène et la réalisation. Que ce soit sur Un moment d'égarement, Mesrine, Blood Father ou L'Empereur de Paris, c'est le même métier. Le travail en tant que tel est difficile, mais passer d'un genre de film à un autre est assez facile. Après, sur un film comme L'Empereur de Paris, il y a encore plus de travail, car il y a des décors et des costumes qu'on a essayé de faire le plus réalistes possibles. On a reconstruit un quartier de Paris, on a même été chercher de vrais pavés de l'Empire pour les poser comme tel à l'époque...

    Comment définiriez-vous le film ? On sent l'envie de signer un grand film populaire...

    L'Empereur de Paris, c'est un film d'aventure avec un contexte historique, mais ce n'est pas un film historique, même si on se veut le plus réaliste possible. Moi, je veux faire du cinéma populaire, mais pas à n'importe quel prix. Personnellement, j'adore les metteurs en scène qui prennent un genre, sa codification, qui ont une écriture tellement singulière que ça en fait des auteurs. John Ford, Christopher Nolan, Inarritu... Beaucoup prennent la base du film de genre, Scorsese étant le meilleur exemple. On peut allier la qualité, le cinéma d'auteur et le cinéma populaire, ce n'est pas antinomique.

    "L'Empereur de Paris" marque votre troisième collaboration avec Vincent Cassel après "Mesrine" et "Un moment d'égarement". On a l'impression qu'il y a une vraie alchimie entre vous deux...

    J'aime bien ce terme d'alchimie. Il y a quelque chose d'un peu magique. Je ne sais pas pourquoi ça marche, à part qu'on a un très grand respect mutuel et une vraie confiance l'un pour l'autre, et ce ne sont pas des mots galvaudés. J'aime travailler avec lui, c'est quelqu'un qui sert mon imaginaire.

    Roger Arpajou / Mandarin Production / Gaumont

    Voyez-vous des similitudes entres Mesrine et Vidocq ? 

    Mesrine et Vidocq ont deux points communs. D'abord, cette capacité à dire non, ce qui est le début de la liberté, mais aussi une somme de problèmes qui te tombent sur la tête. Le deuxième point commun, c'est qu'ils ont dit non au déterminisme social. Mesrine, c'est quelqu'un issu de la classe moyenne qui refuse de reprendre la boîte de papa et qui va devenir le plus grand délinquant de France, l'ennemi public numéro un. Vidocq, son père est boulanger, il ne veut pas reprendre la boîte, il fait des larcins, il se retrouve au bagne et il va devenir chef de la sûreté de Paris, en gros le premier flic de France ! Qu'est-ce qui s'est passé ? Ils ont dit non à leur condition sociale et ils vont arriver là... Il y a des similitudes dans les personnages.

    Je pense que Mesrine aurait pu faire un excellent Vidocq, il aurait pu travailler pour l'Etat. En revanche, je pense que Vidocq n'aurait jamais pu être un ennemi public numéro un. Car dans son ADN, même s'il est bagnard, ce n'est pas un crapule ou un brigand, c'est quelqu'un qui veut sa place dans la société. Contrairement à Mesrine, il ne veut pas être en marge de la société, ça les différencie. Vidocq préfère l'ordre au chaos, car il a compris que le chaos déservait la cause du peuple. Je ne dirais pas que Vidocq est un justicier, ça irait trop loin, mais un peu quand même... Rendez-vous compte : il avait trois fois plus de résultats que n'importe quel autre policier. Avec sa bande, ils ont arrêté 17 000 personnes ! Il devient un personnage de légende, qui a été repris par les romanciers. Un archétype a été créé. Jean Valjean, c'est Vidocq !

    Ce qui se dégage de "L'Empereur de Paris", c'est son ambition...

    C'est un film d'aventure ambitieux, car essayer de trouver autant d'argent sur un film qui n'est pas une comédie... Moi, j'aime bien les comédies, mais on ne propose quasiment que ça. On a pris un risque financier, car la comédie, elle, est quasiment remboursée. Quand elle passe à la télé, toutes les pubs se battent pour mettre leurs 30 secondes, et c'est plus facile de faire ce genre de film dont le réservoir est de 20 millions de personnes. Alors qu'un film hors-comédie, c'est plus compliqué. Même pour des grands metteurs en scène, ça tire la langue... L'Empereur de Paris est un vrai pari de la part de Gaumont, qui en avait déjà tenté un du même type, et avec succès, avec Au-revoir là haut. On espère que le film va marcher, pour nous mais aussi pour le cinéma français. Ca voudra dire qu'on peut faire des films de qualité, ambitieux et qui ne sont pas des comédies. C'est un vrai challenge.

    L'Empereur de Paris : "Un film d'aventure, populaire, épique et historiquement précis" pour Vincent Cassel

     

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Sur le même sujet
    Commentaires
    Back to Top