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    The Crow : Brandon Lee remplacé par le réalisateur de John Wick 3 après sa mort
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    Le 3 août 1994, "The Crow" sortait dans les salles françaises. Un long métrage dont le tournage a été endeuillé par le décès de Brandon Lee, remplacé par Chad Stahelski, futur réalisateur des "John Wick", qui est récemment revenu dessus.

    Gaumont Buena Vista International (GBVI) / Metropolitan FilmExport

    Le 3 août 1994, le public français faisait connaissance avec Alex Proyas grâce à son deuxième long métrage (mais le premier à passer par nos salles) : The Crow. Adapté des comic books homonymes de James O'Barr, le film est précédé d'une aura encore plus macabre que celle de son anti-héros, puisque c'est sur le tournage que Brandon Lee a perdu la vie, le 31 mars 1993. Et si l'on a d'abord parlé d'une balle à blanc accidentellement remplacée par une cartouche réelle dans l'arme avec l'acteur Michael Massee devait lui tirer dessus, la vraie cause de sa mort est un peu plus complexe.

    Selon l'enquête menée par la suite, le pistolet avait été chargé avec des cartouches factices, c'est-à-dire de vrais projectiles dont on a retiré la poudre, lors d'une précédente utilisation, et l'un d'eux était resté coincé dans le tambour. Le jour du tournage, c'est bien une balle à blanc (chargée avec de la poudre hautement explosive pour produire de la fumée associée à un flash lumineux au moment du coup de feu, pour un rendu spectaculaire à l'image) qui a été utilisée, produisant assez de puissance pour expulser la balle factice bloquée. Laquelle a perforé l'estomac et d'autres organes vitaux du fils de Bruce Lee, avant de terminer sa course près de sa colonne vertébrale. L'acteur meurt quelques heures plus tard, âgé de 28 ans, alors qu'il lui restait encore quelques scènes clés à mettre en boîte, à commencer par celle au cours de laquelle Eric Draven se transforme dans son appartement, ou ce plan qui le voit marcher vers une fenêtre, un corbeau sur l'épaule.

    La Paramount met d'abord un terme au tournage, alors que le film est incomplet, et le range parmi les pertes et profits. Mais le projet est repris en main par Entertainment Media Investment Corporation, société crée pour l'occasion, et Alex Proyas doit alors trouver une manière de terminer les prises de vues sans l'acteur. Un masque du visage de Brandon Lee, initialement conçu afin qu'il puisse être porté par des cascadeurs, est d'abord envisagé mais très vite abandonné et détruit car il met les membres de l'équipe mal à l'aise. Une double-solution est alors trouvée : s'appuyer sur une technologie de pointe pour greffer numériquement sa tête sur une doublure. Laquelle n'était autre que Chad Stahelski.

    Avant de réaliser les John Wick (en duo avec David Leitch puis en solo), ce dernier a d'abord officé en tant que cascadeur et coordinateur des cascades. Et même s'il n'est pas crédité en tant que tel, c'est sur le tournage des reshoots de The Crow qu'il a fait ses premiers pas de doublure, pour remplacer celui dont il étais proche : "J'ai rencontré Brandon cinq ans avant l'accident, nous étions de bons amis à la gym", expliquait le metteur en scène à Yahoo en mai dernier, dans le cadre de la sortie de Parabellum. "Nous travaillions pendant les week-ends et faisions partie d'un petit groupe qui était toujours intéressé par [ces exercices] (...) Je me souviens qu'à l'époque, The Crow faisait partie de mes livres préférés. Et nous en parlions souvent avec Brandon. Mais je ne savais pas qu'il allait passer le casting et, quand il a eu le rôle, il est venu me voir avec un exemplaire dédicacé par James O'Barr. Quand je lui ai demandé où l'avait eu, il m'a répondu qu'il allait être The Crow, qu'il allait jouer Eric Draven (...) Mais il faisait profil bas car c'était alors le plus gros bond de sa carrière."

    Metropolitan FilmExport

    Deux mois plus tard, c'est au Japon qu'il apprend la terrible nouvelle, alors qu'il se préparait pour un combat d'UFC (Ultimate Fighting Championship) avec ses partenaires : "Nous avons reçu l'appel un matin pendant la semaine. Il y avait eu un accident ce soir-là et Brandon était à l'hopital. Nous avons alors commencé à nous entraîner en pensant que ça irait, car nous ignorions la gravité de la chose. Nous avons donc continué à nous entraîner, pendant trois heures. Mais une demi-heure plus tard, il était dans le coma, ce qui n'était pas bon du tour (...) Et nous venions de finir lorsque nous avons appris qu'il était mort. Ça vous fout un coup. Vous vous dites 'Merde, il avait 28 ans !' Il avait deux ans de plus que moi à l'époque. Ça vous retourne, mais après il fait faire avec. Nous faisons des cascades et nous avions déjà perdu des gens auparavant. J'étais un combattant professionel à l'époque, et nous avions tous perdu des amis très jeunes. Dans mon milieu, la mort est quelque chose qui était déjà arrivée."

    Ce n'est que trois ou quatre mois plus tard que le coordinateur des cascades de The Crow, Jeff Imada, ne fait appel à lui : "Il m'a dit 'Je sais que tu étais proche de Brandon et nous avons vu ta démo. Dans ta démarche et tes mouvements, tu lui ressembles. Est-ce que cela t'intéresserait ?' Je sais que certaines personnes auraient refusé de le faire. Mais je savais seulement à quel point Brandon était heureux de faire [le film] (...) J'ai donc rencontré Alex Proyas, que je considère toujours comme un grand réalisateur. Je me suis littéralement assis dans un sous-sol du studio en Caroline du Nord, et il voulait que je regarde toutes les images de Brandon. Pour sa défense, c'est lui qui m'y a conduit et il était dévasté. Je ne l'avais jamais rencontré auparavant, mais il était très sensible et ouvert."

    Je reste persuadé que Brandon aurait voulu que nous fassions ce que nous avons fait

    "Il m'a dit qu'il galérait depuis des mois, qu'il ne savait pas s'il voulait terminer le film, mais il avait quelque chose à me proposer. Il adorait Brandon et avait une super relation de travail avec lui. Il était sûr à 100% qu'il voudrait qu'il termine le film et que, si j'étais d'accord, il voudrait travailler avec moi dans ce but. Pendant les deux jours suivants, nous avons été seuls dans une pièce où il m'indiquait comment marcher et parler, et me montrait ce dont il avait besoin de ma part grâce aux images. Je ne suis pas un acteur. Je suis certes un artiste, mais en aucun cas un comédien professionnellement formé. Donc il a décidé de voir si je possédais la physicalité requise pour bouger et jouer comme Brandon."

    Après avoir assuré qu'il se sentait capable de reprendre le rôle, sur le plan émotionnel, le tournage des prises de vues additionnelles débute : "Le premier jour, j'ai mis le maquillage et marché sur le plateau où l'accident s'était produit et, oui, ça fait quelque chose. J'étais jeune et je me disais que c'était ce qu'il aurait voulu, mais qui sait, n'est-ce pas ? Aujourd'hui encore, je reste persuadé que Brandon aurait voulu que nous fassions ce que nous avons fait, et bien fait, et le film est toujours un classique et l'un de mes préférés. Pour être honnête, je ne savais pas ce que cela me ferait. J'étais très ému à l'avant-première à laquelle j'ai été invité pour découvrir le film. Mais, des années plus tard, je le regarde toujours. J'ai bien sûr cette réserve, mais je me sens plutôt bien. Je suis fier de ce travail. On ne peut bien évidemment pas changer la situation mais (...) c'est un beau testament de la personne qu'il était."

    Au final, Chad Stahelski a été impliqué dans quatre scènes de The Crow : le retour d'Eric dans son appartement pour sa transformation ; sa chute depuis une fenêtre, dans laquelle le visage de Brandon Lee a été numériquement ajouté ; le moment où il se maquille et marche avec un corbeau sur l'épaule ; lorsque Sarah (Rochelle Davis) se rend dans son appartement, où l'on ne distingue jamais le visage d'Eric puisqu'il s'agissait de la doublure de Brandon Lee. Grâce à lui, Alex Proyas a pu terminer un long métrage entré dans la légende et qui a grandement concouru à changer le travail du futur réalisateur de la saga John Wick : "[Ce film], c'est 90% de pistolets et d'armes à feu. La majeure partie de la sécurité et de la méthodologie que nous utilisons découle de cet accident."

    Connaissez-vous toutes ces anecdotes sur "The Crow" ?

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